tag:blogger.com,1999:blog-6172306377068209622024-01-19T07:16:56.665+01:00Éléments d'OmeletteLe blog politique d'omelette16oeufs. De 2007 à 2012, nous étions <em>La pire Racaille</em>.Unknownnoreply@blogger.comBlogger578125tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-32366591220126779132013-11-19T10:20:00.001+01:002021-02-16T15:51:32.320+01:00Krugman et Aghion (2/2)
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Reprenons. Je parlais dans <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2013/11/krugman-et-aghion-12.html">mon dernier billet</a> de la réponse de
l'économiste Philippe Aghion à l'édito de Paul Krugman, qui prenait
la défense des impôts français.
</p>
<p>
L'édito de Krugman est ici : <a href="http://www.nytimes.com/2013/11/11/opinion/krugman-the-plot-against-france.html">The Plot Against France</a> et en français
<a href="http://www.courrierinternational.com/article/2013/11/12/la-france-cible-d-un-complot">ici</a>.
</p>
<p>
La réponse d'Aghion est ici : <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/14/moins-d-impots-plus-de-relance_3514166_3232.html">Perte du AA+ : pourquoi Paul Krugman a tort</a>.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Dans le premier billet, je me suis concentré sur le premier des deux
points de désaccord que soulève Aghion, qui revient à affirmer qu'il
croit en la possibilité de politiques économiques capables de stimuler
la croissance (comme si Krugman n'y croyait pas, lol mdr !).
</p>
<p>
Le deuxième point concerne la manière. Aghion commence cependant en
disant ceci :
</p><blockquote>
<p>Ensuite, je ne partage pas l'idée qu'une politique de réduction des
déficits uniquement par l'impôt est sans conséquence pour l'emploi et
la croissance.
</p>
</blockquote>
<p>
Cela paraît raisonable, mais encore une fois c'est tordre les mots de
Krugman :
</p><blockquote>
<p>En fait, des recherches menées par le FMI laissent entrevoir que quand
on veut limiter les déficits durant une récession, c'est l'inverse qui
est vrai : des augmentations temporaires des impôts sont <i>moins</i>
<i>dommageables</i> qu'une réduction des dépenses. (C'est moi qui
souligne, o16o.)
</p>
</blockquote>
<p>
Voilà : <i>moins dommageables</i> et non pas : « sans impact du tout »,
comme Aghion fait semblant de lire.
</p>
<p>
Cette phrase, toutefois, sert seulement de transition pour arriver à,
visiblement, Aghion croit être le plus important. On poursuit la
lecture :
</p><blockquote>
<p>La comparaison entre la France et des pays comme l'Australie, le
Canada, les Pays-Bas, et la Suède suggère en fait exactement le
contraire. Ces pays ont choisi de remettre à plat leurs missions
publiques afin de réduire leurs dépenses, plutôt que de s'attaquer
comme la France au problème des déficits principalement à travers une
augmentation massive des impôts.
</p>
</blockquote>
<p>
Il oppose au mauvais élève français ces pays exemplaires, et un peu
plus loin se concentre sur la Suède :
</p><blockquote>
<p>L'exemple suédois est particulièrement illustratif : une dette
publique élevée (proche de 85 % du PIB), un chômage élevé, et une
production en stagnation en 1990 ; ensuite une réforme radicale de
l'Etat, avec en particulier les effectifs dans le secteur public qui
sont passés de 1,7 million dans les années 1990 à environ 1,3 million
aujourd'hui, tandis que l'emploi dans le secteur privé est passé de
2,8 millions à 3,25 millions. Ainsi, le surcroît d'activité du secteur
privé a plus que compensé la contraction du secteur public.
</p>
<p>
Ces réformes ont permis à la Suède de devenir l'un des pays les plus
performants de l'OCDE, avec un taux de croissance annuel de plus de 3
% en moyenne sur les trois dernières années, et des finances publiques
rééquilibrées tout en demeurant le deuxième pays le moins inégalitaire
au monde.
</p>
</blockquote>
<p>
Super, la Suède, non ? Malheureusement c'est un peu plus
compliqué. Car la Suède, c'est l'exemple <i>que l'on cite toujours</i> pour
faire ce genre d'argument, avec le Canada, qu'Aghion mentionne aussi.
Et le contexte des « miracles » canadien et suèdois était bien
différent du notre aujourd'hui, c'est ce que montre <a href="http://www.social-europe.eu/2012/04/the-fairy-tale-of-expansionary-austerity/">Marco Giuli ici</a>. Le Canada comme la Suède bénéficiaient de la croissance de leurs
voisins, les Etats-Unis et l'Europe, respectivement, et pouvait
dévaluer leur monnaie. Aujourd'hui, la demande extérieure n'existe
pas, car la récession est globale, et les pays de l'Europe n'ont plus
la possibilité de dévaluer leur monnaie. (Merci l'Euro et la BCE,
merci Angela aussi.)
</p>
<p>
Encore une fois on constate que la stratégie allemande, et l'austérité
en générale, peuvent apporter les fruits souhaités dans certaines
circonstances bien précises, et surtout pour des pays individuels qui
peuvent, parfois, en se privant, acquérir un avantage vis-à-vis des
voisins. Mais ces stratégies ne marchent pas collectivement, elles ne
constituent pas un modèle universel.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Le plus grave, dans le texte d'Aghion, est sans doute ce qui est
absent : l'évaluation des effets de l'austérité en Europe depuis cinq
ans : l'Espagne et l'Irlande, exsangue ; l'Italie en mauvaise
posture. Au Portugal le chômage a baissé… à <a href="http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Le-Portugal-tourne-la-page-de-la-recession-mais-la-crise-continue-2013-11-14-1060670">15,6 %</a> Sans parler de la
Grèce.
</p>
<p>
Ce que montre Paul Krugman, c'est que malgré tout le bruit, la France
se débrouille pas trop mal. Il avait été plus précis en juillet
dernier, quand il comparait <a href="http://krugman.blogs.nytimes.com/2013/07/13/more-on-not-so-miserable-france/">la France et les Pay-Bas</a>, la France
dépensière et paresseuse étant en meilleure posture que les vertueux
et austères Pay-Bas.
</p>
<p>
Aghion cherche à préserver la foi, en évitant de répondre aux
véritables critiques, de plus en plus convaincants à chaque nouveau
trimestre de récession ou de stagnation en Europe, contre
l'austérité, en affirmant les vieux fondements de la foi
austéritiste.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-82543187862777945422013-11-18T22:28:00.003+01:002021-02-16T15:52:15.045+01:00Krugman et Aghion (1/2)
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
<a href="http://www.nytimes.com/2013/11/11/opinion/krugman-the-plot-against-france.html">L'édito de Paul Krugman</a> du 10 novembre au New York Times avait fait
beaucoup de bruit en France car il justifie, d'une certaine façon,
l'austérité fiscale que pratique François Hollande. Une figure aussi
visible qui vole au secours d'un président accablé, cela fait couler
de l'encre. Krugman, en bon blogueur, ne se prive pas d'un titre qui
attire l'oeil : « Le complot contre la France ». <i>Oh dear!</i>
</p>
<p>
Quatre jours plus tard, Philippe Aghion, professeur d'économie à
Harvard et (ex-?) soutien de François Hollande <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/14/moins-d-impots-plus-de-relance_3514166_3232.html">réplique</a> dans <i>Le Monde</i>.
</p>
<p>
<b>Perte du AA+ : pourquoi Paul Krugman a tort</b>
</p>
<p>
Curieusement, si aujourd'hui vous faites une recherche dans Google
News, le texte d'Aghion n'a presque pas suscité de commentaire. Je
reviendrai plus loin à ce point.
</p>
<p>
Commençons par ce que dit Aghion.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Après quelques préalables qui occupent les premiers paragraphes,
Aghion arrive à l'essentiel :
</p><blockquote>
<p>Pour autant, je suis en désaccord avec Paul Krugman sur au moins deux
points.
</p>
</blockquote>
<p>
Le premier de ces deux points concerne l'efficacité des politiques
économiques en faveur de la croissance. Aghion explique son désaccord
</p><blockquote>
<p>avec l'idée que nous ne savons rien sur les politiques de croissance
qui marchent. Au contraire, une littérature académique florissante
montre les effets positifs sur l'innovation et la croissance d'une
plus grande concurrence sur le marché des biens, de davantage de
flexibilité sur le marché du travail, d'investir mieux dans
l'enseignement et la recherche, et de conduire des politiques
budgétaires et fiscales plus contracycliques.
</p>
</blockquote>
<p>
Effectivement, dire que nous ne savons rien sur ce qui produit la
croissance, ou du moins quelles politiques vont stimuler la
croissance, c'est un peu gros de la part d'un prix Nobel, non ? Il a
dit quoi au juste, Krugman ?
</p>
<p>
Il semble qu'Aghion est en train de répondre à cette partie du texte
de Krugman :
</p><blockquote>
<p>S.& P.’s explanation of its downgrade, though less clearly stated,
amounted to the same thing: France was being downgraded because “the
French government’s current approach to budgetary and structural
reforms to taxation, as well as to product, services and labor
markets, is unlikely to substantially raise France’s medium-term
growth prospects.” Again, never mind the budget numbers, where are the
tax cuts and deregulation?
</p>
<p>
You might think that Mr. Rehn and S.& P. were basing their demands on
solid evidence that spending cuts are in fact better for the economy
than tax increases. But they weren’t. In fact, research at the
I.M.F. suggests that when you’re trying to reduce deficits in a
recession, the opposite is true: temporary tax hikes do much less
damage than spending cuts.
</p>
</blockquote>
<p>
Voici la traduction, via <a href="http://www.courrierinternational.com/article/2013/11/12/la-france-cible-d-un-complot">Courrier International</a> :
</p><blockquote>
<p>Peut-être M. Rehn et S&P fondent-ils leurs exigences sur des indices
démontrant sans l'ombre d'un doute que la réduction des dépenses vaut
mieux pour l'économie que les hausses fiscales. Pas du tout. En fait,
des recherches menées par le FMI laissent entrevoir que quand on veut
limiter les déficits durant une récession, c'est l'inverse qui est
vrai : des augmentations temporaires des impôts sont moins
dommageables qu'une réduction des dépenses.
</p>
<p>
Oh, et quand les gens commencent à vous décrire les merveilles de la
"réforme structurelle", prenez ça avec des pincettes, ou plutôt de
grosses pinces. C'est une sorte de synonyme de "déréglementation" -
dont les vertus restent sérieusement à démontrer. Rappelez-vous,
l'Irlande avait été saluée en fanfare pour ses réformes structurelles
dans les années 90 et 2000 ; un "formidable exemple", s'était extasié
George Osborne, aujourd'hui ministre britannique des Finances,
en 2006. Comment tout cela s'est-il terminé ?
</p>
</blockquote>
<p>
Lisez bien. Ce que Monsieur Krugman met en cause, ce n'est pas la
possibilité même de savoir quelles politiques vont relancer la
croissance, mais bien deux approches que nous connaissons très bien
car elles forment la doxa économique que l'on entend depuis
maintenant des décennies :
</p>
<ul>
<li>La réduction des dépenses d'État et
</li>
<li>La dérégulation du marché du travail.
</li>
</ul>
<p>
Quand Monsieur Aghion dit que Krugman dit qu'on ne peut pas savoir ce
qui va stimuler une économie, c'est un peu de la mauvaise foi. Ce
n'est pas du tout ce qu'il dit, en fait. Et Aghion va jusqu'à inclure
dans la catégorie "politiques de relance qui marchent" les <i>des politiques</i>
<i>budgétaires et fiscales plus contracycliques.</i> Si vous suivez un peu
Krugman, vous savez que c'est précisément ce pour quoi il se bat
depuis longtemps. C'est un keynésien. Lui retorquer que la dépense
publique peut relancer l'économie, c'est quand même bizarre.
</p>
<p>
En réalité, Krugman dit que c'est moins évident qu'on ne le
pense. L'Irlande a fait des super réformes structurelles et cela ne
l'a protégée en rien contre la crise de 2008. Et quant à l'austérité,
Krugman met en lien <a href="http://www.social-europe.eu/2013/08/austerity-not-just-tax-hikes-destroys-growth/">cet article</a> de Ronald Janssen :
</p><blockquote>
<p>the Commission is ignoring the results from recent studies on
austerity. These studies do not only find that fiscal multipliers are
much higher when the economy is in recession. They also find that when
the economy is in recession and an expenditure based consolidation
instead of a tax based consolidation is being pursued, the costs in
terms of growth are enormous.
</p>
</blockquote>
<p>
J'ai parlé des <i>fiscal multipliers</i> dans <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2013/11/pourquoi-ce-sera-toujours-la-faute-de.html">mon dernier billet</a>. Ce sont
des chiffres qui sont censés dire l'efficacité de telle mesure en
termes d'augmentation ou de réduction du PIB. Ce que Janssen dit ici,
c'est que les dernières études montrent que le <i>fiscal multiplier</i> de
l'austérité est au-dessus de 1 quand une économie est en
récession. Ce qui veut dire qu'une coupe de <i>x</i> en dépense aurait un
impact de, par exemple, <i>1,5 fois x</i> en termes de PIB. En gros, plus
vous coupez, plus l'économie se rétrécit, et ainsi de suite. Et il
suggère même que le <i>fiscal multiplier</i> des augmentations d'impôts
peut être inférieur (donc plus favorable en termes de croissance) à
celui des dépenses.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Tout cela pour dire que, tout d'abord, Aghion ne répond pas franchement
à l'argument de Krugman sur ce point. Et on comprend pourquoi : ce
que Philippe Aghion veut sauver à tout prix, c'est justement cette
idée que la dérégulation (réformes structurelles) et l'austérité vont
nous sauver. Mais cela, ce sera pour le prochain billet.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-67906405878514445042013-11-16T21:32:00.003+01:002013-11-16T21:33:50.893+01:00Pourquoi ce sera toujours la faute de François Hollande
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Economie et austérité. Je ne change pas beaucoup de sujet, sauf quand
je n'ai pas de sujet du tout. (Voir les onze derniers mois.)
</p>
<p>
<a href="http://www.alter-oueb.fr/2013/11/la-peur/">Marco (Alter Oueb) écrit</a>, à propos de la crispation générale du pays
décrite dans la lettre secrète des préfets :
</p>
<blockquote>
<p>François Hollande est devenu clairement la cause de tous les maux et
cristallise autour de lui toutes les critiques. Avec son
gouvernement, il doit gérer une friche laissée par son prédécesseur
et même au-delà : on ne retourne pas en quelques coups de bêche un
champ aussi vaste, autant caillouteux. Confronté aux lobbys de toutes
sortes, Hollande à reculé un peu sur tous les sujets, surtout ceux
concernant les «possédants», et a déçu, même dans son camp. Et alors
? L’eau du bain est chaude depuis un moment. Sarkozy, pour sa part, y
a mis un sérieux coup de lance-flamme en tenant chaque nouveau jour
des propos plus qu’outranciers, divisant le pays en jetant à la
vindicte populaire, le doigt tendu et le rictus aiguisé, telle ou
telle catégorie de français, ou de moins français.
</p>
</blockquote>
<p>
Oui, François Hollande est devenu la cause de tout. Quand l'économie
va aussi mal, présidents et gouvernements sont rarement
populaires. /"It's the economy, stupid."/ Et, bien sûr, le rôle de
Sarkozy dans tout cela n'est pas à négliger. Mais…
</p>
<p>
Mais…
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Concrètement la marge de manoeuvre économique est étroite, en raison
de la folie austérautiste qui domine le débat. François Hollande
a fait campagne, en partie, sur la possibilité de renverser le
débat. La droite avait dit "on ne peut pas renégocier le
traité". Euh. La droite a eu raison.
</p>
<p>
Le pays qui auraient pu aider, les plus touchés par l'austérité,
l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Irelande : tous ont des
gouvernements pro-austérité. Une grande alliance anti-Merkel et
anti-austérité n'a jamais pu voir le jour, chacun (la France y
compris) avait trop peur de voir sa propre dette attaquer par les
marchés. Je ne mentionne pas la Grèce, car personne n'a voulu
défendre la Grèce de peur, telle une invasion de zombies, d'être
contaminé par son aura d'insolvabilité.
