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26 octobre 2008

La traçabilité

Quand la maladie de la vache folle provoquait l'hystérie alimentaire générale, en 1995 et 1996, on a, entre autres mesures d'hygiène et de communication, insisté beaucoup sur l'idée de traçabilité. Les petits panneaux dans les boucheries et les restaurants ("Viande bovine en provenance de l'UE") sont devenus obligatoires. Je me souviens d'avoir feuilleté, chez un boucher, le petit carnet mis à la disposition des client, où étaient notées toutes sortes d'informations sur chaque bête : sa ferme d'origine, son âge, l'abattoir.

Dans la crise bancaire internationale qui a débuté avec les subprimes, nous sommes très loin d'avoir trouvé les responsables, car à chaque fois que j'entends un journaliste demander à un responsable politique comment cette crise est arrivée, la réponse est toujours, à peu près : "personne n'a rien compris". La dernière fois, c'était Eric Woerth au Rendez-vous des politiques. En somme, c'était la faute de ces produits financiers trop compliqués, finalement ce n'est la faute à personne. Nul n'est censé ignorer la loi, mais nul n'est censé comprendre ses propres investissements. Ainsi, il est aisé de prétendre que tout le monde est victime, et que personne n'est coupable. Surtout pas les banques, elles-mêmes victimes des autres banques plus loin sur la chaîne du froid.

Tout était opaque pour tout le monde, y compris pour les agences de notation dont l'échec et la responsabilité sont évidentes, y compris dans la création des produits, puisque la possibilité de quantifier un risque facilite la compilation de ces produits.

(Juste une précision : je ne suis pas pour une destruction des banques. Je trouve simplement qu'il aurait fallu les faire souffrir beaucoup plus. Histoire de les responsabiliser. Sinon, elles vont recommencer.)

La réinvention du capitalisme qui nous est promise, que nous avons en quelque sorte achetée, en payant cher, doit passer par une augmentation de la traçabilité des produits. Si chaque veau européen a un numéro qui permet de le localiser à tout moment dans le système alimentaire mondial, il devrait être possible de restructurer les transactions financières de façon à ce que les responsabilités réelles des différents acteurs ne soient pas simplement comptabilisées et réduites à des AAA ou de Caa3. Il devrait être possible de remonter la chaîne, ce qui permettrait non seulement de trouver un éventuel coupable, mais d'engager la responsabilité de tous les intermédiaires qui ont, eux aussi, profité de toute cette opacité.

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