Le chômage, c'est la faute des chômeurs. C'est connu. "On ne travaille pas assez en France." Pire encore, on empêche les gens de travailler, "Il faut laisser les gens bosser" dit notre Très Grand Homme (TGH) (source). Et quelle meilleure façon de les en empêcher, que de leur fournir des allocations chômage ?
Supprimer donc les allocations est une façon de supprimer le chômage. La dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs ayant au moins 57 ans est traitée maintenant carrément comme une interdiction pour nos pauvres séniors de chercher du boulot. Ils voudraient bosser, mais l'Etat-Providence ne veut pas. Du coup ils restent chez eux et dépriment.
Christine Lagarde avait bien appris sa leçon de com':
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a confirmé, jeudi 17 avril, sa volonté de lever la dispense de recherche d'emploi (DRE) pour les chômeurs de plus de 57 ans et demi, estimant que ceux-ci "doivent pouvoir chercher du travail".
"...doivent pouvoir chercher du travail." Comme si aujourd'hui il leur était impossible de chercher du travail s'ils n'en avaient l'obligation.
Encore une fois, on tartine la vérité de stupidités - ici des "vieux qu'on ne laisse pas bosser" - pour escamoter la véritable question, celle d'une dévalorisation des retraites. Oui : dévalorisation des retraites. Allez vendre ça à ceux qui vous ont élu, Monsieur Président.
Ainsi, le TGH dénonçe le "racisme de l'âge" :
Lors d'une table ronde sur le travail des seniors, le chef de l'Etat a dit vouloir dénoncer le "gâchis" et le "racisme de l'âge" que constitue, en France, la mise à l'écart d'actifs de plus de 50 ans.
Avec un taux d'activité des 55-65 ans à 38%, la France est loin de la moyenne européenne de 43,5% et d'un taux de 58% au Royaume Uni, de 62% aux Etats-Unis, de près 70% en Suède ou de 48% en Allemagne.
Fabien-Pierre Nicolas nous rappelle que c'était là l'un des thèmes de Ségolène Royal :
Le Parti Socialiste et sa candidate avaient ainsi estimé qu'il s'agissait d'un dossier plus crucial que celui de la durée de cotisation vu qu'on parle d'un différentiel pour les 55-65 ans de 20% par rapport à l'Angleterre, de 25% par rapport aux Etats Unis et de 32% par rapport à la Suède.
Faison un peu de calcul. Le taux d'emploi des 55-60 était, en 2005, de 54% (source, pdf). Suppons que cela signfie que les 46% ne travaillant pas ne pourront pas bénéficier d'une retraite à taux plein. Et supposons encore qu'une partie, faible peut-être, je n'en sais rien, des 54% travaillant à ces âges là n'ira pas non plus jusqu'aux 40 ou 41 années des cotisation. Supposons donc que la moitié de la population ne travaille pas jusqu'au bout. Cela veut dire que le fait de passer de 40 à 41 se traduit, pour au moins la moitié de la population, par une simple diminution de leur retraite. Celui ou celle qui n'a pu cotiser que pendant 37 ans aura une retraite déficitaire de quatre années plutôt que de seulemnet trois. Donc pour la moitié de la population, une fois éliminé tout le blablah sur la volonté de travailler, ce qui est en jeu est une dévalorisation franche de leurs retraites. Tout simplement.
Or, pour imposer cela aux Français, il faudrait avoir le courage de le dire.
(Voir aussi Sarkofrance.)
(Et voir aussi aussi PMA.)
J'ai fait un post sur DA la dessus et Dagrouik un billet, maintenant ici, je crois que c'est clair comme dirait Delanoé
RépondreSupprimerOui, ça devrait être clair comme Delanoë, mais c'est juste assez compliqué pour que les gens continuent à accepter des arugments idiots.
RépondreSupprimerLa novlangue du libéralisme encore et toujours. Les vieux on les empêche de bosser et les chomeurs profitent du système.
RépondreSupprimerComme dans les commentaires chez Nicolas où les arrêts maladies sont un confort pour aller à la plage, on redessine le réel pour le faire coller à une théorie économique biaisée…
C'est pas beau de mentir dirait ma nièce !
:-)
La novlang surfe sur des clichés et des idées reçues : le trou de la sécu c'est la faute des tricheurs et des glandeurs, etc.
RépondreSupprimerIl faut reconnaître que Sarkozy a toujours été en phase avec ces réflexions-réflexe de comptoir de bistrot. C'est un peu sa force. Et puis Nicolas J. ne peut pas être partout pour éduquer tous les clients.