</p>
<p>
Ensuite, Mario Draghi a parlé : l'euro ne doit pas être menacé, la BCE
ne peut accueillir toute la dette de l'Europe, mais elle doit assumer
sa part. Et aujourd'hui, comme hier, Standard & Poor's non obstant,
qui se dégradent autant qu'ils dégradent la France, les taux des
obligations vendues par la France ne bougent pas, et se rapprochent
même de <a href="http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20131114.CHA7084/malgre-sa-nouvelle-degradation-la-dette-francaise-reste-attractive.html?xtor=RSS-20">celles de l'Allemagne</a> :
</p><blockquote>
<p>Les investisseurs devraient cependant rester confiants, et l’écart de
taux entre la France et l’Allemagne, faible – il a même été réduit des
deux tiers depuis l’élection de François Hollande !
</p>
</blockquote>
<p>
Le spectre de taux de 8 % sur la dette française semble définitivement
écarté, et pourtant rien ne bouge. Le gouvernement décide seulement la
manière d'arriver à un budget suffisamment rigoureux. La seule
véritable originalité a été de déplacer les sacrifices de l'austérité
vers les contribuables. Sur le papier l'idée pourrait avoir du mérite,
en obligeant les plus aisés à supporter l'austérité ; dans les faits,
la fiscalité française n'est pas devenue tellement plus
progressive. <a href="http://www.mediapart.fr/journal/france/151113/la-tva-l-impot-du-reniement-et-de-l-injustice">Laurent Mauduit</a>, comme d'habitude, n'y va pas par quatre
chemins :
</p><blockquote>
<p>S’il faut citer une mesure qui symbolise tout à la fois les reniements
de François Hollande en même temps que l’injustice de sa politique
économique et sociale, c’est assurément à la hausse de la TVA que l’on
pense en premier.
</p>
</blockquote>
<p>
En somme : il n'y avait pas beaucoup de marge de manoeuvre pour
commencer ; Hollande et le gouvernement n'ont pas fait grand'chose
pour l'élargir, et finalement le doute s'installe : cherchent-ils
vraiment à occuper toute la marge dont ils disposent ?
</p>
<p>
Pourtant, je ne crois pas que le problème soit véritablement
qu'Hollande et la bande ne soient pas « assez à gauche ». (Dans une
situation comme la notre, le gauchisme de principe ne serait pas assez
subtile non plus.)
</p>
<p>
En même temps, il y a une raison pour laquelle <b>tout cela est la faute de François Hollande</b>, et ce n'est pas juste parce qu'il est
Président de la R. Il y a une contradiction au coeur de son approche,
et de sa pensée.
</p>
<p>
Je m'explique. Le candidat de 2012 voulait « redresser les comptes de
la France », en promettant l'équilibre budgétaire pour un avenir qui
semble aujourd'hui ridiculement proche, tout en pratiquant une
politique de relance. Evidemment, c'est cette dernière qui a dominé
l'action du gouvernement, presque exclusivement. Car François Hollande
a cru, et croit encore visiblement, à l'idée de <b>l'austérité expansionniste</b>, selon laquelle l'austérité (celle des dépenses ou
celle des recettes), l'idée que grâce à un « <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Fiscal_multiplie">fiscal multiplier</a> »
favorable (en dessous de 1), les coupes budgétaires seraient plus
bénéfiques à l'économie que les dépenses étatiques. (J'en <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/10/austerite-tu-mauras-pas.html">avais parlé</a>
l'année dernière déjà.)
</p>
<p>
<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Expansionary_fiscal_contraction">Voici le mécanisme théorique</a> de l'<i>expansionary austerity</i> :
</p><blockquote>
<p>The Expansionary Fiscal Contraction (EFC) hypothesis predicts that,
under certain limited circumstances, a major reduction in government
spending that changes future expectations about taxes and government
spending will expand private consumption, resulting in overall
economic expansion.
</p>
</blockquote>
<p>
L'idée est simplement que des grosses réductions budgétaires (avec des
conséquences économiques réelles – réellement réélles, même), vont
modifier les attentes des acteurs économiques qui, pensant qu'il y a
aura bientôt moins d'impôts, se mettent tout de suite à se bouger, à
investir. Sarkozy, entre 2007 et 2008, aurait voulu provoquer un tel
sursaut, et le bide que fut le paquet fiscal, même avant la crise de
2008, sera sûrement étudié par les économistes du futur
s'interrogeant à nouveau sur l'<i>expansionary austerity</i>. Cette
confiance en des baisses futures d'impôts, ça vous paraît léger comme
moteur de relance en pleine récession ? Moi c'est pareil.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Le problème, c'est que François Hollande y a cru. Aussi.
</p>
<p>
Cinq ans plus tard, il est clair que cela n'a
pas fonctionné.
</p>
<p>
Il pensait qu'en « redressant les comptes de la France », il faisait
déjà de la relance. Il était pourtant bien placé pour savoir que cela
ne pouvait pas marcher…
</p>
<p>
Donc, tout sera de sa faute : l'absence de relance <i>et</i> l'absence de
rigueur.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-74755521651783014642013-11-12T15:39:00.002+01:002013-11-12T15:39:58.997+01:00L'austérité pour tous ! (sur l'Irlande)<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Dans <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2013/11/le-deficit-est-trop-petit.html">mon billet</a> d'avant hier, j'ai mis en lien <a href="http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/afp-00562825-irlande-satisfecit-de-la-troika-qui-releve-quelques-fragilites-627482.php">cet article sur l'Irlande</a>. Voyons un peu plus près comment l'austérité se passe quand
un pays veut vraiment tout faire pour 1) sauver ses banques en avalant
leurs dettes 2) miser complètement sur l'austérité pour se sortir du
trou.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Le titre, d'abord : "Irlande: satisfecit de la troïka qui relève
quelques fragilités". Tout va bien, donc ? La Troïka est contente, et
c'est ce qui compte le plus.
</p>
<p>
Il y a de quoi être satisfait. Car, d'après la Commission, la BCE et
l'FMI : "le programme irlandais reste sur les rails dans un contexte
de retour à la croissance". Car, en effet, pour la première fois
depuis longtemps, le pays connaît une croissance de <a href="http://www.bbc.co.uk/news/business-24159574">0,4 %</a> :
</p>
<blockquote>
<p>The economy grew by 0.4% in the second quarter of the year, although
this was much weaker than many economists had forecast.
</p>
<p>
Economists had expected growth of at least 0.8%.
</p>
</blockquote>
<p>
En traduisant de l'anglais : bof. Les spécialistes continuent de
croire que toute cette douleur va enfin avoir ses effets. Quand une
petite amélioration arrive (et c'est une série d'environ… un seul
trimestre), ils ont tendance à déboucher le champagne un peu tôt.
</p>
<p>
Et ces fragilités ?
</p><blockquote>
<p>Malgré cet examen de passage réussi, la troïka met en garde contre
plusieurs risques, à commencer par celui d'un dérapage budgétaire si
les dépenses ne sont pas maîtrisées cette année, notamment dans le
domaine de la santé.
</p>
</blockquote>
<p>
Si l'austérité échoue maintenant, ce sera la faute aux
dépenses. Surtout la santé. Donc pas question d'essayer d'améliorer
la vie des gens qui ont doublement souffert : 1) de l'austérité 2) de
la récession. Le chômage est à 13 %, contre à peine 4 % avant la
crise.
</p>
<p>
Mais le chômage… c'est la faute des chômeurs en général, non ? Pas
celle de la Troïka, qui pense, malgré tout, à ces pauvres gens :
</p><blockquote>
<p>Quant au chômage, "il a commencé à refluer, mais reste très élevé",
souligne encore la troïka, qui incite les pouvoirs publics à mieux
accompagner les chômeurs vers le marché du travail.
</p>
</blockquote>
<p>
Car évidemment, il y a beaucoup de boulot dans ce pays dont la
croissance vient d'être positif depuis une poignée de semaines. Le
problème, c'est que les chômeurs ne le voient pas. Il faut les
<i>accompagner</i>, c'est tout.
</p>
<p>
Et maintenant que cette question est règlé, il y a autre chose ?
</p>
<p>
Eh bien, selon l'article de la BBC que j'ai mis en lien plus haut, 17
% des propriétaires de maisons sont en difficulté pour continuer à
rembourser leurs prêts.
</p>
<p>
Vous n'allez quand même pas me dire qu'à cause de la récession il
pourrait y avoir de nouveaux problèmes pour les banques ?
</p>
<p>
Espérons que non, car l'Irlande veut une "ligne de crédit de
précaution".
</p>
<blockquote>
<p>La question qui se pose désormais pour Dublin est celle de
l'attribution d'une ligne de crédit de précaution, afin d'éviter toute
turbulence lors de son retour sur les marchés mais le gouvernement
irlandais pourrait décider de s'en passer. Ce sujet fera partie des
discussions de l'Eurogroupe jeudi à Bruxelles.
</p>
</blockquote>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Et puis cette croissance :
</p><blockquote>
<p>"L'économie irlandaise connaît une croissance supérieure à la moyenne
de la zone euro depuis 2011", souligne le communiqué, qui énumère les
améliorations constatées, qu'il s'agisse des exportations, du commerce
de détail, de la confiance des consommateurs ou des créations
d'emplois.
</p>
</blockquote>
<p>
Une croissance supérieure à la moyenne… à la moyenne d'une Europe
complètement aux abois, au bord de la déflation.
</p>
<p>
Autrement dit, si l'Europe avait suivi l'exemple rigoriste de
l'Irlande, elle serait peut-être… au même point ?
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-60324670141616179662013-11-10T10:49:00.000+01:002013-11-10T10:49:10.156+01:00Le déficit est trop petit
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
<a href="http://fressoz.blog.lemonde.fr/2013/11/08/face-a-la-crise-le-dilemme-du-president/">Françoise Fressoz</a> exprime la doxa économique :
</p><blockquote>
<p>Le candidat socialiste a fait campagne sur la réduction des déficits
publics et il n'a pas tardé, une fois élu, à mettre en place le crédit
d'impôt compétitivité, qui ne figurait pas dans ses
propositions. Seulement, il a biaisé avec les Français. Il ne leur a
pas tout dit de la gravité du mal. Il a espéré que le retour de la
croissance qu'il chiffrait, lorsqu'il était candidat, à 2,5 % en 2013
(on sera en réalité plus proche de 0,2 %), lui donnerait un utile coup
de main pour redresser le pays.
</p>
</blockquote>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Ainsi, d'après Fressoz, Hollande
</p>
<blockquote>
<p>arrive au bout de l'impasse car cette flopée de prélèvements n'a pas
servi à grand-chose : la note de la France est de nouveau dégradée et
la Commission européenne ne lâche rien.
</p>
<p>
Pour que le déficit baisse, elle réclame des réformes de structures,
des coupes dans les dépenses . Et si l'envie prenait au président de
la République de l'envoyer paître, il ne le pourrait pas, car la dette
atteint le seuil d'alerte (95 % du PIB l'an prochain) et interdit la
moindre fantaisie.
</p>
</blockquote>
<p>
Pour conclure :
</p>
<blockquote>
<p>C'est le mur de la réalité contre lequel ont buté nombre de dirigeants
et qui place François Hollande face à un choix cornélien : reconnaître
qu'il a péché par optimisme au début du quinquennat et réformer
vigoureusement, ou poursuivre sur sa lancée : la promesse d'un
lendemain meilleur qu'aucun économiste n'ose plus prédire tant la
reprise s'annonce poussive à travers toute l'Europe .
</p>
</blockquote>
<p>
L'austérité ne produit pas de croissance, au contraire. L'erreur de
Hollande a été de croire, comme quasiment tout le monde d'ailleurs,
que le fameux "redressement des comptes de la France", ou des comptes
de l'Europe, stimulerait l'économie.
</p>
<p>
Cela fait cinq ans. L'austérité continue de plomber la Grèce,
l'Espagne, l'Italie et même l'hyper-vertueuse Irlande. Soudain, on a
peur de voir tomber l'Europe dans la <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/11/07/mario-draghi-cherche-a-prevenir-le-risque-de-deflation-en-zone-euro_3510066_3234.html">déflation</a>.
</p>
<p>
Pour reformuler : l'<i>erreur</i> de François Hollande n'est pas d'avoir
été trop timide dans ses coupes, mais d'avoir cru, comme Merkel, la
Commission, l'UMP et la BCE, que les coupes seraient porteuses de
croissance, qu'en réduisant la part des Etats dans les économies de
l'Europe, l'économie du continent allait connaître une grande
expansion.
</p>
<p>
Fressoz a l'air de dire que la croissance de 0,2 % aurait pu être
améliorée avec des coupes plus sévères. (Comme en Espagne ?) Le
contraire semble bien plus probable : en étant plus agressifs, nous
aurions pu atteindre peut-être 0,0 %, voire -2,0 %, ou, avec un peu
de volonté, bien pire.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
L'erreur de Hollande était de croire en la possibilité de pratiquer
l'austérité et la relance en même temps, en étalant le "sérieux
fiscal" côté recettes (impôts), sans trop, trop tailler dans les
dépenses. Les impôts sont, au contraire, une autre forme d'austérité,
une autre manière de sortir de l'argent de l'économie, freinant ainsi
l'activité.
</p>
<p>
La seule chose qui peut excuser cette politique, c'est que les
pouvoirs en place (Merkel, Commission) sont empêtrés dans la logique
de l'austérité et n'auraient (jamais ?) accepté que la France suive
la voie de Keynes.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-29441102075857280112012-12-10T14:21:00.000+01:002012-12-10T14:21:05.866+01:00Compétitivité vs. compétitivité
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Ce qui est bien quand on croit à l'austérité, c'est que quand tout va
mal, c'est le signe que tout va bien. L'austérautiste s'en retrouve
conforté dans sa croyance, et il a même le sentiment d'avoir affronté
ses idées au monde réel. Tout va vraiment bien, donc.
</p>
<p>
Pour s'en convaincre, il suffit de regarder l'Espagne, comme cette
jouraliste des <i>Echos</i> qui s'écris : "<a href="http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0202416258674-en-espagne-la-sortie-de-crise-n-est-plus-une-utopie-515923.php">la sortie de crise n'est plus une utopie</a>" :
</p>
<blockquote>
<p>Imperceptiblement, l'Espagne se redresse. Oui, le pays est toujours en
récession et le sera l'année prochaine. Oui, le chômage atteint des
sommets inimaginables, à 25 % de la population active. Oui, le déficit
public est promis à un nouveau dérapage. Mais des signaux sont là,
preuve, peut-être, que le pays a touché le fond et remonte, lentement,
vers la surface.
</p>
</blockquote>
<p>
Ouf. Les 25 % qui sont au chômage doivent sauter de joie. Voici
pourquoi :
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<blockquote>
<p>Premier signal : la « dévaluation interne ». Cette expression barbare
désigne ce que tous les pays qui ont vu leur compétitivité s'éroder
depuis l'entrée dans la zone euro sont condamnés à faire, faute de
pouvoir dévaluer une monnaie qu'ils ne maîtrisent plus. Auparavant,
l'Espagne pouvait redevenir compétitive du jour au lendemain, presque
de façon indolore pour les salariés, en dévaluant la peseta. La
dévaluation interne est bien plus douloureuse puisque les travailleurs
la subissent à travers la baisse de leur salaire. La destruction
massive d'emplois depuis 2008, puis une réforme visant à rendre plus
flexible le marché du travail en début d'année ont fait baisser les
coûts unitaires du travail. Résultat : « la main-d'oeuvre espagnole
est actuellement 30 % moins chère que la moyenne de la zone euro, pour
une productivité moindre de seulement 10 % », explique Ignacio de la
Torre, économiste chez Arcano, une petite banque d'investissement
espagnole.
</p>
</blockquote>
<p>
Tout va bien donc : le travail en Espagne est "30 % moins chère que la
moyenne de la zone euro", l'argent va venir !
</p>
<p>
Et les robinets sont déjà ouverts :
</p>
<blockquote>
<p>Forcément, un tel avantage comparatif finit par se
voir. L'impressionnante progression des exportations espagnoles depuis
2008 (+17 % contre +12 % en Allemagne et +5 % en France) en est un
exemple - la France en a fait les frais en perdant récemment le
surplus commercial qu'elle avait avec l'Espagne. La semaine dernière,
la décision de Renault de créer 1.300 emplois en Espagne - en échange
d'un accord salarial prévoyant notamment une nouvelle grille pour les
salaires d'embauche, démarrant à 72,5 % du salaire d'un agent
qualifié - en est un autre. […] « L'Espagne peut aspirer à devenir
l'usine de l'Europe », résume Ignacio de la Torre.
