Quand j'avais écrit ce qui est aujourd'hui mon avant dernier billet, imaginant la simplicité avec laquelle une UMP un peu caricaturale pouvait désigner un candidat présidentiel sur la base des seuls rapports de force, et fixer dans la foulée un "programme", un instrument médiatique pour dissimuler l'éternel programme de droite : baisser les charges et réduire les impôts, quand j'avais donc écrit tout cela, j'avais promis de faire la même chose pour le PS. Depuis, la situation a un peu changé, pour le pire dans l'ensemble, mais quelques indices me font penser que mon analyse d'alors, celle qui était prévue, peut encore signifier quelque chose aujourd'hui.
Pour commencer, il faut revenir à la théorie. C'est bien le PS, le Parti Socialiste, dont on parle. Il faut donc s'armer de science. Mais plutôt que de parler de Marx, de Bourdieu ou de Durkheim, revenons directement aux philosophes présocratiques, notamment à Zénon, auteur de plusieurs célébres paradoxes, dont celui-ci :
Zénon se tient à huit mètres d'un arbre, tenant une pierre. Il lance sa pierre dans la direction de l'arbre. Avant que le caillou puisse atteindre l'arbre, il doit traverser la première moitié des huit mètres. Il faut un certain temps, non nul, à cette pierre pour se déplacer sur cette distance. Ensuite, il lui reste encore quatre mètres à parcourir, dont elle accomplit d'abord la moitié, deux mètres, ce qui lui prend un certain temps. Puis la pierre avance d'un mètre de plus, progresse après d'un demi-mètre et encore d'un quart, et ainsi de suite ad infinitum et à chaque fois avec un temps non nul. Zénon en conclut que la pierre ne pourra frapper l'arbre qu'au bout d'un temps infini, c'est-à-dire jamais.
Assez facile de ramener tout cela à notre cher PS : pour désigner un candidat, il faut d'abord se mettre d'accord sur le moyen de choisir le candidat, celui-ci étant à réinventer à chaque fois. Le moyen du choix doit être déterminé démocratiquement, ou du moins en faisant appel à toutes les instances possibles. Aussi faut-il négocier les modalités de cette prise de décision, discussion qui prend en compte la réalité du terrain, celle des militants, des fédérations. Le caillou, à peine parti de la main de Zénon, doit déjà se justifier du fait de s'appeler caillou, doit revenir sur lui-même pour prouver que son mode de lancement était conforme à ce qu'on attend d'un caillou, et ainsi de suite.
Mais, il faut dire que les paradoxes de Zénon sont bien des paradoxes : les flèches arrivent à leurs cibles, Achille bat la tortue dans le 100 mètres, et le caillou va vers l'arbre, même s'il tombe à côté parfois. Et le PS finit par choisir quelqu'un, malgré toutes les introspections et manoeuvres, celles-ci ayant pour but de prendre en compte la "réalité du terrain".
Car, au final, alors que le caillou a déjà fait trois loopings devant l'arbre, une petite voix s'entend, petite voix qui va résoudre la question et permettre enfin au pauvre caillou de terminer sa course : "alors, c'est qui le plus fort ?"
C'est bien qu'il y ait pléthore de candidats à gauche, même si ça nous lèse.
RépondreSupprimerEvidemment, il faudrait résoudre diviser cette pléthore jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un seul possible mais bon…
:-))
Monsieur p.,
RépondreSupprimerOui, le nombre n'est pas un problème en soi. C'est plus une question de méthode. On va arracher les cheveux avant de les couper en quatre pendant des mois et des mois.
t es chaud comme la braise ... deux billets en deux jours :)
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