La confiance est bonne pour l'économie, et son effet positif engendre encore de la confiance, ce qui fait encore du bien à l'économie, et ainsi de suite. C'est du moins comme ça que le monde était censé fonctionner. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy pensait libérer la confiance en 2007 et en 2008, avant La Crise. Il croyait que son enthousiasme, boosté par l'enrichissement des riches, allait effectivement lancer un de ces cercles vertueux dont les dirigeants rêvent.
Le problème, depuis que le monde et mondial, c'est que le cercle ne peut plus être seulement hexagonal ; les économies des différents pays sont désormais tellement intégrés que le cercle ne fonctionne que s'il fait le tour de la Terre.
Aujourd'hui on a finit par se rendre compte que la finance mondiale est malade, jusque dans son organisation, sa structure même. Et il ne suffira pas restructurer la Banque de France pour résoudre le problème. Ce cercle là, plutôt vicieux, fait le tour de la Terre aussi.
Hier j'ai commencé à lire Roosevelt 2012 que j'avais vu mentionné chez les amis blogueurs, mais que je n'avais pas pris le temps d'approfondir. Voici pour référence les intitulés des 15 propositions :
- Redonner de l'oxygène à nos États : diminuer très fortement les taux d'intérêt sur la vieille dette
- Dégager de nouvelles marges de manœuvre financières : créer un impôt européen sur les bénéfices des entreprises
- Mettre fin au sabordage fiscal national (Rétablir la fiscalité française telle qu'elle était en 2000)
- Boycotter les paradis fiscaux : utiliser le levier de la commande publique
- Limiter au maximum les licenciements
- Sécuriser les précaires
- Interdire aux banques de spéculer avec notre argent : séparer les banques de dépôt et les banques d'affaires
- Créer une vraie Taxe sur les Transactions Financières
- Lutter contre les délocalisations : imposer le respect des normes sociales et environnementales dans le commerce mondial en convoquant un nouveau Sommet de Philadelphie
- Investir dans une vraie politique du logement
- Déclarer la guerre au dérèglement climatique
- Développer l’économie sociale et solidaire
- Négocier un autre partage du temps de travail
- Faire éclore la démocratie en Europe : changer radicalement les institutions
- Négocier un vrai Traité de l’Europe sociale
Certaines me plaisent beaucoup, comme la 9 : imposer des normes sociales plus élévées pour freiner les délocalisations (et par ricochet améliorer la vie des travailleurs dans les pays vers lesquels on délocalise). Certaines devraient être relativement faciles, comme la 7, la séparation entre banque d'affaires et banque de dépôt. Si les Tories du Royaume Uni peuvent le faire, tout le monde peut le faire. Certaines me paraissent optimistes (mais il faut de l'optimisme, de toute façon), comme la 5, qui cite le "miracle allemand", c'est-à-dire une meilleure résistance au chômage en Allemagne. L'explication donnée est l'exigence syndicale ; nous avons déjà vu, pourtant, qu'une partie de ce miracle est une illusion, l'effet des Lois Hartz et les fameux minijobs.
Mais là je commence à chipoter, et ce n'est pas mon intention. Toutes ces mesures seraient excellentes… si elles pouvaient être imposées. En citant l'exemple de Franklin Roosevelt, l'initiative montre tout ce qui sépare la situation politique d'aujourd'hui : c'était le président d'un seul pays, un grand pays mais beaucoup moins relié économiquement au reste du monde que n'importe quel pays aujourd'hui. Il y a quelques années j'entendais assez souvent des appels pour un nouveau Bretton Woods, et le problème serait le même : Bretton Woods était possible parce la quasi totalité des pays industrialisés venaient de sortir d'une guerre très dure ; tout était à reconstruire, et le pays fort du moment (celui de Roosevelt) a pu imposer une solution cohérente qui a duré pendant trente ans.
La plupart de ces initiatives nécessiteraient un consensus politique mondial ou européen. François Hollande ne peut pas être Franklin Roosevelt, et même si certains éléments du diagnostic (pdf) commencent à s'imposer un peu partout, nous sommes encore loin du stade où l'action, massive, est possible. Raison de plus, bien sûr, de lancer des appels comme celui-ci : un consensus doit commencer quelque part.
En même temps, il faut du concret, il faut avancer sans attendre qu'une solution arrive d'en haut. Voilà pourquoi je songe à un autre type de cercle vertueux, plus modeste mais peut-être réalisable.
Ma nouvelle proposition, sans doute aussi naïve que la dernière, est de créer une sorte de pacte entre l'État et les entreprises qui souhaiteraient adhérer, un pacte qui donnerait aux entreprises certains avantages en échange du respect d'un ensemble de règles plus exigeantes en termes d'impact écologique et social. Cela pourrait concerner également le fonctionnement "capitaliste" des sociétés : rapports avec les investisseurs. Il faudrait de l'imagination.
L'essentiel serait de créer les conditions dans lesquelles les entreprises pourraient se porter volontaires pour faire partie de ces cercles vertueux. En cas de succès (donc de véritable vertu), la sphère vertueuse auraient tendance à s'aggrandir. Le nouveau modèle pourrait s'imposer alors d'en bas, plutôt que d'attendre l'accord des grandes puissances de ce monde.
Bonjour,
RépondreSupprimerIl manque pourtant certains aspects dans ce pacte de Roosevelt: d'abord, ce ne sont pas les pays émergents qui ont des prix et des salaires trop bas: bien sûr pas partout.
Mais principalement, nous qui avons un problème de prix trop élevés et surévalués. Nous payons tout trop cher.
Ce n'est qu'en combattant les intermédiaires comme les agences immobilières, les centrales d'achat etc...qui à leur manière contribuent à la spéculation et qui ne produisent pas de richesses mais nous apauvrissent, qu'on pourra rétablir une réelle économie et avoir un vrai pouvoir d'achat. Nous avons besoin d'une réelle déflation.
Et pour l'instant, je ne vois rien dans tous les programmes proposés.
Amitiés
et merci:)
Les prix trop élévés, c'est plutôt un problème de salaires, qui n'augmentent plus. Le problème avec la déflation, c'est que ça assèche les comptes des entreprises aussi, qui ne peuvent donc plus payer des salaires, donc cercle vicieux.
RépondreSupprimerContre la spéculation, les roosevelt2012 proposent quand même une vraie taxe sur les transactions financières. Cela aurait surement un vrai impact si seulement on arrivait à l'imposer.
Pour les prix en France, il faudrait en effet faire quelque chose pour créer une vraie concurrence entre Leclerc, Géant et Carrefour.
Mais le vrai problème, c'est qu'on peut imaginer toutes sortes de solutions idéales, il faut réussir à convaincre la Malte, la Pologne et la Chine...