</p>
</blockquote>
<p>
Et c'est là où l'on en vient au véritable problème <i>européen</i>, ou du
moins l'un de ses aspects : ce qui bénéficie à l'Espagne nuit à la
France. Soudain la France se retrouve déficitaire vis-à-vis de
l'Espagne, et Renault préfère l'Espagne à l'Héxagone. Jusqu'au jour
où les ouvriers français auront le bon sens d'aligner leurs salaires
sur la nouvelle norme espagnole.
</p>
<p>
Si l'Espagne devient "l'usine de l'Europe", c'est d'autres pays
ne vont plus l'être. Il va y avoir une concurrence entre les pays
pour fournir les ouvriers les moins chers. Une nouvelle forme de
<i>dumping</i>… C'est ce que je voulais dire l'autre jour quand je
parlais <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/12/modele-allemand-attention-larnaque.html">d'agression économique</a> entre voisins européens.
</p>
<p>
L'optimiste dira : oui, mais si toute cette compétitivité relance
l'économie, ce sera bien pour tout le monde. Après une période certes
un peu douloureuse… Vous reconnaissez la vision austérautiste. Le
problème avec ce nouveau jeu, c'est que pour gagner, il faut
appauvrir vos salariés. Pas seulement pour la courte période
douloureuse, mais <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/12/apres-lausterite-lausterite.html">définitivement</a>. Sinon la « dévaluation interne » ne
marche plus. Et comme les autres pays de l'Union auront fait la même
chose, il ne reste plus personne pour acheter ce que vous produisez.
</p>
<p>
L'Union Européenne avait démarré comme une zone de libre échange,
mais elle risque de n'avoir d'autre horizon que l'exportation en
dehors de l'Europe, vers des pays qui ont encore des consommateurs
avec quelques sous.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Vraiment, tout va bien. Du moins, pour très bientôt. Ça va être super.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-45128281961165442272012-12-08T15:48:00.000+01:002012-12-08T15:48:46.587+01:00Modèle allemand : attention à l'arnaque
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Dans Les Echos, Thibaut Madelin publie <a href="http://www.lesechos.fr/opinions/analyses/0202433964605-les-trois-limites-du-si-envie-modele-allemand-518361.php">une analyse intitulé : "Les trois limites du si envié « modèle » allemand".</a>
</p>
<p>
Les trois limites sont :
</p>
<ol>
<li>Les fameuses <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/05/les-lois-hartz-et-le-contre-modele.html">réformes Hartz</a> ont quand même abouti à une
paupérisation de masse qui n'est pas assez soulignée quand on
admire l'Allemagne de l'autre côté du Rhin. C'est la <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/12/la-devaluation-interne-qui-vous-veut-du.html">dévaluation interne</a> et <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/12/apres-lausterite-lausterite.html">austérité permanente</a> dont je parlais récemment.
</li>
<li>Le modèle allemand est fondé sur l'exportation.
</li>
<li>La démographie : bientôt il n'y aura plus que des retraités en
Allemagne. (Voir le <a href="http://politeeks.info/allemagne-en-voie-de-disparition">billet de Dagrouik</a> là-dessus.)
</li>
</ol>
<p>
C'est le numéro 2 qui me préoccupe aujourd'hui, car sur la question
de l'exportation, Thibaut Madelin ne va pas assez loin dans sa
critique.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Que dit-il donc ?
</p>
<blockquote>
<p>Deuxième limite au « modèle allemand », sa dépendance par rapport aux
exportations. Si celles-ci représentaient plus de 30 % du PIB de
l'Allemagne au début des années 2000, leur proportion est aujourd'hui
de plus de 50 %. Les entreprises allemandes ont profité de leurs gains
de compétitivité, mais aussi de la croissance mondiale et du succès du
made in Germany dans les pays émergents. Mais aujourd'hui cette
croissance s'essouffle, en particulier en Europe, vers laquelle
l'Allemagne assure 60 % de ses exportations. Et la demande domestique,
elle, ne prend pas suffisamment vite le relais, malgré les hausses de
salaires récentes et les quelques timides mesures de soutien à
l'économie décidées par le gouvernement de la chancelière Angela
Merkel.
</p>
</blockquote>
<p>
Il faudrait d'abord enfoncer le clou sur la demande intérieure. Un
jour, nos experts économiques finiront par comprendre que la
paupérisation de masse peut parfois compromettre la demande
intérieure. Ceux qui vivent dans la précarité permanente, allant de
<i>minijob</i> en <i>minijob</i> sous-payés, semble-t-il, achètent moins de
BMW 535i, Mercedes Classe A ou même de Porsche Cayenne. Un jour
peut-être la science nous expliquera pourquoi ce segment de la
population renonce à soutenir la croissance nationale.
</p>
<p>
En attendant, jettons un coup d'oeil sur la question des
exportations. 60 % des exportations allemandes sont destinées aux pays
de l'Europe. Pas étonnant alors que la dévaluation interne appliquées
à ces pays se traduise par un ralentissements des exportations. Comme
la Finlande et les Pays-bas, pourtant des pays <i>vertueux</i> en termes de
déficits, et excédentaires en termes de balance commerciale,
l'Allemagne entre en récession. Comme je l'ai expliqué <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/11/le-probleme-europeen-la-domination.html">ailleurs</a>,
l'exception allemande, son excédent commercial, était financé en
réalité par la dette des pays cigales. En coupant les crédits à ces
pays, l'Allemagne a coupé en même temps la source de sa propre
richesse.
</p>
<p>
Et on arrive au <i>vrai</i> problème de l'Allemagne en tant que <i>modèle</i>.
On ne peut pas nier que le modèle allemand a fonctionné pour
l'Allemagne (si on ignore les pauvres, bien sûr). Pour les autres
pays, c'est plus compliqué, pas seulement parce qu'ils n'ont pas la
réputation du "Made in Germany", mais parce que tous les pays de
l'Europe ne peuvent pas être excédentaires en même temps. Chacun veut
être du côté des gagnants, mais les perdants sont nécessaires pour
financer le succès des gagnants.
</p>
<p>
Autrement dit, à l'échelle européenne, ou la plupart des exportations
des pays membres sont destinées à d'autres pays membres, la
compétitivité, la dévaluation interne (qui ne marche que si un pays
est encore plus "dévalué" que ses voisins) et l'austérité ne peuvent
rien résoudre.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
L'ensemble austérité/dévaluation interne/compétitivité reste une
technique nationale, une tentative de dévancer les autres pays de
l'Europe en termes de coût du travail. Ce sont presque des agressions
économiques, dont le but est de tirer un avantage pour soi aux dépens
des autres. Et comme ce sont aussi des tours de vis monétaires, la
seule chose qui sera bientôt partagée par tous, c'est la récession.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-15634900853629783552012-12-07T15:22:00.002+01:002012-12-07T15:22:57.462+01:00Après l'austérité, l'austérité
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Je parlais l'autre jour de la <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/12/la-devaluation-interne-qui-vous-veut-du.html">dévaluation interne</a>, cette technique
économique très avancée qui consiste à augmenter la compétivité d'un
pays de l'Eurozone (qui ne peut pas pratiquer la dévaluation "externe"
traditionnelle par le biais de sa monnaie) en appauvrissant sa
population. Les gens sont plus pauvres, consomment moins – ce qui
améliore la balance commerciale – et surtout travaillent pour
beaucoup moins, ce qui permet de réduire les prix à l'exportation.
</p>
<p>
Dans la théorie, ce système doit aussi faire baisser les prix,
rendant le tout moins douloureux pour les gens qui se trouvent
dévalués. Malheureusement, il y a beaucoup de raisons de penser que
les prix ne peuvent pas baisser, ou en tout cas pas autant que les
salaires.
</p>
<p>
Prenons par exemple le secteur agricole, qui représente d'ailleurs une
grosse part des exportations françaises. Si les salaires des
consommateurs baissent en France, et que ceux-ci continuent à
manifester leur désir de se nourrir, le marché va-t-il corriger les
prix en fonction de cette nouvelle donne ? On peut penser que l'essor
du <i>discount</i> alimentaire va déjà dans ce sens. Mais cela fait penser
aussi que s'il y avait auparavant un peu de marge de manoeuvre du côté
de la distribution, il y en a beaucoup moins aujourd'hui. On sait que
la grande distribution fait tout ce qu'elle peut pour obliger ses
fournisseurs à accepter de très mauvais prix. Et pour les
agriculteurs eux-mêmes, ils sont, pour beaucoup, coincés entre leurs
coûts, c'est-à-dire le prix du pétrole, et le prix de leurs produits,
souvent fixés sur l'échelle internationale.
</p>
<p>
La dévaluation interne et la baisse des salaires en France ou même en
Europe ne feront pas baisser le prix du pétrole. Et même si nos
agriculteurs pouvaient produire pour moins cher, ou accepter moins de
marge sur leurs produits en vivant plus frugalement, ils n'auraient
aucun intérêt, quand même, à vendre <i>en dessous</i> du prix
international. Le blé et le maïs ont beau être "<i>made in France</i>",
leur prix ne l'est pas.
</p>
<p>
L'économie est internationale, mais votre salaire est bien local.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
On revient donc au point essentiel : dans l'avenir super-compétitif
du grand saut en avant que la Crise nous oblige à faire, il va
falloir rester pauvres. Toute progression des salaires remettrait en
cause la compétivité de la Nation. Votre employeur veut vous payer
moins, mais pas parce qu'il est méchant, c'est pour votre bien, pour
le bien de tout le monde.
</p>
<p>
L'austérité est présentée comme une sorte de cure provisoire, de la
douleur au court terme, ou plutôt au moyen terme, qui sera récompensée
plus tard. Sauf que dans la logique de la compétivité, la récompense
sera pour les investisseurs. Ceux qui travaillent doivent rester
profile bas et se satisfaire de la fiereté de contribuer à la réussite
de l'économie, qui, si elle le pouvait, se débarasserait d'eux une
fois pour toutes. Je le disais il y a quelques mois : <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/04/leconomie-est-ailleurs.html">l'économie est ailleurs</a>. Nous n'intéressons plus les acteurs économiques en tant que
consommateurs, nous ne sommes plus qu'un coût à réduire.
</p>
<p>
De même, le chômage doit rester élévé pour maintenir la pression sur
les salaires et encourager la "souplesse" du marché du travail. Si
jamais la récession se termine un jour, chômage et salaires ne
bougeront pas. Il font partie du <i>package</i>.
</p>
<p>
Cette logique se voit également dans le vocabulaire de
l'austérité. Nous avons vu que l'austérité, dont le but est de réduire
le déficit, coûte cher en termes de déficits : les recettes des Etats
baissent et les dépenses sociales augmentent. Comme l'austérité voit
toujours les choses de bon côté, on nous explique que c'est normal :
ce qui compte, c'est le <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/tu-comprends-cest-structurel.html">déficit structurel</a>, qui est, en gros, le
déficit social. Pour les austérautistes, les déficits encourus à cause
de l'austérité sont conjoncturels et sans importance ; ce sont les
déficits <i>structurels</i> qui vont plomber l'avenir ; leur destruction
mérite toutes les souffrances.
</p>
<p>
Comme nous sommes dans la métaphore des "finances publiques malades"
auxquelles il faut appliquer un "traitement douloureux" avant
d'obtenir une future "guérison", nous sommes invités à considérer
l'austérité – le "traitement" – comme une phase provisoire, passage
difficile qui sera récompensé. Pourtant, comme pour la dévaluation,
la logique des déficits structurel montre bien que l'austérité doit
être permanente. Réduire le déficit structurel futur veut dire :
réduire <i>définitivement</i> les dépenses sociales.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Bien sûr, même à court terme, on s'aperçoit que l'austérité marche de
moins en moins bien, comme en témoigne la récession actuelle qui se
généralise en Europe. Plus grave encore, c'est le fait que la pensée
"austérautiste" prépare un paysage socio-économique, et politique,
dont les conséquences seront graves et définitives.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-66451557562726902212012-12-05T18:46:00.002+01:002012-12-05T18:47:21.676+01:00L'austérité ne peut jamais échouer. Jamais.
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Cette fois c'est le tour du Royaume Uni d'annoncer des
<a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/12/05/osborne-revoit-a-la-baisse-les-previsions-de-croissance-britannique_1800329_3234.html#xtor=RSS-3208">mauvais resultats</a> :
</p>
<blockquote>
<p>Dans son traditionnel "discours d'automne", prononcé mercredi 5
décembre, le ministre des finances britannique, George Osborne, a
fortement revu à la baisse les prévisions de croissance économique
pour le Royaume-Uni en 2012.
</p>
<p>
Le gouvernement prévoit désormais une contraction de 0,1 % de
l'économie cette année, contre une précédente prévision de + 0,8 %. La
croissance en 2013 sera elle aussi plus morose que prévu, à 1,2 % de
progression du PIB, contre + 2 % initialement calculés.
</p>
<p>
Cerise sur le gâteau, George Osborne a également indiqué que le pays
ne tiendrait pas ses objectifs de réduction de dette à l'horizon
2015-2016, mais seulement en 2016-2017. De ce fait, l'austerité durera
un an de plus que prévu, jusqu'en 2017-2018, a expliqué le chantre de
la rigueur britannique.
</p>
</blockquote>
<p>
Quand l'austérité ne marche pas, c'est qu'il faut attendre encore
plus longtemps, ou bien appliquer encore plus d'austérité, ou même
les deux en même temps : plus de rigueur et plus de temps.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Si les braves britanniques vont devoir supporter une année
supplémentaire de rigueur, ce n'est pas la faute des dirigeants, bien
entendu, mais celle des autres (des <i>étrangers</i> et on devine qu'il
pense aux européens avec leur embêtante récession qui n'arrange pas
les affaires du méritant Osborne).
</p>
<blockquote>
<p>"Nous sommes confrontés à une multitude de problèmes venant de
l'étranger", a déclaré M. Osborne, citant les Etats-Unis et la zone
euro, tout en assurant que "cela prend du temps mais (que) l'économie
britannique est en train de guérir".
</p>
</blockquote>
<p>
Mais… mais… la récession fait du mal, certes, mais… c'est un
mal pour un bien. Plus on souffre maintenant, plus on sera contents
quand ce sera fini.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
C'est important de croire à l'austérité. Ainsi, quand les choses vont
de plus en plus mal, vous restez optimiste, pensant que quand ça va
mal, c'est que ça va bien, et que l'ampleur des souffrances présentes
sera récompensée par celle des richesses à
venir. Bientôt. Promis.
</p>
<p>
Vraiment.
</p>
<p>
Dans un an, maxi. Peut-être deux.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-48581322458121825482012-12-02T15:03:00.002+01:002012-12-02T16:13:09.031+01:00La dévaluation interne qui vous veut du bien
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Qu'est-ce que la dévaluation interne ?
</p>
<p>
Quand la crise grecque était à l'un de ses paroxysmes, ou peut-être à
chacun, on répétait que, sans l'euro, la Grèce aurait pu dévaluer sa
monnaie. Cela reste l'une des clefs de la crise, et de l'avenir de
l'Europe, ou du moins de l'Euro.
</p>
<p>
Commençons par <a href="http://fr.myeurop.info/2012/05/15/la-devaluation-interne-sujet-de-discorde-entre-hollande-et-merkel-5421">la théorie</a> :
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<blockquote>
<p>Les économistes allemands ont inventé un nouveau concept économique:
la "dévaluation interne". Faute de pouvoir dévaluer l'euro, cette
"dévaluation interne" dans un pays des salaires et des prix doit lui
permettre de relancer sa croissance. Il fallait y penser et c'est ce
qu'à notamment fait Jörg Asmussen, ex-conseiller pour les affaires
économiques d’Angela Merkel, maintenant membre du Conseil de la banque
centrale européenne. Sa démonstration est simple :
</p>
<p>
La rigueur budgétaire ne suffit pas, parce qu'il y a
plusieurs pays qui ont un problème de compétitivité accumulé depuis
plus de 10 ans. Nous avons besoin d'une sorte de dévaluation interne,
à commencer par les salaires."
