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4 mars 2012

Le chômage imaginaire (et les solutions imaginaires)

Ce matin, Juan propose une admirable démystification de la logique sarkozyënne du chômage, chiffres à l'appui. Prenons ceux-ci :

Début février, Nicolas Sarkozy avait à nouveau avancé le nombre de 500.000 offres d'emploi non-satisfaites. On peine à trouver la preuve de ce qu'il avance. Relevons d'abord qu'en janvier, Pôle emploi a collecté 271.000 offres, dont seulement 40% qualifiées de « durables » (plus de 6 mois); notons aussi que, toujours en janvier, quelque 236.000 offres ont pu être satisfaites.

Nicolas Sarkozy voulait vendre sa proposition de référendum sur la formation des chômeurs. Son idée, encore floue et pas explicitée dans ses documents de campagne (*), serait de contraindre les chômeurs à suivre une formation puis de les contraindre à accepter une offre correspondant à cette formation.

L'idée derrière le réferendum contre les chômeurs, c'est bien sûr de faire passer la responsablité de crise économique sur ses victimes, de dévier le problème sur un plan moral, qui est compréhensible sur le plan individuel, mais qui n'a aucun sens sur le plan collectif.

C'est pour cela qu'il est si crucial pour le TGH, ce chiffre imaginaire des 500.000 postes prêts à accueillir des chômeurs, si seulement ceux-ci ne restaient pas scotchés à leurs télés à attendre tomber leurs allocs. Si trouver une formation peut être une stratégie payante pour un individu, qui passe devant ses concurrents pour l'embauche. En revanche, sur le plan collectif, si tous les chômeurs se forment, cela ne crée pas de nouveaux emplois : la concurrence devient plus rude, c'est tout. De telles iniatives ont un sens quand l'économie va bien et que le chômage est dû à un besoin de mieux adapter l'offre à la demande. La requalification aurait alors un sens. Ce n'est pas notre problème aujourd'hui ; le problème, c'est l'absence de demande. C'est une réalité macroéconomique qui n'est pas la faute des chômeurs…

Encore une fois, les propositions de Sarkozy renvoient à l'imaginaire des Trente Glorieuses, où il y en avait effectivement assez pour tout le monde à condition de s'adapter au marché du travail. Encore une fois, une mesure pour rien, sinon pour botter en touche, rendre les autres responsable pour ses propres échecs.

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