Le débat d'hier soir semble avoir remis les pendules à l'heure. François Hollande a brisé l'élan du Très Grand Homme (TGH), cet élan artificiel qui allait de l'anniversaire de Julien Dray, au Trocintox où étaient présents au moins 60 millions de français (certains DOM se sont déplacés intégralement). Le spectre d'un Nicolas Sarkozy capable de manipuler sa propre image commençait à refaire surface, et on pouvait se laisser aller à imaginer que pendant au moins quelques heures, dimanche, une proportion suffisante d'électeurs seraient hypnotisés en allant au bureau de vote pour que le TGH renverse in extremis son impopularité qui dure pourtant depuis années.
Le danger immédiat semble écarté, et même le projet de l'UMP de faire appel à la Patrouille de France pour remorquer un DSK (nu) gonflable au dessus Marseille, Lyon, Paris et Lille ne devrait plus avoir l'effet escompté.
Cette confiance restaurée ne devrait pas, pourtant, nous détourner de ce qu'une victoire de Sarkozy representerait. Petite mise au point, prenant en compte les développements de la dernière semaine.
Une réélection de Nicolas Sarkozy serait tout d'abord la validation de tout ce qui s'est passé depuis cinq ans. Je vous épargne l'énumération. Je pense notamment à ce qui a été fait aux étrangers, aux Roms. Plus encore, c'est la forme des institutions et leurs comportements qui serait consacrée. La perversion présidentialiste avec suppression du gouvernement, la centralisation des pouvoirs, la mainmise sur l'audiovisuel, toutes ces audacités qui auraient pu n'être que le fait d'une paranoïa narcissiste individuelle, devendraient de véritables traditions. En 2017, il serait trop tard pour revenir dessus, ou en tout cas ce serait alors une véritable révolution, nécessitant une volonté politique beaucoup plus importante. (Il faudrait sans doute passer carrément à une VIe République pour effacer dix ans de Sarkozy.)
Tout cela était déjà sur la table, dès lors que Sarkozy se lançait dans la course cette année. L'absence de programme et le fait de ne proposer que l'austérité laissent supposer que la situation économique Européenne servirait de prétexte pour un renouvellement de la casse des services publics, du droit du travail, du système social. Non seulement les efforts dans ces domaines précédents du TGH auraient été validés (car Sarkozy n'aurait payé aucun prix politique), mais La Crise justiferait d'aller encore plus et plus vite.
Pire encore (à mon avis), si le fait de se vautrer devant les électeurs de la droite franchement xénophobe (par opposition à l'UMP : la droite hypocritement xénophobe) ne comporte aucun prix politique à payer, Nicolas Sarkozy aurait non seulement un mandat, mais presque une obligation d'aller beaucoup plus loin dans la pratique réelle des ses idées xénophobes. La leçon qu'il aurait apprise ("j'ai appris", n'est-ce pas ?), c'est que Hortefeux, Besson et Guéant n'en ont pas fait assez, qu'ils n'ont pas pu se débarasser de leurs "pudeurs de pucelles" (comme dirait Patrick Buisson, censé néanmoins être fan de La Pucelle). De 2007 à 2012, la stratégie de Sarkozy consistait à faire une politique réelle orientée sur les grandes entreprises et la "libération du capitalisme", tout en procédant à des mesures odieuses mais essentiellement symboliques. Voyant que cette approche lui avait presque coûté l'Elysée, un Sarkozy réélu serait obligé de trouver les moyens d'accelérer, en trouvant de nouvelles manières de signifier sa xénophobie en ne laissant aucun doute s'installe chez ceux qui serait tentés de voter Marine. La stratégie à long terme consisterait de siphonner définitivement le Front National en intégrant à la fois ses électeurs et ses idées dans l'UMP. J'ai des doutes sur la viabilité d'un tel Axe du Mal, mais pas de doutes sur le fait que Sarkozy tenterait de le réaliser s'il en avait l'occasion.
Bon… François Hollande a tenu le coup pendant le débat ; nous avons vu l'affaissement progressif de la mine de Sarkozy tout au long de la soirée. Espérons qu'en trois jours nous n'aurons plus à penser à toutes les horreurs que j'ai alignés ici.
très bon article, cela fait quelques temps que je vous suis via Sarkofrance et j'apprécie toujours autant!
RépondreSupprimermerci!
Merci Rosa, ça fait plaisir!
RépondreSupprimerSuppression des aides sociales, interdiction de travailler, puis suppression des syndicats, des partis politiques, etc... ça me rappelle furieusement quelque chose, en des temps pas si reculés que cela.
RépondreSupprimerJe crois qu'on l'a échappé belle !
Balayé...
RépondreSupprimerMarco,
RépondreSupprimerJe pense que son rêve est une sorte de berlusconisme.
Nicolas,
Jespère.
Bonjour,
RépondreSupprimerLa bulle médiatique a mis 10 ans avant d'exploser. Quelle éternité ! L'imposteur n'avait pas le fond et la forme face à un Hollande version Professeur de grandes écoles. Vous avez vu le résulat: un effondrement spectaculaire devant des millions de Gaulois. Quel plaisir.
Le roi de l'esbrouffe a été mis à poil devant la France entière. Il y a longtemps qu'on attendait le moment où ne pourrait plus faire des numéros de prestidigitation. Seul face à quelqu'un d'une rigueur universitaire, Sarkozy a prouvé qu'il devait sa réputation surfaite à la propagande médiatique. Il a été intellectuellement laminé, ne réussissant même plus à se raccrocher aux journalistes dont il recherchait le soutien tacite. La défaite ses profile, sauf surprise, préparons nous à débusquer le SALAUD de l'Elysée. Billet à lire
http://0z.fr/t-SbH
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