</p>
</blockquote>
<p>
Cette dévaluation des rémunérations a ainsi, à la demande de
Bruxelles, été mise en œuvre. De 2010 et 2012, les salaires ont, en
moyenne, baissé de plus de 20% en Grèce, de plus de 10% au Portugal et
en Irlande. En Espagne ce recul est d'environ 6%.
</p>
<p>
La <i>dévaluation interne</i> doit contribuer à la <i>compétivité</i>. Chaque
fois que l'euro baisse contre les autres grandes monnaies, les
entreprises de l'Eurozone deviennent automatiquement plus
compétitives. En "interne", elles paient les mêmes salaires, tandis
qu'en "externe" (hors zone euro), leurs produits sont moins
chers. Mais comme l'euro est conçu pour être très stable, et que la
puissance de l'économie allemande tend à pousser l'euro vers le
haut, ce gain de compétivité n'est plus une option, surtout pour des
pays comme les PIIGS qui, il y a vingt ans, auraient pu s'en sortir
par la dévaluation et la vente de leurs produits en Europe à un prix
plus bas, ainsi que dans le reste du monde.
</p>
<p>
Dans ces cas, la valeur internationale du drachme, de la lire ou de
la peseta baisse, mais les salariés de ces pays ne s'en aperçoivent
presque pas. Le prix des produits importés augmentent, ce qui
contribue encore plus à réduire les importations. La demande
extérieure soutient les salaires. Tout le monde est content.
</p>
<p>
Voilà : on ne peut plus faire ça. Donc on se tourne vers la
"dévaluation interne" : les salaires baissent, les gens deviennent
pauvres et achètent moins d'iPhones et de télés plates. Les prix sont
censés baisser aussi, mais comme l'inflation est très basse depuis
très longtemps, et que l'euro et la BCE sont là pour empêcher qu'elle
revienne, on peut se demander quelle marge existe sur les
prix. Resultat, les gens sont plus pauvres qu'avant. Mais c'est déjà
positif ! Ils coûtent moins cher, le marché du travail devient plus
souple. Les importations baissent. Les entreprises qui vendent leurs
produits à l'étranger profitent des salaires cassés. Celles en
revanche qui vendent leurs produits à l'intérieur du pays crèvent, en
revanche, mais ce n'est pas bien grave car souvent elles sont petites,
ou moyennes.
</p>
<p>
Et pour fonctionner correctement, ce nouveau régime exige que les
salaires restent bas. La dévaluation interne ne marche pas au coup
par coup. Les salariés doivent rester définitivement plus
pauvres. Sinon il pourrait y avoir de l'inflation en Allemagne, et
évidemment, ça, personne ne veut avoir ça sur la conscience.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Ce qui est particulièrement bien avec la dévaluation interne, c'est
justement cette absence d'inflation. En général, ceux qui ont de
l'argent sont contre l'inflation car elle diminue la valeur réelle de
leur fortune. Par contre, ceux qui sont endettés adorent l'inflation,
car leur dette devient de plus en plus facile à rembourser. Or, la
dévaluation traditionnelle était inflationnaire. Si vous êtes riche,
vous vendez vos drachmes pour acheter des marks ou des francs
suisses, avant la dévaluation. Pour vous protéger. Avec la
dévaluation interne, vous avez déjà des marks. Si vous êtes endetté,
la dévaluation "externe" arrangeait vos affaires et vous pouvez
repartir plus tranquillement.
</p>
<p>
Dans le nouveau système, ceux qui ont de l'argent le gardent. Ceux qui
travaillent le perdent (compétivité oblige). Les créditeurs sont
contents, mais ceux qui ont des dettes ne le sont pas.
</p>
<p>
Tant pis pour eux, vous dites. C'était des losers, sûrement. Ils
l'ont bien cherché. Sauf que, dans notre monde moderne, tout le monde
est endetté, y compris les pays eux-mêmes, bien entendu. Les seuls
qui ne sont pas véritablement endettés (et encore), ce sont nos amies
les banques, qui, elles, tirent véritablement leur épingle du jeu.
</p>
<p>
Donc, tout le monde est définitivement plus pauvre. Mais ce n'est pas
grave, car nous avons sauvé l'euro.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-22696866260375370072012-11-21T14:30:00.001+01:002012-11-21T14:30:43.779+01:00L'austérité en courbes
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://media.economist.com/sites/default/files/imagecache/290-width/images/2012/11/blogs/free-exchange/20121124_woc476.png" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="297" width="290" src="http://media.economist.com/sites/default/files/imagecache/290-width/images/2012/11/blogs/free-exchange/20121124_woc476.png" /></a></div>
<p>L'un des blogueurs de <i>The Economist</i> a publié ces courbes récemment,
où l'on voit l'évolution des PIB de quatre grandes forces économiques
qui ont toutes subi la ou les crise(s) de façon assez semblable (sauf
pour le Japon, avec ses catastrophes naturels et nucléaires, et sa
récession interminable qui était déjà bien en place).
</p>
<p>
Ce qui ressort, évidemment, c'est que les Etats-Unis sont les seuls à
ne pas suivre la courbe moribonde de l'Europe (et du Japon), en
évitant le deuxième <i>dip</i> de la récession qui est en train de
s'abattre sur l'Europe.
</p>
<p>
Et <i>The Economist</i> semble dire, si j'ai bien suivi l'article avec sa
métaphore automobile, que si les USA s'en sortent, c'est que le (ou
les) conducteur(s) ont su conduire en douceur, en évitant les
a-coups.
</p>
<p>
Pour nous, l'explication qui saute aux yeux, c'est que des quatre
"pays", les Etats-Unis sont celui qui a conduit une <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_relance_économique_des_États-Unis_de_2009">politique de relance</a> (presque 800 milliards de dollars), secourant au passage
l'industrie automobile. Comme le Royaume Uni, ils ont également
procédé à du <i>quantitative easing</i>, dont les effets sont moins
clairs. En tout cas, des politiques parfaitement opposées à la
rigueur d'Angela Merkel.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-20575462272879048522012-11-20T17:50:00.001+01:002012-11-20T17:50:48.625+01:00L'Allemagne, l'Europe, la dette, l'économie
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Personne n'a encore gagné une élection en promettant des actions qui
vont nuire à son propre pays, mais qui feront avancer l'Europe. La
stratégie industrielle et monetaire, dont j'ai parlé <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/11/le-probleme-europeen-la-domination.html">il y a deux ou trois jours</a>, suit bien cette logique. Le flux de capitaux des pays de
l'Eurozone vers l'Allemagne, et le flux correspondant de Mercedes, de
Cayenne et d'Audi TT vers les pays qui s'endettent petit à petit
aboutissent à cette situation où vous avez Dr. Merkel qui donne des
leçons de compétitivité, alors que le fameux modèle allemand ne
fonctionne plus si tous les pays de l'Europe font des excédents
commerciaux. Le reste de l'Europe a deséspérement besoin d'un grand
relâchement monétaire, une petite dévaluation de l'Euro (qui ferait
bien plus pour la compétitivité que des bricolages avec la TVA), une
dose d'inflation qui rendrait plus digérables les dettes
ex-souveraines. L'Allemagne n'en a pas besoin, car elle bénéficie d'un
influx permanent de liquidités, <i>nos</i> liquidités, celles de ces pays
qui s'endettent pour, en autres, pouvoir acheter du <i>Made in Germany</i>.
(Car les pays frappés par la crise, les PIIGS, sont surtout ceux qui
ont les plus <a href="http://articles.economictimes.indiatimes.com/2012-01-18/news/30639118_1_fiscal-deficits-trade-deficit-eurozone">gros déficits commerciaux</a>.)
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Riche grâce à ce succès industriel (et d'autres avantages, liés
justement à l'Euro : les déficits chez les grecs, les espagnols et les
autres écartent tout risque que la monnaie allemande s'envole ; voir
l'explication <a href="http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/europe/221142252/quand-allemagne-siphonne-liquidites-voisins">ici</a>), l'Allemagne ne voit pas pourquoi on toucherait à
un modèle qui marche si bien pour elle.
</p>
<p>
Jusqu'au jour où, à force d'exiger l'austérité chez les uns et les
autres, les pays trop dépensiers de l'Eurozone arrêtent de
dépenser. Et soudain, le modèle allemand commence à tousser. L'Europe
<a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/11/15/20002-20121115ARTFIG00717-la-zone-euro-plonge-a-nouveau-en-recession.php">entre en récession</a> ; les riches et vertueux Pays-Bas (l'Allemagne est
déficitaire vis-à-vis d'eux !) entrent en récession. Et la croissance
de la puissante Allemagne, de la compétitive Allemagne, descend au
même niveau que l'infréquentable France : 0,2 %.
</p>
<p>
Les <a href="#http-pire-racaille.blogspot.fr-2012-09-pendant-ce-temps-en-italie.html">expériences récentes</a> l'ont montré : plutôt que de relancer les
économies "asphyxiées par la dette", les cures d'austérité font
exploser les déficits tout en freinant l'économie. Et l'Allemagne est
sur le point de découvrir ce qu'est la vie sans ses frivoles voisins
si gourmands en BMW.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Faute à l'Europe, donc, comme d'habitude ? Non, à mon avis. Merkel,
Sarkozy, Draghi, et même Hollande (mais avec des bémols et des notes
de bas page) sont convaincus que si l'austérité ne marche pas, c'est
qu'il en faut encore davantage. Le vrai problème (et peut-être la
solution) est, semble-t-il, dans l'usage que fait l'Allemagne de
l'Europe. Si l'Union monétaire et le Marché unique étaient,
respectivement, vraiment une Union et vraiment unique,
l'enrichissement ne serait pas forcément à sens unique. À ce titre, on
cite assez souvent les états des Etats-Unis. La Californie peut être
excédentaire vis-à-vis de l'Alabama sans que cela conduise la
Californie à exiger l'austérité pour l'Alabama, et sans que l'Alabama
soit menacé de faillite. La dette existe à un niveau supérieur et
profite à tout le monde. Oui, je pense aux <i>eurobonds</i> ou aux
euro-obligations, mais plus généralement à l'idée que la structure
même de l'Europe et de l'Euro ne devrait pas empêcher une politique
de relance.
</p>
<p>
Le problème européen serait alors une intégration insuffisante, où
chaque pays ne voit en l'Europe que l'occasion de retirer un avantage
financier ou électoral bien précis.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-45623894264353107092012-11-17T16:24:00.001+01:002012-11-17T16:27:22.976+01:00Le problème européen : la domination commerciale allemande
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
En 2011, les <a href="http://www.tresor.economie.gouv.fr/4869_les-relations-commerciales-france-allemagne-en-2011">exportations françaises</a> vers l'Allemagne totalisaient
69,1 Md€. Les importations dans l'autre sens s'élévaient à 85,2
Md€. La France était donc déficitaire de 16,1 Md€. En gros, la France
domine l'Allemagne en produits agricoles et energétiques, tandis les
voisins teutons nous dominent par l'automobile, l'électronique,
l'informatique, produits chimiques, et même pharmaceutiques, domaine
où la France l'avantage jusqu'en 2003.
</p>
<p>
Et pourtant, sur l'échelle européenne, la France est une grosse
économie. La quasi-totalité (sauf les Pays-bas) des pays de l'Eurozone
sont <a href="http://www.tresor.economie.gouv.fr/5739_le-commerce-exterieur-allemand-en-2011-et-les-4-premiers-mois-de-2012">déficitaires</a> vis-à-vis de l'Allemagne :
</p><blockquote>
<p>Les pays de l’UE contribuent à ¾ du solde commercial positif de
l’Allemagne ; les pays de la zone euro à la moitié.
</p>
</blockquote>
<p>
Je me souviens d'un article de journal que je ne retrouverai pas, où
un Grec disait : "ils nous vendent des BMW, nous leurs vendons des
tomates".
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Angela Merkel a résisté depuis le début à toute suggestion
d'euro-obligations. François Hollande avait promis de remettre la
mutualisation de la dette sur la table, ce qu'il a fait, mais Merkel
l'a <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/06/le-renoncement-aux-eurobonds.html">re-enlevé aussitôt</a>. Face à la crise Grecque, la crise Italienne,
Espagnole, Portugaise, Irlandaise, l'Allemagne a toujours dit que ce
n'était pas à elle de payer pour ces pays trop dépensiers.
</p>
<p>
(Nicolas Sarkozy disait à ses sujets qu'il fallait que la France soit
plus comme l'Allemagne. Appauvrir la population est une technique
intéressante pour réduire les importations, tout en baissant les
salaires et les cotisations. Les gens se passent d'iPhones, de
télés plates et d'Audi TT, ils travaillent pour moins, ils claquent
tout en alimentaire, secteur où la France est encore <i>forte</i>. Tout
bénef' pour les exportations et la balance commerciale.)
</p>
<p>
Peu à peu les choses deviennent plus claires. Si l'Allemagne bloque
toute politique monétaire expansioniste et inflationniste, c'est
qu'elle bénéficie déjà d'une expansion permanente, son excédent
commercial. A cet influx de liquidités, qui va directement dans
l'économie et non dans les banques, correspond des déficits
symétriques dans les autres pays de l'Union.
</p>
<p>
Pascal Ordonneau écrivait dans les <a href="http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/europe/221142252/quand-allemagne-siphonne-liquidites-voisins">Echos</a> un article qui intitulé
"Quand l’Allemagne siphonne les liquidités de ses voisins…." :
</p><blockquote>
<p>Au début de la Crise de 2008, Angela Merkel, n’était pas du tout
enthousiaste pour lancer l’Allemagne dans une politique de relance
budgétaire. Elle n’en avait pas besoin ! Il lui suffisait que les
autres pays se lancent dans une relance active, quitte à
s’endetter. Alors, mécaniquement, par le jeu des importations,
c'est-à-dire par le jeu d’une demande adressée par ses voisins
associés aux entreprises allemandes, l’activité industrielle de
l’Allemagne serait stimulée mieux encore qu’elle ne l’aurait été si
ses finances publiques avaient été mises à contribution !
</p>
</blockquote>
<p>
Voilà : les autres relancent, et c'est l'Allemagne qui est relancée !
</p>
<p>
La réussite commerciale et industrielle n'est pas, à proprement
parler, une "faute" de la part de l'Allemagne. Ils produisent des
produits désirés. N'importe quel pays voudrait faire la même chose,
s'il en était capable.
</p>
<p>
Là où cela cloche, c'est l'Union commercial et surtout monétaire. Le
pouvoir économique de l'Allemagne lui donne la possibilité de refuser
toute évolution de l'Europe qui bénéficierait non au plus puissant,
mais aux pays qui s'endettent pour avoir la possibilité de contribuer
à la richesse du pays le plus fort.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
L'autre jour <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/10/comme-la-suisse-facile.html">je m'étais moqué</a> d'un <a href="http://libertarien.overblog.com/pourquoi-le-liberalisme-est-la-reponse-a-la-crise">apprenti libéral 2.0</a> qui disait
qu'il suffisait, pour s'en sortir, que la France se transforme en
Suisse. <a href="http://leparisienliberal.blogspot.fr/2012/10/comme-la-suisse-facile.html">Le Parisien libéral</a> m'a répondu par un billet expliquant que
la France ne saurait devenir une seule Suisse, mais devait devenir
plein de petites Suisses,
</p><blockquote>
<p>Il se trouve qu'il y a à peu près 8.000.000 Suisses en Suisse, contre
65.000.000 Français en France. omelette16oeufs oublie qu'il y a 12
millions de Franciliens, 6 millions de Rhone Alpins, 5 millions de
Provenceaux, 4 millions de Chtis, etc.
</p>
</blockquote>
<p>
Mais ce gentil Parisen libéral oublie aussi que le monde n'a pas
besoin d'autant de paradis fiscaux. Si la vraie Suisse peut accueillir
un quart de l'argent <i>offshore</i> de la planète, je ne vois pas comment
les Chtis vont pouvoir la concurrencer, du moins suffisamment pour
soutenir la monnaie Chti et garantir que le secteur bancaire fait
enfler le PIB Chti.
</p>
<p>
Quel rapport ? La France voudrait devenir comme l'Allemagne, ne voit
d'autre solution que de "redresser" son industrie et répliquer à
l'invasion d'Audi TT par une flotte équivalente de Mégane Renault
Sport. Malheureusement, comme pour la Suisse, la solution n'est pas de
faire de chaque pays de l'Europe une nouvelle Allemagne. Car il faut
des perdants dans le système allemand. Il faut des pays qui
s'endettent pour acheter des Mercedes, des appareils Siemens et des
pesticides Bayer. Tout le monde ne peut pas être excedentaire. Et ce
serait la ruine de l'Allemagne.
