Sur les mouvements sociaux, le PS a été inaudible, invisible. On a du mal a ne pas être d'accord avec Julien Toledano, contre la position molle de François Hollande et donc du PS. En disant que le PS fut "inaudible", je ne fais que reprendre Manu Valls, qui disait l'autre jour dans Libé :
On vient encore de le constater face au dossier des régimes spéciaux de retraite sur lesquels nous sommes inaudibles. Le PS crève de ses fausses synthèses au nom de l'unité.
Inaudibles, tiens! Et Valls, l'a-t-on entendu, sur ces régimes spéciaux? Voici ce qu'il avait à en dire, ce grand réfondateur:
Le député PS Manuel Valls a dit dimanche 18 novembre être favorable à l'alignement des régimes spéciaux de retraite sur ceux de la fonction publique. Alors qu'il était interrogé par France 2, le député de l'Essonne a déclaré: "oui, il faut harmoniser les régimes spéciaux sur les 40 années de cotisation de la fonction publique". Il a également affirmé que le PS "aurait dû être plus clair" sur ce sujet pendant la campagne présidentielles.
Quel courage, qu'est-ce qu'il est audible! Tout en reprenant la ligne du parti, et donc celle de Hollande, il trouve le moyen d'en faire une critique du PS, plutôt qu'avec, par exemple, du Président de la R. Non, le plus grave, c'est que le PS aurait dû être "plus clair" là-dessus.
Ainsi, les appels à la réfondation sonnent de plus en plus creux. Que Hollande ait une grande part de responsabilité dans la situation actuelle, c'est une évidence. Encore que... comme une famille classiquement dysfonctionnelle, c'est peut-être moins la faute de celui qui a maintenu ce que Valls appelle les "fausses synthèses", que celle, collective, de tous ceux qui étaient plus confortable dans un statu quo consensuel mais pleins de non-dits, que dans le danger d'un réel changement de cap. L'ironie de l'histoire, c'est que celle qui a osé brisé le consensus, c'était quand même Ségolène Royal, qui avait des relations familiales d'une autre sorte avec le Premier Secretaire.
Mais revenons à Valls, et aussi à Gorce, qui dressait, il n'y a que quelques jours, "l'acte de décès du socialisme traditionnel":
"De l'autre, a-t-il poursuivi, les rénovateurs qui pensent au contraire que nous sommes entrés dans un monde radicalement nouveau et que la fidélité à nos valeurs doit s'accompagner d'une révision complète et sans tabou de notre projet politique."
[...]
Il a dénoncé "l'attentisme" qui «trouve toujours de nouveaux prétextes pour ne rien changer" et ce qu'il a appelé "l'arrangisme".
Cette attitude, selon lui, "se donne aujourd'hui libre cours" dans le parti. Elle "consiste à opérer les recompositions, les alliances, les futures synthèses, sans aucun rapport avec les questions de fond, sans souci de l'orientation politique commune, en continuant à brouiller les repères et les enjeux".
Ce sont les mêmes thèmes que Valls : mauvaise "synthèse" hollandaise, modernisation dont on ignore le contenu véritable. Quand je parlais de la stratégie Valls, en septembre, il était clair que la modernisation à laquelle il faisait sans cesse appel, c'était en réalité le sarkozysme, tout simplement. Cette analyse tient encore, à mon avis. Mais maintenant que les choses se précisent davantage, on s'aperçoit que le discours de ces "réfondateurs" est tout simplement une manière de profiter de la faiblesse du PS pour s'imposer comme une alternative, sans rien proposer.
Combien de fois faut-il que Dagrouik nous rappelle que le PS n'a pas besoin de se réfonder pour reconnaître le marché ? La "réfondation", telle qu'elle se présente, est simplement une manière de prendre le pouvoir, et en quelque sorte de prolonger le jeu des personnes qui a si bien réussi jusqu'à présent.
j'irais même jusqu'à dire que certains membres du PS sont bien contents que les réformes les plus dures et les plus nécessaires selon eux (tain c koi etre de gauche?) soient faites par Sarkosy et ils ne reviendront jamais dessus...
