Lundi soir j'écoutais un peu par hasard l'ignoble Brice Hortefeux, pardon, Colonel Hortefeux, comme Olivier Bonnet nous le rappelle, sur France Inter, dans l'émission Le franc parler. (On peut même encore l'écouter, mais pour l'instant je n'ai ni le temps ni le courage.)
Bref, Hortefeux parle à la radio. Je ne l'avais pas encore entendu parler et, ayant manqué le début de l'émission, je suis surpris d'apprendre que la voix que j'écoute appartient à notre Ministre de la Haine, du Racisme et du Codéveloppement.
Hortefeux, est, en réalité, une sorte de Sarkozy bis, du moins dans la parole. Il a exactement les mêmes tics que le Très Grand Homme (TGH), les mêmes astuces verbales pour prendre le dessus sur ses intervieweurs : appeler les journalistes par leurs noms, un peu comme les innombrables "Madame Royal" du débat; les tournures faussement pédagogiques, surtout "premier élément"; un ton où se mélangent le mieleux et l'autoritaire; et surtout des renversements démagogo-rhétoriques qui font appel aux bons sentiments et au bon sens, genre vous pouvez dire ça, mais ce n'est pas du tout ma conception de la démocratie. (Cela n'est pas une citation.) Il faudrait sortir toute l'histoire des relations entre les deux hommes pour savoir qui a été à le maître et qui l'élève, mais il est évident qu'il y a une sorte de fusion entre le TGH et celui qu'on appellait naguère son "porte-flingue".
Sur le fond, je n'ai pas entendu grand'chose de nouveau. Là où les choses se sont un peu corsées, c'était lorsque l'intervieweur a attaqué, et assez franchement, sur la question des électeurs Front National. Pourquoi risquer la polématique avec le test génétique, si ce n'est qu'un "détail" et ne va servir que dans très peu de cas (18 mois d'expérimentation, seulement quelques pays, etc.). Hortefeux monte sur ses grands chevaux démocratique pour d'abord féliciter Sarkozy d'avoir réduit le score du FN (comme si le mal était le parti lui-même, et non les idées du parti), et ensuite pour faire l'éloge des électeurs ex-FN, dont les voix comptent autant que les autres.
Hortefeux ne pouvait pas dire "oui, bien sûr, on monte ce machin génétique pour récompenser nos électeurs d'extrême droite" évidemment. Son éloge des électeurs de l'extrême droite était une manière de le dire sans le dire, et de signifier qu'en effet Sarkozy soigne ses relations avec l'extrême droite. Hortefeux, malgré toutes ses prétentions, est chargé d'être ignoble afin de préserver ces voix ignobles qui resteront l'une des clefs d'une éventuelle réélection en 2012.
Autrement dit, il faut bien dire des tests génétiques, de la chasse aux clandestins, qu'ils sont le contrepoids de l'ouverture, la garantie d'un ancrage bien, bien à droite qu'une petite partie de l'électorat ne manquera pas de comprendre.
Le Colonel Hortefeux a dit quelque chose d'encore plus grave.
RépondreSupprimerIl a dit clairement qu'il n'y avait pas lieu de critiquer la politique d'immigration menée depuis l'élection de Sarkozy puisque cette politique était approuvée par les électeurs de Sarkozy.
Ce qui fait des détracteurs de cette politique des anti-démocratiques, purement et simplement.
C'est très vicieux, comme raisonnement. Et ça a beau être habituel, impossible de s'y habituer ! D'ailleurs, il ne faut surtout pas s'y habituer !
Bises et bonne après-midi.
PS : le 20 octobre, journée de mobilisation nationale contre la loi Hortefeux (à l'appel de RESF, UCIJ et CSP). Départ de Belleville (Paris) à 14h30
nous l'avons donc écouté ensemble...
RépondreSupprimerHortefeux absent de l'inauguration de la cité de l'immigration. Il y a des symboles qui, à 48heures d'intervalles, ruinent la crédibilité d'un mec...
Toute cette justification morale qui passe comme lettre à La Poste (enfin, quand c'était public !) sans que les journalistes ne relèvent quoique ce soit, c'est écœurant.
RépondreSupprimerComme le dit FloPy se referer snas cesse à l'élection comme s'il s'agissait d'un blanc seing donné par les électeurs de manière globale est assez antidémocratique mais ne heurte aucun présentateur…
:-)
flo py & filaplomb,
RépondreSupprimerLe rouleau-compresseur de la "légitimité démocratique" était déjà en marche avant l'élection. Depuis l'élection, on nous sert le programme du candidat Sarkozy comme justification universelle de toutes ses "réformes". C'est une posture pour le moins contradictoire : se réclamer de cette légitimité démocratique pour avancer des mesures qui nous semblent assez peu démocratiques, et surtout comme manière de balayer toute résistance...démocratique. Légitimité autocratique...?
Juan,
Je pense que Hortefeux ne cherche à être crédible qu'aux yeux des électeurs qui pourraient hésiter entre Sarkozy et le FN. Participer à l'inauguration de la Cité de l'Immigration, ç'aurait été une sorte de compromission pour lui, vis-à-vis de ce public un peu particulier.