</p>
<p>
Il va falloir trouver autre chose.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-21949219659299015972012-11-14T22:12:00.003+01:002012-11-14T22:12:47.736+01:00Pour ou contre l'austérité : la seule véritable distinction politique actuelle
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Ce blog s'arrête de temps en temps, parfois pour une semaine ou deux,
parfois pour des périodes plus longues. C'est comme ça.
</p>
<p>
Cette fois, depuis au moins quinze jours, je démarre des billets que
je n'ai pas le temps de finir. Le billet du retour est toujours très
difficile, car vous avez trop de choses à dire pour les caser dans un
petit texte et dans une petit temps de rédaction.
</p>
<p>
Plutôt que d'écrire, on lit des choses intéressantes, et pour finir
on a encore plus de choses à dire, ce qui rend le processus encore
plus difficile.
</p>
<p>
Donc, pour aller vite, je vais essayer de synthétiser, sans
argumenter.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
La vraie question de la période ouverte en 2008 et qui se terminera,
d'une manière ou d'une autre, peut-être autour de 2018 sera celle de
l'austérité. Sur les questions économiques, je commence à penser que
les distinctions droite-gauche vont s'estomper devant celle qui
sépare les <i>pro-</i> et les <i>anti-</i> austérité.
</p>
<p>
Pour l'instant nous sommes dans une grande expérience macroéconomique
qui va tester la croyance dominante, selon laquelle les dettes
publiques nuisent à l'économie, et que celle-ci doit être "guérie"
pour repartir. On sait que cela n'a plus ou moins jamais fonctionné
ainsi, et que bien souvent les périodes de prospérité ont suivi des
séquences très dépensières. Mais, pour l'instant, la plupart des
participants au grand jeu, sur l'échelle mondiale, croient qu'il est
ainis. Austérité, puis prospérité. Souffrir pour avoir la
récompense. C'est chrétien.
</p>
<p>
Personne n'a dit combien de temps doit durer l'expérience, ni jusqu'à
quel niveau de récession ou de dépression il faut aller pour obtenir
les bienfaits de cette grande épuration. Je disais 2018 parce que je
pense que, d'ici là, soit l'austérité aura été rejetée, sans doute
par des mouvements populaires, soit les économies de l'Europe seront
définitivement détraquées et que la question ne se posera plus.
</p>
<p>
Je disais donc que les questions gauche-droite doivent être
réévaluées. Je commence (et c'est dur, quand on a un coeur gauchiste)
à voir les choses ainsi :
</p>
<ul>
<li>Augmentation de la TVA : mauvaise, car cela enlève de l'argent à
l'économie ;
</li>
<li>Baisse des cotisation des entreprises : positive (eh oui… mes
doigts ont du mal à taper ces mots), car cela remet de l'argent dans
l'économie.
</li>
</ul>
<p>
Autrement dit : il faut relancer les déficits. Taxer moins et dépenser
plus. Le problème, c'est que cela ne marchera pas si toute l'Europe ne
s'y met pas. Et elle ne s'y mettra pas.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
L'Europe ne s'y mettra pas parce que nous, les "gens", les marchés
financiers, les commentateurs à la télé, les dirigeants, les dirigés,
les administrations, les administrés, sont convaincus que le
problème, c'est la dette, et qu'une récession, même longue comme
celle du Japon, sera toujours préférable à des déficits.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-13696730114087162512012-10-19T14:35:00.000+02:002012-10-19T14:35:09.266+02:00Comme la Suisse ? Facile !
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Il paraît qu'en <a href="http://libertarien.overblog.com/pourquoi-le-liberalisme-est-la-reponse-a-la-crise">appliquant le libéralisme à la France</a>, la France
deviendrait une sorte de Suisse. La Suisse est un pays "<i>fit</i>", un
pays qui fait du <i>fitness</i> (en salle, car les hivers sont rudes). Les
libéraux sont <i>fits</i> aussi, car on est responsable pour son
corps. C'est une question de volonté. Et cela leur évite d'avoir à se
soucier de ce qu'ils deviendraient s'ils n'avaient pas l'assurance
maladie de la Sécurité Sociale, car comme ils sont "<i>fits</i>", ils
résistent aux maladies, au vieillissement et souvent au décès.
</p>
<p>
Mais je digresse.
</p>
<p>
Le problème que nous avons devant nous, c'est comment faire de la
France une Suisse.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
D'aucuns suggéreront, non sans raison, que les Suisses sont moins
nombreux que les Français. Il se trouve qu'il y a à peu près 8.000.000
Suisses en Suisse, contre 65.000.000 Français en France. Il se trouve
que nous avons même un peu plus de <a href="http://www.inegalites.fr/spip.php?article270">8.000.000 pauvres</a>, qui pourraient
donc constituer à eux seuls leur propre Suisse. Ce serait bien sûr le
contraire d'une Suisse "<i>fitte</i>". En revanche, si on les enlève de notre
future Suisse, on arrive quand même à 57.000.000 non-pauvres. Pas
terrible, mais c'est un début.
</p>
<p>
En cherchant un peu, on découvre qu'en France, les ouvriers et
employés pèsent pour <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Classes_moyennes#Typologie_et_D.C3.A9nombrement">50 % dans la population</a>. Ce ne seront jamais des
libéraux, car ils passent leurs temps à travailler pour quelqu'un
d'autre. Ils ne seront jamais des créateurs d'entreprise. Par contre,
quand ils ont un petit rhume ou quand ils arrivent à l'âge de la
retraite, vous pouvez être sûr qu'ils sont là pour réclamer leur
"<i>dû</i>".
</p>
<p>
Pour ces raisons, nous les excluons de notre Suisse. En se dégraissant
ainsi, nous arrivons à environ 32.000.000, soit quatre fois la vraie
Suisse.
</p>
<p>
Je sens néanmoins que vous êtes en train de vous dire : "c'est bien,
mais il ne suffit pas d'être moins nombreux pour être suisses". Et
vous avez raison. Il manque des banques.
</p>
<p>
Car dans le PIB de la Suisse, les banques font leur part, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Suisse#Banques">avec 14 %</a>,
tandis que dans notre France obèse, les banques ne représentent même
pas <a href="http://www.cbanque.com/pratique/finance/chiffres-france-europe.php">3 % du PIB</a>. On veut bien être "<i>fit</i>", mais il ne s'agit pas pour
autant de réduire le PIB juste pour dire que les banques ont une plus
grosse part. Et avec l'explosion des créations d'entreprises hi-tech,
le PIB, délesté des profiteurs, va de toute façon grimper à des
sommets alpins.
</p>
<p>
Il y a donc des mesures urgentissimes à prendre. Tout d'abord :
remonter dans le classement du blanchiment d'argent sale. La vraie
Suisse squatte <a href="http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20111010trib000655373/les-10-pays-les-plus-opaques-au-monde-ne-sont-pas-ceux-que-l-on-croit.html">le haut du tableau</a> depuis lontemps. Et ce n'est pas le
Monaco, avec sa pitoyable 64e place, qui va nous sortir d'affaire. Car
si la Suisse réelle arrive à attirer <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradis_financier#Un_paradis_financier_:_la_Suisse">un quart</a> des placements
<i>offshore</i>, c'est que les Suisses sont très forts, et très
<i>fits</i>. Dans notre Suisse, il va falloir vraiment réfléchir à comment
faire, pour arriver dans les trois premiers, donc en déplaçant le
Luxembourg ou les Iles Caïman.
</p>
<p>
L'autre avantage de ce nouveau créneau bancaire, c'est que si jamais
il devait y avoir une crise bancaire internationale qui serait dûe à
l'avarice du secteur privé et à l'arrivée d'une tendance toute
nouvelle chez les financiers d'essayer de tricher dès que la
possibilité se présente, une crise donc complètement différente de
celle que nous subissons actuellement, due aux retraités, aux chômeurs
et aux malades, alors le fait d'avoir des banques ultra solides
pourrait être d'un grand secours. Hypothétiquement parlant, bien sûr.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Les commentateurs du billet cité au début, et auquel ce billet doit
toute son inspiration, ont souligné que le fait d'avoir les
protestants du pays fut une très bonne pour la Suisse et une très
mauvaise pour le libéralisme de la France. Nous avons décidé que
<i>notre</i> Suisse, l'Edit de Nantes n'aura pas été évoqué du tout. Les
protestants sont donc restés, retroactivement, chez nous et ont,
rétroactivement, prospéré.
</p>
<p>
De même, nous avons décidé de supprimer plusieurs autres événements
bien trop étatiques de notre passé. Par exemple :
</p>
<ul>
<li>
L'invasion du reste de l'Europe par Napoléon, un étatiste du pire
espèce ;
</li>
<li>
La conquête coloniale. La Suisse n'a pas jamais essayé d'être un
pouvoir maritime, et il nous semble essentiel de les suivre sur
cette voie innovante.
</li>
</ul>
<p>
Il reste quelques détails à règler : sortir de l'Euro, de l'Europe, de
l'OTAN, établir une tradition de secret bancaire datant du
Moyen-Age. Facile.
</p>
<p>
Nous pensons d'ailleurs que d'autres pays pourraient faire
pareil. Nous suggérons à l'Espagne d'être comme le Bahrein ; l'Italie
pourrait imiter le Singapour, et l'Irelande le Hong Kong.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-13548823560077612392012-10-12T21:58:00.002+02:002012-10-12T23:04:04.392+02:00Ebuzzing : un classement insignifiant
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Il y a, depuis hier soir, une petite échauffourée dans la blogosphère,
entre les Left<sub>blogs</sub> et la société Ebuzzing, responsable du classement
des blogs politiques, l'ancien classement Wikio. Est en cause la
présence dans le classement d'un non-blog, accessoirement d'extrême
droite. En effet, fdesouche ne fait que de publier des liens vers des
articles de presse pouvant conforter son xénophobe dans leurs
opinions. Si je trouve parfaitement normal que des blogs d'extrême
droite aient leur place dans la blogosphère (et il y en a : celui de
Rioufol par exemple), un aggrégateur de liens n'est pas un blog, et
en laissant ses commentateurs faire le sale boulot, cette machine
communautaire fait entrer, de façon détournée et sans possiblité de
vrai débat de blog à blog, une énorme quantité de n'importe quoi
haineux.
</p>
<p>
Mais l'échauffourée en question ne concerne pas directement fdesouche,
mais la société Ebuzzing.
</p>
<p>
Quelques réactions des confrères :
</p>
<ul>
<li>
Juan <a href="http://sarkofrance.wordpress.com/2012/10/11/chappaz-veut-il-nous-arnaquer-avec-ebuzzing/">Chappaz veut-il nous arnaquer avec Ebuzzing ?</a>
</li>
<li>
Bembelly <a href="http://bembelly.wordpress.com/2012/10/12/ebuzzing-delit-dinitie-en-blog-major/?like=1&_wpnonce=77bf915850">eBuzzing: Délit d’initié en blog Major…</a>
</li>
<li>
Jegoun <a href="http://www.jegoun.net/2012/10/ebuzzing-n-pas-les-blogs-c-dommage.html">Ebuzzing n'aime pas les blogs, c'est dommage !</a>
</li>
<li>
Alter-oueb <a href="http://www.alter-oueb.fr/2012/10/ebuzzing-devient-une-vieille-pute/">Ebuzzing devient une vieille pute</a>
</li>
</ul>
<p>
Et ma réaction ?
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
En somme, eBuzzing maintient un non-blog d'extrême droite contre toute
logique. C'est une décision politique.
</p>
<p>
Comme le soulignent bien les confrères que j'ai cités, il semblerait
que l'algorithme du classement aurait été modifié afin de favoriser
une représentation plus équilibré de la blogosphère
politique. Autrement, casser l'influence des Left<sub>blogs</sub>. La logique
étant qu'avec l'élection de Hollande, c'était le tour de la droite
d'apprendre à bloguer.
</p>
<p>
Et là, je pourrais presque être d'accord, tellement les algorithmes de
ce type, et l'idée même d'un classement par "influences" sont
arbritraires. Le problème, c'est que la seule explication que je
trouve pour le maintien d'un site comme fdesouche, c'est que quelqu'un
veut préserver artificiellement un équilibre préconçu (non
algorithmique). Il fallait des xénophobes, et comme Rioufol ne
suffisait pas, on laisse une sorte d'agrégateur/forum.
</p>
<p>
Pour moi donc, le classement est cassé, encore plus qu'avant. Une
orientation politique et publicitaire s'infiltre dans les
resultats. Depuis des années, ce blog, par exemple, est considéré
comme "multithématique" et non "politique". Quand on regarde les
thèmes que je traite, on se pose des questions : "économie",
"xénophobie", "nicolas sarkozy", "françois hollande"… Des doutes sur
la qualité du travail.
</p>
<p>
Ou est-ce simplement parce que depuis belle lurette je n'affiche plus
le <i>widget</i> Wikio ou eBuzzing, c'est-à-dire que je ne participe plus
au petit jeu ? Cela m'est égal. Complètement égal. Je ne suis pas le
"380e blog multithématique", parce qu'aucun mot dans cette expression
n'a de sens. 380e : pourquoi ? "multithématique" : ridicule. "Blog" :
fdesouche n'est pas un blog.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
<
</p>
<p>
Donc il faut ignorer le classement. Il est arbitraire, et désormais
orienté politiquement.
</p>
<p>
Je ne pars pas, car je n'y suis pas. Le classement n'est un classement
que si on y croit. Je n'y crois plus. C'est un peu comme les Mormons
qui baptisent nos ancêtres. Si vous n'y croyez pas à ces baptèmes,
leur paperasse n'aura pas beaucoup d'impact sur votre vie.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-76280357711731666062012-10-11T15:17:00.000+02:002012-10-11T17:46:47.498+02:00Dette : prenez vos billets pour la nouvelle crise
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
C'était le <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/06/la-bce-laisse-son-principal-taux-directeur-inchange-a-0-75_1756687_3234.html">6 septembre</a>. Mario Draghi a annoncé un soutien "illimité"
aux pays de l'eurozone menacés par leurs dettes. Le mot "illimité" a
produit un certain effet et a servi à rassurer les requins. Les taux
payés par l'Espagne et l'Italie <a href="http://www.bfmtv.com/economie/taux-vive-detente-lespagne-litalie-grace-a-bce-333006.html">baissent aussitôt</a>. Tout le monde est
content. L'euro est sauvé !
</p>
<p>
Pourtant, un peu comme avec les forfaits téléphoniques illimités, il y
a des clauses en bas du contrat qu'il faut lire. Et la condition
essentielle du soutien illimité de la BCE oblige le pays demandeur
d'aide de se soumettre aux "réformes" préconisées par la BCE. Pour
avoir une idée de ce à quoi ressemblent de telles réformes, je vous
invite de regarder un peu la Grèce.
</p>
<p>
Un mois plus tard, les choses semblent s'être calmées. L'Italie
emprunte à des <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/tu-comprends-cest-structurel.html">taux raisonnables</a>, malgré une récession dure et des
déficits qui explosent, malgré ou plutôt à cause de plusieurs
politiques <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/09/pendant-ce-temps-en-italie.html">d'austérité et de libéralisation</a>.
</p>
<p>
Pourtant…
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
En Espagne, cela se passe encore moins bien. <a href="http://www.rtbf.be/info/economie/detail_s-p-degrade-l-espagne-et-cible-les-errements-de-toute-la-zone-euro?id=7853915">Standard & Poors</a> vient de
baisser l'Espagne à BBB- avec perspective négative, c'est-à-dire à un
cran des "junk bonds", <i>malgré</i> le soutien illimité de la BCE, qui
reste, néanmoins, potentiel.
</p><blockquote>
<p>"L'intensification de la récession est en train de limiter les mesures
que peut prendre l'Etat espagnol", écrit l'agence dans un
communiqué. "La hausse du chômage et les restrictions budgétaires sont
susceptibles d'intensifier le mécontentement social et de contribuer
aux fictions existantes entre le gouvernement fédéral espagnol et ceux
des régions", ajoute le texte.
</p>
</blockquote>
<p>
C'est sans doute lucide, mais guère encourageant. S&P reconnaît que
l'Espagne ne peut rien faire, la situation sociale étant déjà pire que
chaude. Pire encore, les autres pays de l'Europe seraient réticents de
prendre en charge la dette des banques espagnoles.
