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6 avril 2008

Ségolène Royal : doit-elle s'exprimer?

Ségolène Royal sort dix suggestions de réflexion pour le PS, et soudain j'ai l'impression d'être retourné dans le temps d'une quinzaine de mois. Ce qui surprend le plus, dans la force des différentes réactions, c'est que finalement la question devient tout de suite la légitimité non des questions elles-mêmes, mais de la démarche : Ségolène Royal a-t-elle le droit de poser des questions en public ?

J'exagère, mais très peu. Commençons par la presse. Dans le papier de Libé on lit par exemple:

Du côté de François Hollande, on regrette cette initiative «parallèle» au travail «collectif» mis en place par la rue de Solférino.

Qu'est-ce que cela veut dire, au faut, le "parallèle" contre le "collectif"? Est-il illégitime de faire appel aux militants PS, voire au public des "sympathisants"? Est-ce véritablement contre l'esprit collectif? Dans le football, il est reproché à certains joueurs de ne pas jouer "collectif"; alors ils jouent trop "perso". Ce n'est pas évident que la comparaison entre le PSG et le PS tienne la route, pourtant : poser des questions au plus grand nombre, est-ce vraiment jouer perso?

Pourtant, on peut se demander comment Royal peut en faire moins : ce ne sont que des questions, après tout, mais même ça, même la réflexion ouverte est soupçonnée de manoeuvre pour tout récupérer pour elle. Je cite l'un de nos plus fervents trolls de gauche, qui commentait ici :

Ce que certains n'ont pas compris, c'est que nous socialistes ne voulons pas travailler pour Ségolène Royal mais pour le Parti Socialiste. Toute intervention venant de Ségolène Royal est très mal vu car ce sera considéré comme une tentative de récupération. Et pour l'instant, il y a une chose que je ne veux pas, c'est me faire récupérer par Royal.

Vous avez bien lu : "toute intervention venant de Ségolène Royal est très mal vu". Elle ne peut pas avoir raison, sauf, à la rigueur, en se taisant.

La distinction entre le "collectif" et le "parallèle" en dissimule (mal), une autre : celle entre une parole maîtrisée par l'appareil socialiste, et une parole ouverte, j'allais dire "libre", au risque de paraître trop lyrique. Le lyrisme serait de trop, car il ne s'agit que de questions, encore une fois. Même pas une modeste proposition, mais des questions.

Pourquoi Ségolène Royal doit-elle se taire ? Justement parce qu'elle est populaire, qu'elle est une figure de premier plan. Personne ne s'énerve quand un cadre de second plan intervient dans Le Monde pour proposer telle ou telle réfondation ou reconstruction, car ce n'est qu'Untel. Quand c'est Royal qui parle, soudain l'intégrité même de nos chères institutions est menacée.

Hier, Dagrouik avait un mot qui m'a fait rire (c'était chez Nicolas, dans les commentaires) :

Grand jeu du WEEK-END: expliquez moi comment on prend le PS de force, vous avez le droit de faire des dessins ou des textes.

Voilà : même si Ségolène Royal devait se faire élire par les militants, ce serait illégitime, un coup d'état, la "force". La démocratie, c'est bien gentil, mais il faut jouer "collectif"... La popularité de Ségolène Royal l'oblige à se taire, sa popularité rend illégitime tout ce qu'elle peut dire.

Cernons un peu mieux cette alternative collective et la manière dont les initiatives ne doivent pas être "parallèles". Les initiatives doivent, semble-t-il, coller à la structure hiérarchique du Parti, celle des Fédérations, de tout cet organigramme qui me reste assez obscur, pour tout avouer, moi humble sympathisant. Vu de loin, ce système semble conserver quelque chose de féodal, avec des instances diverses qui permettent de décider ce qui va remonter ou pas. Loin de moi de remettre en cause ce qui m'échappe totalement, du moins pour ce qui est de la gestion du Parti. En revanche, pour ce qui est de la gestion de la parole et des idées, je ne vois pas l'intérêt de limiter les réflexions et les discussions à ces parcours complexes et, je devine, semés d'embuches.

Le resultat, c'est qu'on se retrouve dans cette position étrange où l'on doit défendre l'idée même de poser des questions et de discuter ouvertement des orientations du PS. Plutôt que de parler sans cesse de la forme des débats, de la légitimité de ceux qui débattent, passons à la réflexion elle-même.

10 commentaires:

  1. Pas un coup de force, mais un coup dans l'eau malheureusement. Ce n'est pas dans ce blog que je parlais hier d'aveuglement ?

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  2. Tiens, oui, c'était ici... mais qui est aveugle? (je ne vois pas...)