RépondreSupprimerMouiais... certains le pensent, sûrement, il y a un peu de tout au PS. Je trouve dommage que le parti, ou une partie du parti, continue à relayer cette idée que tout ce que fait Sarkozy est inévitable, la marche de l'Histoire.
RépondreSupprimerSur les retraites, par exemple, tout le monde semble d'accord qu'il faut rallonger la durée de cotisation. Sauf que les entreprises, elles, sont très heureuses de virer leurs vieux, trop chers. Si l'on augmente la durée de cotisation pour que les gens partent au chômage plutôt qu'à la retraite, est-ce qu'on a gagné qqch?
Mais poser des questions comme ça, questionner les grands "consensus" de Sarkozy, c'est devenu, du moins pour les zomzpolitiques, complètement démodé.
la pédagogie c l'art de répéter... la meilleure stratégie pour faire rentrer dans la tête des gens une idée, même stupide, inique ou infondée, mais qui a l'air "évidente", c'est de la marteler, et même les socialistes (enfin pas tous) ont le crâne mou...
RépondreSupprimermoi je propose un casque à la Magneto, peut être que nos representants seraient moins perméables... (oui je c je delire, mais des fois je suis desepérée)
Tout à fait d'accord sur le bourrage de crâne généralisé.
RépondreSupprimerPeut-être que le taser n'est pas une si mauvaise idée, après tout?
Ce qui m'inquiète le plus dans tout ça, c'est qu'arrivent les municipales et on a toujours un PS en "reconstruction". Va pitêtre falloir se presser...
RépondreSupprimerUn PS qui ne fait qu'accompagner le libéralisme est-il encore socialiste ?
RépondreSupprimerDe plus en plus, je reponds non à cette question. Le rôle de la gauche est encore et toujours, pour moi, d'inventer autre chose.
Valls n'en fait de toute façon pas parti !
Tu as bien raison sur Sego, elle est la seulle ces dernieres annees à avoir remis en route le PS, à le faire avancer un peu…
:-)
@homer: Et si le PS prend une claque aux municipales, les Gorce et Valls vont se déchaîner de plus belle. Mais je ne pense pas qu'il y aura de claque.
RépondreSupprimer@filaplomb: ce qui m'énerve le plus, c'est que l'accompagnement du libéralisme, comme tu dis, se fait dans la peur d'énoncer la moindre critique du libéralisme. Il faut être d'accord sur à peu près tout. Effectivement, à ce moment là, la seule différence d'avec la droite qui reste, c'est le style.
Quant à Ségo, oui, elle a déjà fait plus pour réfonder le PS que tous les autres zozos. Les premiers appels à la rénovation, juste après le 6 mai, sonnaient déjà un peu creux, et maintenant c'est évident. Quand on a qqch à dire ou à proposer, on le propose. On ne passe pas son temps à dire qu'il faut réfonder.
juste une question on fait quoi une synthèse à la con comme d'hab ? avec fabius, les anciens dsk, delanoe, aubry, hollande, ça fait juste 10 à 15 ans qu'ils sont à la tête du parti
RépondreSupprimermarc
http://marc.vasseur.over-blog.com/
@marc,
RépondreSupprimerD'abord : bienvenu. Ensuite : non, il ne faut pas relancer des synthèses à la con. J'ai l'impression que Valls et cie nous conduiraient vers une autre synthèse tout aussi néfaste, celle du socialisme comme "sarkozysme lite", sous prétexte d'être modernes.
Surtout, les appels à la rénovation sonnent de plus en plus (pour moi en tout cas), comme une tentative de s'imposer dans le même jeu d'éléphants qui a si bien réussi jusqu'à présent...
Bref, la solution, il faut la chercher ailleurs. On a dit de Ségolène Royal qu'elle n'était pas assez socialiste, mais au moins elle avait déjà une vision, certes incomplète, de ce que pouvait être un nouveau PS. Les autres, j'ai l'impression, continuent à tourner en rond.