</p><blockquote>
<p>L'agence […] a des "doutes sur l'engagement de certains
gouvernements de la zone euro à mutualiser les coûts de la
recapitalisation des banques espagnoles"
</p>
</blockquote>
<p>
La situation en Grèce a montré qu'il fallait attendre le plus
longtemps possible pour sauver les pays en difficulté, sans quoi on
passe à côté de ces crises qui permettent à l'Europe de se définir.
</p>
<p>
Donc, actuellement, le problème c'est que l'Espagne <i>pourrait</i>
demander de l'aide au BCE, mais ne le fait pas, parce que, évidemment,
le pays est déjà sur le point d'exploser et que plusieurs tours de vis
supplémentaires pour satisfaire la BCE ne vont pas améliorer
particulièrement la situation. Donc l'Espagne traîne des pieds, joue
la montre, mettant ainsi en cause le principe même du soutien
illimité.
</p>
<p>
D'où <a href="http://www.ft.com/intl/cms/s/0/dca55090-135a-11e2-bca6-00144feabdc0.html">la crainte</a> d'une nouvelle envolée des taux :
</p><blockquote>
<p>The ECB’s commitment to do “whatever it takes” to counter perceptions
of a eurozone break-up by buying a potentially unlimited amount of
government debt has dented Spanish borrowing costs in recent months,
on the expectation that Madrid will sign up to the commitments on
economic reforms and fiscal retrenchment that are needed to trigger
bond buying by the central bank. However, officials fear that if Spain
continues to refuse help and the ECB remains on the sidelines, yields
on peripheral debt will once again rise.
</p>
</blockquote>
<p>
Si, politiquement, il est impossible pour un pays (et pas seulement
l'Espagne, mais n'importe quel pays qui se retrouve aux abois) de
demander l'aide à la BCE, c'est comme si la promesse de soutien
"illimité" n'a jamais existé.
</p>
<p>
En même temps, <a href="http://www.challenges.fr/europe/20121009.CHA1732/bce-mario-draghi-dit-non-a-la-planche-a-billets.html?xtor=RSS-81">Draghi</a> réaffirme que cela ne saurait être autrement :
la BCE ne fera jamais tourner la plance à billets :
</p><blockquote>
<p>"La BCE ne peut s'engager dans du financement monétaire et ne peut pas
remplacer l'action des Etats membres (de la zone euro). Il est trop
facile de penser que la BCE peut remplacer l'action des gouvernements
ou leur manque d'action en imprimant de la monnaie. Cela n'arrivera
pas", a dit Mario Draghi lors de son audition devant la Commission des
affaires économiques et monétaires du Parlement européen
</p>
</blockquote>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Concrètement, nous voilà au point de départ, à nouveau : tout doit
être réglé par l'austérité, et c'est tout. Préparons nous pour un
nouveau chapitre dans la Crise de la Dette, qui finira, dans six mois
(donc juin 2013 à peu près), par une nouvelle mesure qui aura des
allures définitives, mais qui s'avérera à son tour insuffisante.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-50282761412452538812012-10-09T15:18:00.001+02:002012-10-09T15:18:35.428+02:00Austérité, croissance, char, boeuf
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
<i>Mediapart</i> publie une série de débats sur le TSCG. Voici un extrait
de <a href="http://www.mediapart.fr/journal/france/081012/tscg-le-debat-pierre-laurent-pcf-karine-berger-ps?page_article=3">celui entre Pierre Laurent (PCF) et Karine Berger (PS)</a> :
</p><blockquote>
<p><b>Pierre Laurent</b>. L’engagement de François Hollande, c’est même 0 % de
déficit en 2017.
</p>
<p>
<b>Karine Berger</b>. 3 % de déficit pour la France, c’est le moment où la
dette arrête d’augmenter toute seule. Pour nous-mêmes, nos enfants,
la capacité de mettre en place des politiques de gauche dans ce pays
un jour de manière forte, avec des marges de manœuvre et des progrès
sociaux, nous devons d’abord stopper l’emballement de la dette.
</p>
</blockquote>
<p>
La réponse de Karine Berger est sans doute la défense la plus claire
et la plus cohérente possible de la position du Président et du
gouvernement, à la fois en termes de perspective économique et
garanties politiques à gauche.
</p>
<p>
Être "<a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/07/lennemi-de-la-finance.html">l'ennemi de la finance</a>" voudrait
dire : libérer la France des financiers en réduisant la dette. Et le
grand redressement des comptes publics ne serait que la prélude à une
nouvelle politique de gauche, à mettre en place sans doute pendant un
éventuel second quinquennat de François Hollande.
</p>
<p>
On dit qu'il manque à Hollande "<a href="http://m.lesechos.fr/france/il-manque-encore-un-grand-dessein-un-grand-recit-0202257721132.htm">un grand récit</a>" à raconter à la
France. Celui-là pourrait jouer ce rôle.
</p>
<p>
Ce serait un beau récit, une belle histoire. Et pourtant, je n'y crois
pas.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Le problème n'est pas forcément l'intention. Cette stratégie à long
terme qui serait admirable, même, si la grande purge budgétaire
permettait d'aboutir à un avenir plus certain, où l'Etat retrouverait
ses marges de manoeuvre sociales et pourrait commander plus de respect
vis-à-vis du monde de la finance.
</p>
<p>
Le problème est d'y arriver. L'essence du récit, c'est la douleur
d'abord, le bonheur après. Il faut souffrir maintenant, vous allez
être récompensé après. C'est un peu <a href="http://www.capital.fr/bourse/actualites/pour-angela-merkel-l-europe-doit-faire-les-efforts-necessaires-758832">le message de Merkel</a>, qui a
néanmoins une autre finalité politique.
</p>
<p>
Le problème, c'est que l'austérité ne permet pas de redresser les
comptes publics. En <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/pendant-ce-temps-en-italie.html">Italie</a>, l'austérité produit encore plus de
récession, qui fait augmenter encore plus les déficits. <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/10/austerite-tu-mauras-pas.html">L'austérité généralisée en Europe</a> va être encore pire.
</p>
<p>
Or, pendant la campagne, Hollande était plus lucide. Il a dit
clairement que <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/01/26/97001-20120126FILWWW00727-hollande-equilibre-impossible-sans-croissance.php">sans croissance</a>, le retour à l'équilibre était
impossible. Cela paraissait logique, et les expériences de l'Italie et
de l'Espagne confirment cette analyse, qui date de janvier 2012.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Le risque, aujourd'hui, est que deux, trois, quatre, cinq années
d'austérité ne donnent rien, ni en termes de croissance, ni en termes
d'équilibre budgétaire, exactement comme François Hollande, candidat,
aurait prédit. Tout le monde aura souffert, mais pour rien.
</p>
<p>
Bien sûr, la croissance ne peut pas être seulement française. J'en
suis bien conscient. L'austérité européenne risquerait d'absorber
rapidement les largesses de l'Etat. C'est un problème. On peut aussi
avoir des doutes sur l'efficacité d'une relance par la consommation,
puisque les télés plates viennent toutes de l'étranger. C'est bon pour
la <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/vous-etes-stupide.html">Fnac</a>, mais pas pour Alsthom ou pour le menuisier du coin.
</p>
<p>
Ce n'est pas facile. Mais ce n'est pas une raison non plus de croire
aveuglement aux bienfaits de l'austérité.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-85204784949346770052012-10-07T15:21:00.000+02:002012-10-07T21:51:40.787+02:00Austérité, tu m'auras pas<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0Aq3Yy6MxGxTmtgZxHEJTWfyxX2ymEWp27voEFUxHV-c714lVKNnhetON-ElKhOHB98bALxea4OWSJUUMvafrr6Uyzu2Gu3L1q_gxom5GfXncczUIHwcnNfw0_9-YIXTuZnsICHNxPGl4/s1600/handcuffs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left:1em; margin-right:1em"><img border="0" height="214" width="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0Aq3Yy6MxGxTmtgZxHEJTWfyxX2ymEWp27voEFUxHV-c714lVKNnhetON-ElKhOHB98bALxea4OWSJUUMvafrr6Uyzu2Gu3L1q_gxom5GfXncczUIHwcnNfw0_9-YIXTuZnsICHNxPGl4/s320/handcuffs.jpg" /></a></div>
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Enfin, si. Tu m'auras. Tout est parti pour.
</p>
<p>
La semaine dernière, j'ai parlé de <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/09/pendant-ce-temps-en-italie.html">l'Italie</a>, où la politique
d'austérité a permis de doper la récession tout en creusant encore
plus les déficits. (<a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/tu-comprends-cest-structurel.html">Tout va bien</a>, finalement, car les nouveaux
déficits, dûs à l'austérité, ne sont pas de la même nature que les
anciens.)
</p>
<p>
Selon <a href="http://www.capital.fr/bourse/actualites/pour-angela-merkel-l-europe-doit-faire-les-efforts-necessaires-758832">Angela Merkel</a> (et bien d'autres), il faut que ça fasse
mal. C'est en se faisant mal qu'on se fait du bien. On peut aussi se
faire du bien en faisant mal aux autres. Les deux vont ensemble.
</p>
<p>
François Hollande, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac restent donc à
l'intérieur du <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/le-pour-et-le-contre.html">consensus austère</a>.
</p>
<p>
Cahuzac a dit <a href="http://www.liberation.fr/economie/2012/10/05/pigeons-face-aux-patrons-cahuzac-reconnait-une-erreur_851127">hier</a> :
</p><blockquote>
<p>Est-ce que c’est agréable de lever l’impôt ? Non. Mais, à court terme,
l’endettement public crée la récession
</p>
</blockquote>
<p>
J'aimerai savoir précisément pourquoi il pense que l'endettement
public crée la récession. L'exemple italien, comme les exemples espagnol
et grec, montrent qu'à court terme, l'austérité crée la récession. Le
mécanisme est simple : l'austérité enlève de l'argent de l'économie et
donc la ralentit l'activité. L'endettement peut provoquer une hausse
des taux d'intérêt payés pour financer la dette, créant les spirales
qu'on a vues chez les voisins. Mais cela n'a pas encore eu lieu en
France et n'explique pas la récession.
</p>
<p>
Et puis, il n'est pas nécessaire de chercher l'explication de la
récession : la (ou les) crise(s) financière qui n'étaient pas
provoquée(s) par les budgets des Etats de l'Union Européenne.
</p>
<p>
Il semble, hélas, que le Parti Socialiste a intégré totalement la
doctrine qui, il n'y a pas si longtemps, étaient réservée à la droite
libérale, l'ex-UDF en particulier. Un exemple parmi d'autres :
Catherine Trautmann, dans un débat avec Barbara Romagnan, chez
<a href="http://www.mediapart.fr/journal/international/280912/traite-europeen-le-debat-trautmannromagnan?page_article=3">Mediapart</a> :
</p><blockquote>
<p>Qu’on ait des règles de résorption du déficit et de résolution de la
dette, c’est la condition indispensable d’assainissement de nos
économies. La France doit redresser ses comptes et faire face à ses
obligations de contributeur.
</p>
</blockquote>
<p>
Nous avons internalisé la lubie anti-keynésienne. Les dettes
souveraines ne sont pas la cause de la crise, mais la crise révèle une
faiblesse dans la structure de l'union monétaire, qui fait que
désormais il n'y a plus qu'une seule manette sur laquelle les Etats
peuvent tirer : le dosage de l'austérité. Tout le reste est bloqué :
relâchement monétaire, taux d'intérêt, inflation.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
En regardant à l'extérieur de l'eurozone, il est plus facile de
trouver des analyses pertinente de la situation. Et pas chez des
économistes chevelus élevant des chèvres à mi-temps.
</p>
<p>
Voici <a href="http://blogs.telegraph.co.uk/finance/ambroseevans-pritchard/100020504/multiplying-europes-fiscal-suicide-technical/">un édito fascinant d'Ambrose Evans-Pritchard</a>, journaliste
économique du <i>Telegraph</i>, qui s'intitule : "Multiplying Europe's
fiscal suicide (technical)". Je suis tombé dessus en lisant <a href="http://www.forbes.com/sites/timworstall/2012/10/04/eurozone-why-the-austerity-solution-is-doomed-to-failure/">le blog d'un libéral</a> anglais (au sens français) qui écrit pour Forbes (pas
tellement chevelus non plus).
</p>
<p>
La base de l'argument sur le "suicide fiscal" est le thème, qui
devrait être familier maintenant, selon lequel les politiques
d'austérité, couplé au contexte international moribond, va simplement
faire en sorte que les pays de l'Europe vont se couler tous les uns
les autres. (Et comme l'austérité initiale ne suffira pas de la
récession, mais va nous y enfoncer, il faudra aller plus loin dans
l'austérité afin de s'enfoncer encore davantage.)
</p>
<p>
Ce qui est nouveau dans l'analyse de Evans-Pritchard, c'est que,
d'après lui en tout cas, les calculs actuels, qui prévoient une
reprise si seulement les états réduisent un peu leur voilure, sont
basés sur des formules de l'IMF qui s'appliquent <i>à des pays où l'inflation et la dévaluation sont possibles</i>.
</p>
<p>
Le calcul en question concerne le <i>fiscal multiplier</i> – "effet
multiplicateur" en français. D'après <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_multiplicateur">Wikipédia</a> :
</p><blockquote>
<p>la variation du montant d'une dépense peut avoir un effet
multiplicateur sur le revenu national ou l'activité économique
générale.
</p>
</blockquote>
<p>
C'est la ratio entre une augmentation ou une baisse de dépense
publique, et l'augmentation ou la baisse du PIB qui en résulte.
</p>
<p>
Dans le cas précis, il s'agit de déterminer l'effet d'une réduction
des dépenses. Evans-Pritchard explique :
</p><blockquote>
<p>The Teuto-Calvinists believe – or profess to believe, since much of
their dogma is national self-interest dressed up as theory – that the
fiscal multiplier is around 0.5.
</p>
<p>
That is to say, fiscal retrenchment worth 1pc of GDP will cut output
by half as much, or around 0.5pc over two years. There is pain, but at
least there is gain.
</p>
<p>
This is based on the IMF's analysis of fiscal crises over the decades.
</p>
</blockquote>
<p>
Cela veut dire, si j'ai bien compris, qu'une baisse de 1 % en
dépenses, ne provoque qu'une réduction de 0,5 % du PIB. C'est donc
rentable, car on gagne plus en réduction qu'on ne perd en PIB. "<i>There is pain, but at least there is gain.</i>"
</p>
<p>
C'est la théorie qui justifie l'idée selon laquelle un redressement
des comptes aboutit à une reprise de l'économie.
</p>
<p>
Le problème, c'est jusqu'à présent, cela ne se passe pas comme ça :
</p><blockquote>
<p>Well, it has not worked out like that. Ireland has contracted at
nearly seven times the speed, Spain four times, and Greece three
times.
</p>
</blockquote>
<p>
Donc, si j'ai compris, pour 1 % de baisse des dépenses en Irelande,
l'économie s'est contractée de 7 %. 4 % en Espagne et 3 % en Grèce.
</p>
<p>
Quel est le problème, donc ?
</p>
<blockquote>
<p>So what went wrong? It is blindingly obvious. The IMF data […] is
based on past cases where individual countries were able to claw their
way out of trouble by exporting to a healthy global economy, usually
by devaluing first and often by slashing interest rates as well.
</p>
<p>
Greece, Spain and Italy cannot devalue. Most of Europe is tightening
fiscal policy in lockstep. They are all dragging each other down. It
is synchronised policy suicide.
</p>
</blockquote>
<p>
Le principe d'un effet multiplicateur positif vient des cas de pays
qui pouvaient contrôler leur monnaie, leurs taux d'intérêt, et
exporter vers une économie mondiale en bonne santé. Pour la Grèce,
l'Espagne, l'Italie… et la France, aucune de ces conditions n'est
présente. Pire encore, les exportations en Europe sont majoritairement
vers d'autres pays européens. Comme ils sont tous convaincus que
l'austérité va les sauver, ils sont tous plus ou moins en récession,
ou vont l'être bientôt, ce qui rend de moins en moins probable un
sauvetage par l'exportation. Même en Chine, <a href="http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202257204060-severe-coup-de-frein-pour-les-exportations-chinoises-360218.php">les exportations baissent</a>.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Nous avons décidé – poussés bien sûr par les marchés financiers --
que l'austérité va nous sauver. C'est devenu presque une religion. Il
faut y croire, sinon vous êtes devant la perspective une récession de
plus en plus dure et de plus en plus longue.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-47947712449961563952012-10-03T14:40:00.000+02:002012-10-03T14:40:15.287+02:00Les Pigeons (#geonpi) sont vraiment des pigeons
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Une petite note sur les "#geonpi", qui s'avère une intoxication
politique de grand niveau.