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  3. Tout ça n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

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  4. Très bon billet qui rappelle que les mots utilisés sont assez guerrier : prendre de force, c'est violent.

    Sinon, je n'ai toujours pas vu les dessins pour "prendre de force" le PS. Je peux envoyer un mail à Michealski pour lui suggérer une idée peut être ?

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  5. ce qui est inteéressant c'est qu'on commence à trouver la génèse du concept de "coup d'état" il suffit de passer son temps sur quelques blogs, de cliquer, de mémoriser, de rechercher dans ses flux RSS, bases de données et hop : on trouve. Je garde ça au chaud.

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  6. Pour un dessin, une suggestion à faire à Pierre Ballouhey ?
    Quant au fond, plus rien ne m'étonne des "zéléfans", les mêmes à qui l'on doit la défaite et de subir la pire régression sociale depuis 60 ans !
    J'ai précisément repris ma carte du PS en juillet 2007 pour avoir le droit de l'ouvrir et ne pas les laisser saccager davantage notre "maison commune".
    Quand je vois au hasard d'articles dans la presse les noms de tous ces "prétendants" ils ma paraissent tous ridicules...
    Leur haine anti-Ségolène a quelque chose de monstrueux. Rien ne les arrête, eux-mêmes, pour jouer "perso" quand cela les arrange mais si c'est Ségolène Royal, alors "rien ne vas plus" !
    Pour ce qui est de "l'appareil", ils me font penser aux staliniens d'hier et de partout.
    J'ai repris les "10 questions" de Ségolène Royal parce qu'elles me paraissent frappées au coin du bon sens et présenter succintement les questions essentielles que je me pose depuis au moins 20 ans, quant à la bonne marche du PS et ce que devrait faire un "parti de gouvernement" quand il est "aux affaires"...
    Ils sont d'autant plus risibles qu'ils semblent oublier que la préparation d'un Congrès implique que les militants aient à se prononcer sur des "motions" lesquelles émanent soit de tendances déjà constituées soitde personnalités du PS. Et que celles-ci présentent des projets plus ou moins contradictoires (sinon à quoi bon ? pour relayer des querelles de personnes ? il y a des choses plus intéressantes en politique !).
    mais puisqu'apparemment, c'est la guerre, et malgré ma fatigue, je suis prête à reprendre mon bâton de pélerine pour aller défendre la motion qui sera vraisemblablement présentée par Ségolène Royal, dans les sections où aucun(e) militant(e) ne la défendra... A condition que l'on nous informât de la date et de l'heure des réunions (j'ai déjà connu ce type d'obstruction de la Fédé du Val d'Oise quand Valls présidait a ses destinées !)
    Vu le nombre de visites sur la note où j'ai repris les "10 questions" de Ségolène Royal, il me semble que cette question ne laisse pas grand monde indifférent et c'est en soi déjà une très bonne chose.

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  7. Cette nuit je n'avais pas fait attention à ton "troll" socialiste... "Nous les socialistes" se permet-il de dire ! Serais-je moins socialistes que lui ? Et s'il y a bien quelque chose au monde qui me met en rage ce sont ces socialistes qui se permettent de parler au nom de tous ! "Nous les socialistes" ! Ah ! non ! alors... Il parle pour lui mais sûrement pas pour mémé Kamisole ! qui n'est d'ailleurs pas la seule, parmi les militant(e)s de base à continuer de soutenir Ségolène Royal... Dugenou : rendez-vous en novembre !

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  8. Très bon billet de bon sens tout comme la démarche de ségolène Royal qui est est également une démarche de bon sens.
    On se demande en effet si au PS on on sait encore ce que signifie "iberté d'expression".

    David75

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  9. à savoir: ce qui gêne c'est que cambadélis avait proposé que le congrès permettent de trancher 10 questions, par vote des militants. le problème est qu'on suppose que les candidats soient chargés d'y répondre pour permettre un choix

    ségo utilise la democratie participative à sa sauce pour laisser penser ensuite que tout ce qu'elle dit n'est pas de son fait mais est "la parole des français". d'ailleurs après ça pas besoin d'essayer de convaincre, puisque c'est ce que veulent les français...

    hollande a donc raison de dire que ce qui est demandé aux "candidats", c'est de s'attacher à convaincre (étant donné qu'on suppose qu'ils ont quelque chose à dire).

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  10. Tu as raison et en même temps, je peux me dire que la grande force de la droite, c'est de toujours parler d'une seule voix.
    Par exemple si tous les proto candidats du PS semettent à suivre leur propre ligne, ça va être un peu le bordel, non ?
    Sur ce plan, Hollande a raison !
    Cela dit tu soulèves un point intéressant sur le blocage anti-Ségo !
    :-)

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