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24 février 2012

L'aplomb

Il paraît que Sarkozy a été mauvais à la télé, l'autre soir sur France 2. Je ne l'ai pas vu, mais je n'ai pas de mal à le croire. J'ai même l'impression que la contre-offensive du PS sur la question de la "Vérité" (voir mes deux derniers billets) a un peu calmé l'UMP sur cette lancée de la Vérité Forte. Quand on veut faire un concours de crédibilité, il faut y venir avec assez de billes, surtout quand on est le candidat sortant. Vu du Web, la crédibilité de Sarkozy semble atomisée, en miettes, évaporée depuis des lustres.

Mais à écouter Sarkozy parler, dans des reportages plutôt flatteurs sur France Intox par exemple, parler avec des gens – genre : Ah, c'est comme ça alors qu'on fabrique les jambon-beurre ! D'abord le beurre, et après le jambon… –, l'impression est tout autre. Pour l'amnésiaque récemment guéri, Sarkozy a l'air d'être encore un maître du monde, en pleine confiance. Ce n'est pas pour rien qu'il a réussi à monter à l'intérieur de l'UMP et qu'il a finit par se faire élire : il a un aplomb à toute épreuve. Enfin, presque : il paraît qu'il a bafouillé hier à propos du Fouquet's. Sa capacité à projeter une image de maîtrise de la situation, tandis qu'en réalité il ne maîtrise pas grand'chose, et ne se maîtrise pas si bien que ça non plus, est proprement hallucinante.

C'est une qualité nécessaire chez les personnages politiques, bien sûr, et ils l'ont tous à des degrès différents. Le cas Sarkozy est particulier dans la mesure où il semble qu'il y ait un déconnexion totale entre la réalité de ce qu'il veut nous vendre, que ce soit son bilan ("c'est la faute à la crise") ou ses fameuses "Idées", une déconnexion totale donc entre la réalité et son air à mi-chemin entre le vendeur de bagnoles ou de politiques d'assurance vie, et le gendre idéal un peu obséquieux.

Et tout cela n'aurait d'importance particulière si ce n'était que cette posture passe très bien dans le poste. C'est du petit lait pour l'énorme caisse de résonance médiatique qui, depuis cinq ans, a l'habitude. Les critiques sont molles et timides tandis que tout ce qui va dans le sens du poil du TGH est assuré et heureux. Sarkozy est un excellent produit médiatique. Les médias préfèrent le spectacle aux réalités et Sarkozy joue bien son rôle, fournit des bons morceaux qui passent bien dans les tuyaux. La presse le lui rend bien.

Pour un anti-sarkozyzte primaire, comme moi, la défaite de Sarkozy devrait passer par la destruction intégral de son discours, y compris sur TF1. J'imagine un monde où chacune de ses paroles serait mise en pièces aussitôt énoncée. Cela ne passera pas ainsi, malheureusement. Du moins pas à l'écran. Dans les urnes, oui.

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