</p>
<p>
D'abord, il faut absolument lire <a href="http://n.survol.fr/n/plus-values-a-60-encore">ce billet excellent</a>, qui écrasent les
arguments larmoyants des Pigeons, et remet de l'ordre dans les
chiffres. Par exemple :
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<blockquote>
<p>En ajoutant les prélèvements sociaux et la CSG (qui sera déductible,
donc un peu moins forte), on devrait arriver à un peu moins de
51%. C’est certes beaucoup, mais ce n’est pas pas 60%. Pour arriver à
cette imposition à 51%, il aura fallu que notre entrepreneur gagne 36
fois le revenu annuel du foyer médian français. Ça commence à faire
pas mal.
</p>
</blockquote>
<p>
Ou encore :
</p><blockquote>
<p>Quand je parle de 36x le revenu du foyer médian, pour être imposé au
taux pré-cité, ce doit être la moyenne du gain annuel de notre
investisseur, pas une activité ponctuelle. Pour notre entrepreneur qui
garde ses titres 12 ans et qui ne fait pas juste un coup financier, il
aura gagné 432 fois le revenu annuel du foyer médian, soit
l’équivalent de 10 vies de travail d’un foyer median complet.
</p>
</blockquote>
<p>
Ensuite, <a href="http://sarkofrance.blogspot.fr/2012/10/geonpi-qui-nous-prend-pour-des-pigeons.html">Juan</a> explose l'imposture idéologique :
</p><blockquote>
<p>Ils ont d'abord placé le minuscule relèvement des cotisations sociales
des autoentrepreneurs en tête de gondole de leur revendication. Ces
gens-là s'y connaissent en marketing. Pour défendre la rente, la
plus-value ou le dividende, il vaut mieux d'abord invoquer le
travailleur pauvre. La moitié des autoentrepreneurs ne génère aucun
revenu. La démagogie est sans limite … et contre-productive.
</p>
</blockquote>
<p>
Effectivement, c'est très parlant de montrer de valeureux petits gars
qui veulent un sous de plus, pour protéger les intérêts du grand
capital. Les commentaires qu'on voit un peu partout montrent que les
gens dans le brouillard le plus total sur les deux questions, celle
des autopreneurs comme celle des plus-values. Bientôt vous allez que
les AE passent dans tranche des 75 % et que tous leurs revenus vont
être chez Chavez.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Au delà de la manipulation, on constate que "les gens" veulent être
des victimes des méchants socialistes.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com42tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-51454949070191876862012-10-01T22:25:00.000+02:002012-10-01T22:29:18.117+02:00Autoentrepreneurs : il ne faut pas subventionner la précarité
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Le titre du papier de <i>L'Expansion</i> est plaisant : "<a href="http://lexpansion.lexpress.fr/economie/hausse-des-cotisations-les-auto-entrepreneurs-crient-a-l-assassinat_342085.html">Hausse des cotisations: les auto-entrepreneurs crient à l'assassinat</a>". C'est une
question complexe, qui fait ressortir des clivages parfois
inattendus. Ainsi, le fait "de relever les taux forfitaires pour les
rapprocher de ceux des indépendants", comme l'affirme le ministère du
Commerce et de lArtisanat, par souci "d'équité" (les artisans avaient
crié à l'assassinat les premiers). Ce n'est pas la première fois
depuis la rentrée que nous entendons des cris de "Au voleur ! à
l'assassin !", et ce n'est sûrement pas la dernière.
</p>
<p>
La question devient celle savoir ce qui est la réponse véritablement
"de gauche" à la question de l'autoentreprise. Ainsi, Henri Novelli se
veut le défenseur des pauvres :
</p><blockquote>
<p>Le père de l'auto-entreprenariat, Hervé Novelli, a pour sa part
dénoncé ce week-end " une mise à mort progressive des
auto-entrepreneurs", ajoutant que la mesure, "véritable agression
contre les travailleurs pauvres", allait faire "revenir le travail au
noir". (Du même article.)
</p>
</blockquote>
<p>
(Notons au passage que tout le monde parle de "mort".)
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Ce qui apparaît à travers cette petite dispute, où d'un côté il y des
morts, et de l'autre un petit ajustement des taux, c'est que le statut
d'autoentrepreneur créé en 2009, est une subvention. Au-delà des
facilités d'inscriptions et les arrangements du rythme des
cotisations, l'essentiel du statut est dans le "cotiser moins pour
travailler plus".
</p>
<p>
Est-ce une subvention utile ? Je ne dis même pas : "est-ce équitable
?" Est-ce utile ?
</p>
<p>
La création d'entreprises est utile à la société et à l'économie. Il
est normal de favoriser la création de nouvelles entreprises, compte
tenu du risque que prennent ceux qui s'y lancent. Favoriser les PME,
et à plus forte raison la création des PME, cela fait partie de ce
débloquage et cette décentralisation de l'économie qui devraient
favoriser les entrants talentueux qui aujourd'hui ont du mal à trouver
leur place.
</p>
<p>
Mais…
</p>
<p>
Les autoentrepreneurs ne sont pas des autoentrepreneurs. La majorité
d'entre eux, en tout cas. Ils ne créent pas des entreprises ; ils
travaillent. Henri Novelli le dit bien : ce sont des "travailleurs
pauvres". Le but du statut était de dépénaliser le travail au noir, en
contournant (grâve aux subventions) l'État providence. Vous vous
souvenez de l'obsession sarkozyënne : libérer le travail, pas taxer le
travail.
</p>
<p>
C'est pour cela que le statut de l'autoentrepreneur, avec ses
cotisations allégées, est comparable à aux heures supplémentaires
défiscalisées. Les deux sont des subventions pour faire travailler
en réduisant la participation au collectif.
</p>
<p>
Si on imagine une extension à l'absurde du principe, on imagine
facilement que n'importe quel travail pourrait devenir simplement un
service, y compris les ouvriers dans les usines qui ne seraient plus
des salariés mais des préstataires qui enverraient des factures à la
fin de la journée (et qui seraient payés six mois plus tard). Je ne
pense pas que cela se produira autrement que dans les fantasmes des
libéraux, mais parfois l'absurde aide à mettre les idées en place. On
connaît les images des fermiers californiens qui ramassent des
clandestins mexicains tous les matins comme journaliers. Tous des
autoentrepreneurs ?
</p>
<p>
Je disais que les taux favorables des cotisations sociales de
l'autoentrepreneur était une subvention, et que la vraie question
était de savoir si c'était une subvention efficace. Ce serait efficace
si la structure de l'autoentrepreneuriat favorisait la véritable
création de véritables entreprises. Or, justement par sa légèreté, le
format semble plutôt introduire une nouvelle forme de précarité,
justement en marge du système actuel. Quand on sait, qu'après trois
ans, 90 % des autoentrepreneurs <a href="http://www.insee.fr/en/themes/document.asp?ref_id=ip1414">gagnent moins que le SMIC</a>, on voit que
ce ne sont en effet que des heures supplémentaires sans salaire de
base.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
La règle à appliquer, pour cette subvention, est, à mon avis, la
suivante : <b>il ne faut pas subventionner le précariat</b>.
</p>
<p>
Les <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/05/les-lois-hartz-et-le-contre-modele.html">lois Hartz</a>, en Allemagne, ont avec leurs <i>mini-jobs</i> effectivement
fait baisser le chômage, mais au prix de très forte précarité, et une
concentration de la misère sur une portion grandissante de la
population qui ne vit que petits de boulots très mal payés. Plutôt que
<a href="http://allemagne-et-plus.a18t.net/?p=728">les intégrer dans le marché du travail</a> et de les booster vers un
travail plus stable, ces lois ont transformé ce marché, en
encourageant les entreprises à faire appel à du précaire chaque fois
qu'il est possible. Et pourquoi ne feraient-ils pas ? Les charges sont
moindres, ou même inexistantes, de même que l'engagement de
l'employeur. Et, en prime, les salaires sont très bas. Subventionnez
la précarité, et elle fleurit.
</p>
<p>
Pour finir, je reviens à mon idée, <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/05/precarite-et-modele-social-une-idee.html">lancée il y a quelques mois</a>. Plutôt
que de donner de l'argent à ceux qui exploitent le plus, il faudrait
que les cotisations patronales soient calculées en fonction du coût
social du travail. Un CDD au SMIC à mi-temps a gros coût
social. L'employeur devrait payer l'avantage qu'il retire de cette
précarité. En revanche, lorsqu'une boîte garde un salarié jusqu'à
l'âge de la retraite, cela pourrait être récompensé.
</p>
<p>
En somme : subventionnons les choses utiles, pas la misère.
</p>
<p>PS : Voir aussi <a href="http://politeeks.info/auto_entrepreneur_pigeon">Dagrouik</a> et <a href="http://sebmusset.blogspot.fr/2012/09/autoentrepreneurs-reforme.html">Seb Musset</a>.</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-23232854644772000932012-09-30T15:41:00.002+02:002012-09-30T15:41:47.868+02:00Vous êtes stupide
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Ce n'est pas moi qui le dis, mais la Fnac. Je vais sortir des thèmes
habituels aujourd'hui. Ebuzzing considère encore que je suis un blog
"multi-thématique" (et pas politique), donc j'ai le droit.
</p>
<p>
L'autre jour, je suis tombé à un envoi publicitaire de la Fnac,
qui crée la Fnac Pro, apparemment des produits et services qui visent
surtout les professions libérales. Décryptons…
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
En couverture : une photo, "Louise, avocat", jolie brune, milieu de
trentaine, les mains sur un clavier d'ordinateur, calculatrice et
imprimés officiels sur sun bureau. Et qu'est-ce qu'elle dit, Louise ?
</p><blockquote>
<p>Moi je suis spécialiste en droit pénal, pas en imprimante.
</p>
</blockquote>
<p>
A l'intérieur, d'autres rejoignent Louise. Jacques, par exemple. Lui,
il est "chef de laboratoire". Blouse blanche, stéthoscope autour du
cou, la soixantaine bien sonné, calvitie, cheveux gris,
lunettes. Qu'est-ce qu'il dit, Jacques ?
</p><blockquote>
<p>Mon truc c'est la microbiologie, pas les micro-processeurs.
</p>
</blockquote>
<p>
Le tour de Véronique ensuite. Brune, milieu de vingtaine, l'air pas
contente. Elle est conseil en communication. Et pourtant qu'est-ce
qu'elle dit ?
</p><blockquote>
<p>Tout ce que je sais, c'est qu'une imprimante, ça sert à imprimer.
</p>
</blockquote>
<p>
En somme, ce sont des pros. Ils font des trucs pointus,
intelligents. On les admire. On les envie. Et pourtant, vous les
mettez devant un ordinateur et ils demandent à quoi sert le
mulot. Heureusement pour eux, la Fnac Pro est là.
</p>
<p>
Prenons "Olivier. courtier en assurances". Chemise, pas de
cravate. Pose devant des rayons de dossiers. La trentaine, cheveux
courts, bien coiffé mais le regard malheureusement un peu vide.
</p><blockquote>
<p>Sur les primes d'assurance, je suis imbattable ! En revanche sur les
tablettes numériques…
</p>
</blockquote>
<p>
Le pauvre. Ils auraient prendre Jacques pour les tablettes. Parce que
notre super courtier, s'il confond iPad et EPAD, on se dit qu'il n'est
pas si imbattable que ça.
</p>
<p>
"Antoine", genre jeune loup, est agent immobilier.
</p><blockquote>
<p>Les seuls objectifs qui me parlent sont des objectifs de business.
</p>
</blockquote>
<p>
Olivier aurait pu lui expliquer comment prendre une photo
d'appartement avec son EPAD. Mais Antoine veut un vrai appareil
photo. C'était malin de pas nous montrer un photographe qui dirait :
"je connais la photo, mais pas les appareils".
</p>
<p>
La palme va sans doute à Marie. Encore une jeune brune en robe noire.
Elle est comptable indépendant.
</p><blockquote>
<p>S'il fallait en plus que m'y connaisse en logiciels informatiques…
</p>
</blockquote>
<p>
Parce qu'habituellement elle fait tout sur papier, avec un crayon et
une gomme ? Elle va compter un vendeur de la Fnac pour lui expliquer
comment ouvrir une feuille Excel ? La compta est l'un des métiers qui
sont tellement informatisés, que les deux compétences sont réellement
inséparables.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Vous avez donc compris le truc. Vous n'êtes pas stupide, vous. Pour
conquérir le marché des "pros", la Fnac doit d'abord leur expliquer
qu'ils sont des <a href="http://www.neuneu.org/">neuneus</a>, qu'ils ne comprennent rien et qu'ils ont
besoin de la gentille Fnac pour les aider. Leur <i>fail</i> vient du fait
que nous ne sommes plus en 1997, et que les "pros" savent brancher un
ordinateur, ils ont compris ce qu'est une tablette. Les comptables
utilisent même des logiciels informatiques. Et depuis 1997, tous ces
outils sont devenus beaucoup plus simple.
</p>
<p>
Or, les pros de la Fnac ne proposent pas, à ce que je vois,
grand'chose au-delà des conseils de vente. Ce sont donc des vendeurs,
comme on les connaît : "C'est un peu plus cher, mais pour bosser
confortablement il vaut mieux prendre le modèle avec 1200", puis,
l'année suivante : "celui-ci n'a que 1200, donc c'est un peu
juste. Pour être bien, c'est mieux d'avoir au moins 1800". En somme,
étendre leur modèle grand public aux pros. Ce qui veut dire que le
modèle grand public, c'est le même, sans la partie "pro". Dans "je
suis un pro, mais je suis stupide", il faut supprimer tout ce qui
précède le deuxième <i>je</i>. Si vous ne comprenez pas ce que je veux
dire, allez acheter un EPAD à la Fnac.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-33579281634589907562012-09-29T22:11:00.000+02:002012-09-29T22:11:29.011+02:00Le pour et le contre
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Depuis quelques jours et quelques billets, j'essaie de me positionner
par rapport aux perspectives offertes par le hollandisme naissant, et
surtout celle de ce TSCG qui se profile. Le problème, c'est ce que,
comme dirait Zuckerberg, "c'est compliqué".
</p>
<p>
Tentative de tout démêler.
</p>
<p>
(Note aux lecteurs non-blogueurs : quand je n'écris pas, je peux avoir
des idées très floues sur toutes ces questions ; c'est seulement quand
il faut commencer aligner des mots et des arguments que les choses se
précisent dans mon esprit, fût-ce provisoirement. C'est une grosse
partie de l'intérêt du bloggage. Au risque de paraître comme un vieux
grincheux, le tweet, parcellaire par essence, ne provoque pas le même
processus.)
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Sur le fond, donc, je reste profondément anti-austérité. C'était ce
que je voulais montrer à propos <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/09/pendant-ce-temps-en-italie.html">de l'Italie</a>, où nous avons non
seulement la démonstration que l'austérité mène vers plus de déficits,
et pas moins, mais la démonstration totalement folle que dans ce cas,
les déficits ainsi engendrés n'ont pas de conséquence, <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/tu-comprends-cest-structurel.html">du moment que les gens souffrent</a>. Et c'est pour cela que je regrettais le fait la
gauche française, comme la plupart des gauches du monde, avaient
<a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/09/absence-de-gauche.html">renoncé à remettre en question</a> la logique des grands flux financiers,
et de construire une alternative crédible au grand consensus dit
"néolibéral" qui désormais nous gouverne.
</p>
<p>
Et bien sûr, François Hollande reste sagement à l'intérieur de ce
consensus. Certains éléments de son discours de campagne laissaient
entendre que ce ne serait pas ainsi : l'accent mis sur la croissance,
la renégociation du TSCG, l'ennemi de la finance. On peut être <a href="http://www.marcvasseur.info/index.php/2012/09/10/francois-hollande-il-a-prefere-queuille-a-roosvelt/">décu</a> :
</p><blockquote>
<p>D’ailleurs quand François Hollande cible désormais le déficit
budgétaire en lieu et place de la finance comme ennemi, on peut penser
que la « révolution » keynesienne est abandonnée en rase campagne.
</p>
</blockquote>
<p>
Pourtant, Hollande avait aussi promis le retour à l'équilibre
budgétaire, en partie grâce à une croissance future. A droite on ne
l'a pas cru, et à gauche, secrètement, on n'y a pas cru non plus.
</p>
<p>
Bref, sur ce point essentiel, on espérait plus de
"changement". J'accuse, en premier, l'absence d'une alternative
suffisamment crédible, suffisamment tiède pour un gouvernement de
centre gauche. La situation européenne n'arrange rien, et la pression
financière n'est pas imaginaire. Même si nous trouvons qu'elle est
injustifiée, immorale et inique, elle ne va pas disparaître parce
qu'on n'y croit plus. Pas quand la dette publique dépasse <a href="http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40">90 % du PIB</a>. (Pour rappel : en 2007, quand tout était encore possible, la
dette n'était que de <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2007/09/28/la-dette-de-la-france-atteint-deux-tiers-du-pib-un-niveau-record_960638_3234.html">66 %</a>. Et on trouvait que ça faisait beaucoup
déjà.)
</p>
<p>
Cela ne devrait pas nous surprendre de voir qu'un parti comme le PS,
avec son passé et ses idées, ne lance pas la France toute seule dans
un combat international contre la finance, qui, en l'état actuel des
équilibres politiques voudrait dire, entre autres, la sortie de
l'Euro. Si on accepte (provisoirement) que cela ne pouvait qu'être
ainsi, que François Hollande n'allait pas tout faire péter, il reste
des différences énormes avec l'action qu'aurait été celle d'un Nicolas
Sarkozy réélu, même si, encore une fois, les deux sont
fondamentalement d'accord sur le fait que la crise est la faute des
états qui ne maîtrisent pas leurs budgets.
</p>
<p>
J'aime bien ce passage du dernier <a href="http://blog.mondediplo.net/2012-09-26-En-sortir">Lordon</a> :
</p><blockquote>
<p>On rappellera tout de même que la dette publique espagnole passe de
36,1 points de PIB en 2007… à 68,5 en 2011 – multipliée par
deux. Celle de l’Irlande, de 25 à 108 % sur la même période –
multipliée par quatre, qui dit mieux ! On défendra difficilement la
thèse qu’Espagnols, ou Irlandais se sont jetés frénétiquement sur les
médicaments ou bien ont décidé de partir en retraite à 40 ans (comme
les traders, au passage) : c’est le désastre de systèmes bancaires
irresponsables qu’ils ont sur les bras.
</p>
</blockquote>
<p>
Donc, je disais : il reste des différences énormes. La TVA sociale
contre les nouvelles impositions sur les riches, sur le capital, sur
les grandes entreprises. Le fait de préserver l'éducation des
coupes. Il y a là de profondes différences avec la droite, et sur des
questions essentielles. Dans les choix, à l'intérieur certes de la
même analyse, la différence est très significative. Pour l'efficacité,
on ne sait pas encore.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Que faire de tout cela ? Faut-il taper sur Hollande et Ayrault, ou
bien les défendre ? Faut-il être intransigeant, <a href="http://sarkofrance.wordpress.com/2012/09/29/critiques-de-tous-les-pays-unissez-vous/">critique</a> voire
grognon ?
</p>
<p>
<a href="http://libreaffichage.blogspot.fr/2012/09/la-contrariete-de-gauche-existe.html">Elooooody</a> se posait la question, pour conclure :
</p><blockquote>
<p>Il me semble aussi que le Gouvernement n'a pas besoin de moi pour se
faire taper dessus. D'autres s'en chargent. Et c'est précisément parce
que d'autres s'en chargent que je préfère parfois défendre ce qu'il
fait de bien.
</p>
</blockquote>
<p>
Ce n'est pas simple, et je pense qu'au final, la réponse à la question
"taper ou défendre" dépend moins d'une orientation politique que du
choix de rôle que fait tel ou telle blogueuse ou
blogueur. Personnellement, je revendique une certaine <a href="http://pire-racaille.blogspot.com/2012/07/blogs-de-gauche-un-contre-pouvoir-quand.html">intransigeance</a>,
parce que le parti au pouvoir a un peu plus les moyens de se défendre
tout seul, parce qu'il représente désormais le Pouvoir, et le
gauchiste s'en méfie toujours un peu, ou beaucoup, et surtout il faut
du désaccord pour avancer le débat.
</p>
<p>
Pour finir, donc, je suis contre le <a href="http://politeeks.info/vilain_tscg_4">vilain</a> TSCG parce qu'il symbolise
en le concrétisant le consensus financier qui nous a mis dans cette
situation. Je renconnais en même temps que la situation actuelle ne
laisse presque pas marge de manoeuvre. Je n'aime pas la situation.
</p>
omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-86114304847922254972012-09-28T22:44:00.002+02:002012-09-28T22:44:54.811+02:00Tu comprends, c'est structurel
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
L'autre jour je me suis penché sur le cas de <a href="http://pire-racaille.blogspot.fr/2012/09/pendant-ce-temps-en-italie.html">de l'Italie</a>, où
l'austérité bat son plein, ou son vide, ou son bide, depuis un an,
avec plusieurs tours de vis consécutifs, assortis à des
libéralisations censées libérer la croissance captive. Le resultat,
comme on sait, est une récession bien plus dure que ce que les
chantres de l'austérité – pourtant ceux qui "savent", n'est-ce pas ?
– avaient prévu.
</p>
<p>
Et tout cela est bien documenté, et ne fait même pas débat. Mais ce
qui est véritablement tordu, c'est que la véritable explosion des
déficits italiens n'inquiète pas tellement les marchés, ni les
partenaires européens (c'est-à-dire : Merkel), alors que le but de
l'austérité n'est autre que d'éviter les déficits. L'Italie s'endette
comme avant, voire encore davantage, mais cela n'a plus d'importance
puisque elle souffre, et l'important est de souffrir, car la
souffrance rassure la finance.
</p>
<p>
Voilà, donc, où nous en étions. Mais depuis ce billet, j'ai appris
qu'il y avait décifit et déficit, et que cela change absolument tout.
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<p>
Oui, il y a "déficit structurel" et "déficit conjoncturel", et cela
n'a rien à voir.
</p>
<p>
Voici comment l'explique <a href="http://www.mediapart.fr/journal/france/270912/3-de-deficit-lan-prochain-vers-la-fin-du-tabou">Mediapart</a> :
</p><blockquote>
<p>Mais, dans le même temps, le premier ministre, qui se rendra mardi
devant les députés pour défendre la ratification du traité européen
sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), trouve au
texte concocté par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel une vertu
essentielle : celle, justement, de remettre en cause le mode de calcul
du déficit en parlant de « déficit structurel ». C'est une notion
beaucoup plus souple qui vise à exclure les dépenses conjoncturelles
en temps de crise, voire les investissements d’avenir (routes, réseaux
de télécommunication, transition énergétique par exemple).
</p>
</blockquote>
<p>
La définition de <a href="http://blog.mondediplo.net/2012-09-26-En-sortir">Frédéric Lordon</a> est sans doute plus claire :
</p><blockquote>
<p>Derrière ce morceau totalement baroque, il y a toute l’incertaine
macroéconomie des « soldes structurels ». Très simple à définir vu de
loin – le solde structurel est le déficit que l’on constaterait si
l’économie était au plein emploi des capacités de production –, le
critère TSCG est redoutablement insaisissable quand il s’agit de
l’évaluer de près.
</p>
</blockquote>
<p>
On voit déjà l'idéologique pointer son nez. Si je comprends bien, la
sécurité sociale serait forcément à mettre du côté du "structurel",
car ni nombre de malades, ni le coût de leurs soins ne varient selon
l'état de l'économie. Les retraites : même chose. L'assurance chômage,
en revanche, pourrait être considérée comme conjoncturelle, puisque le
chômage devrait baisser en cas "plein emploi des capacités de
production". Sauf que, bien sûr, nous avons le chômage structurel. En
voici <a href="http://www.eclaireco.org/Chomage">une explication</a> qui sent un peu l'approche de paradis libéral :
</p><blockquote>
<p>Cette persistence d'un taux de chômage élevé montre qu’il ne s’agit
pas d’un chômage keynésien, conjoncturel, qui serait un simple
accident de parcours résorbé dès le retour de la croissance. Il s’agit
bien d’un chômage structurel, qui reflète toutes les maladies de
l’économie française, et ne disparaîtra pas sans réelle réforme de
fond (c’est-à-dire une réforme sans commune mesure avec les actions
entreprises jusqu’à présent).
</p>
</blockquote>
<p>
Donc des dépenses comme le RSA : structurelles, bien entendu ! Sans
parler évidemment des fonctionnaires, de la défense. On finit par
comprendre, à regarder les seules dépenses et non le manque à gagner
dû à une récession, que tout déficit est effectivement
structurel. C'est ce que dit Lordon :
</p><blockquote>
<p>derrière leurs prétentions de parfaite objectivité, les partis pris «
métriques » de la Commission tendent à systématiquement minimiser
l’écart conjoncturel, c’est-à-dire à proclamer que la presque totalité
du déficit est du déficit structurel – à réduire à la schlag, ce qu’il
fallait démontrer. Nous tolérerons les déficits conjoncturels, jure le
TSCG… sauf que les biais délibérés de ses méthodes de calcul attestent
déjà que jamais elles ne détecteront de déficit susceptible d’être
qualifié de conjoncturel…
</p>
</blockquote>
<p>
Pour simplifier, il est donc permis (je l'autorise) de dire que le
déficit structurel est celui qui va vers de gens : salaires,
retraites, indémnités, etc. Tout ce qui est conjoncturel va vers des
entreprises : investissements. C'est la même logique qui fait que les
entreprises, même celles qui sont profitables, cherchent toujours à
réduire leur "masse salariale" mais ne réchignent pas devant de très
importants investissements.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Pour un pays, bien sûr, c'est plus compliqué. Donc on revient à la
définition de base : les déficits seront tolérés tant que vous montrez
que rien n'est dépensé pour alléger la souffrance des gens.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-617230637706820962.post-16867902100737357692012-09-27T15:43:00.001+02:002012-09-27T15:44:11.291+02:00Pendant ce temps, en Italie...
<div class="oeufs-2"> </div>
<p>
Evidemment, on parle de l'Espagne, à juste titre. Comme exemple,
l'Italie est sans plus proche de la France. D'abord par la taille de
son économie, mais également par sa chronologie, étant encore posée au
bord du précipice.
</p>
<ul>
<li>
<a href="http://www.humanite.fr/monde/italie-nouvelle-vague-de-mesures-dausterite-votees-au-senat-483500">Novembre 2011</a> : "Italie : nouvelle vague de mesures d'austérité
votées au Sénat" (celles de Berlusconi)
</li>
<li>
<a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/12/04/le-gouvernement-italien-examine-de-nouvelles-mesures-d-ajustement_1613225_3234.html">Décembre 2011</a> : "Le gouvernement italien adopte un nouveau plan
d'austérité." (celles de Monti)
</li>
<li>
<a href="http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120705trib000707606/une-piqure-de-rappel-d-austerite-pour-l-italie.html">Juillet 2012</a> : "Une piqûre de rappel d'austérité pour l'Italie"
</li>
</ul>
<p>
On ne se contente pas non plus de couper les dépenses, on fait dans la
réforme structurelle aussi :
</p>
<ul>
<li>
<a href="http://www.france24.com/fr/20120121-rome-adopte-vaste-plan-liberalisation-relancer-croissance-monti">Janvier 2012</a> "Rome adopte un plan de libéralisation pour relancer
la croissance"
</li>
</ul>
<p>
Et le résultat ?
</p>
<a name='more'></a>
<div class="oeufs-4"> </div>
<ul>
<li>
<a href="http://www.france24.com/fr/20120312-italie-zone-euro-recession-croissance-pib-baisse-monti-austerite-economie-europe">Mars 2012</a> : "Plombée par l'austérité, l'Italie plonge dans la
récession"
</li>
<li>
<a href="http://lecercle.lesechos.fr/economistes-project-syndicate/autres-auteurs/221147645/lausterite-mauvais-remede-a-crise-europeenne">Juin 2012</a> : <i>Les Echos</i> s'inquiètent : "L'austérité, mauvais remède
à la crise européenne" (Mais attention, c'est l'avis d'une
économiste américaine.)
</li>
</ul>
<p>
Et enfin :
</p>
<ul>
<li>
<a href="http://bourse.lesechos.fr/forex/infos-et-analyses/l-italie-revoit-a-la-hausse-ses-previsions-de-deficits-809787.php">Septembre 2012</a> : "L'Italie revoit à la hausse ses prévisions de
déficits"
</li>
</ul>
<p>
Même en termes d'assainissement des comptes publics, c'est pire que du
sur-place. L'austérité coûte plus cher que l'absence d'austérité :q
</p>
<blockquote>
<p>La récession qui frappe l'Italie sera deux fois plus violente cette
année qu'estimé initialement et elle se poursuivra l'an prochain, a
annoncé jeudi le gouvernement en relevant ses prévisions de déficits
et de dettes, en dépit des mesures d'austérité annoncées ces derniers
mois.
</p>
<p>
Rome prévoit désormais une contraction de 2,4% du produit intérieur
brut (PIB) cette année, un chiffre doublé par rapport aux prévisions
présentées en avril.
</p>
<p>
Cette dégradation se traduit mécaniquement par un creusement du
déficit budgétaire: il devrait représenter 2,6% du PIB, contre 1,7%
prévu au printemps, et 1,8% l'an prochain, contre 0,5%.
</p>
</blockquote>
<p>
Mais, et c'est là où cela devient bizarre, Monti explique que de toute
façon il fallait passer par là pour garder un peu d'influence auprès
des interlocuteurs européens :
</p><blockquote>
<p>"Si l'Italie ne poursuivait pas résolument sur la voie qu'elle a
empruntée, les marchés ne se contenteraient pas d'envoyer des signaux
négatifs mais l'Italie aurait plus de difficulté pour continuer à
exercer l'influence qu'elle a récemment exercée sur la scène politique
et économique européenne", a dit le président du Conseil.
</p>
</blockquote>
<p>
Vous êtes dans une récession pour rien, avec son lot de chômage et de
souffrances, les déficits explosent et la perspective pour l'avenir
est pire que plombée, mais… c'est bien, parce que sinon l'Europe
vous auriez laisser tomber.
</p>
<p>
Pour les marchés, <a href="http://bourse.lesechos.fr/forex/infos-et-analyses/l-italie-adjuge-e5-437-mds-de-dette-rendements-en-baisse-810896.php">c'est pareil</a> :
</p><blockquote>
<p>ROME, 25 septembre (Reuters) - L'Italie a adjugé mardi 5,437 milliards
d'euros de dette à deux, quatre et neuf ans, un montant qui se situe
juste en-dessous de la fourchette annoncée, avec des rendements en
nette baisse.
</p>
</blockquote>
<p>
Tout va bien, on prête sans trop compter. Bien sûr, la BCE est plus ou
moins derrière. Mais, en principe, la crainte des marchés étaient que,
sans "réformes", les déficits exploseraient. Voilà qu'ils explosent
quand même, et du coup ce n'est pas grave, puisqu'au moins <i>l'économie italienne n'en profite pas</i>.
</p>
<div class="oeufs-16"> </div>
<p>
Autrement dit, les déficits ne sont pas graves du moment que vous
faites souffrir les gens. A la base, il faut de la douleur. C'est le
message <a href="http://www.capital.fr/bourse/actualites/pour-angela-merkel-l-europe-doit-faire-les-efforts-necessaires-758832">d'Angela Merkel</a> :
</p><blockquote>
<p>La chancelière allemande Angela Merkel a estimé mardi que l'Europe ne
pourrait sortir plus forte et compétitive de la crise actuelle que si
ses membres mettaient en place de douloureuses réformes et optaient
pour des politiques budgétaires plus responsables.
</p>
</blockquote>
<p>
Il faut que ça fasse mal. L'argent, la dette, tout cela est
secondaire. Mais il faut souffrir. Y a que ça de vrai.
</p>omelette16oeufshttp://www.blogger.com/profile/18026028318019982092noreply@blogger.com2