Les détails sont importants, mais l'image publique les ignore, et la politique oblige à prendre en cet écart. Qu'est-ce qui s'est passé avec l'amendement proposé par Charles de Courson, député centriste ayant navigué, depuis 2007, entre Bayrou, le Nouveau Centre et Sarkozy ?
La fin de l'épisode est désormais bien connue :
La proposition de l'élu de la Marne n'a guère soulevé l'enthousiasme de ses collègues : l'amendement n'a obtenu que trois votes favorables sur une vingtaine de députés présents en commission.
Et le resultat fut l'expression de beaucoup saine colère, de tous bords d'ailleurs. Par exemple, sur Atlantico :
Une erreur parce qu’une représentation nationale qui ne fait pas corps avec le peuple qui l’a élue, qui n’en partage ni les efforts ni les épreuves, est une représentation nationale sans aucune légitimité. Au moment où chacun sent bien qu’il faut « prendre sur soi », l’écoeurant spectacle de ces petits marquis qui refusent de se soumettre aux rigueurs qu’ils imposent au peuple français n’est pas admissible, et sape pour longtemps le droit de cette assemblée à parler en notre nom.
Par exemple…
Pendant le Président de la République et le gouvernement se font critiquer parce qu'ils ne voyagent pas en avion, la mesquinerie de la Commission des Finances n'a pas bon effet.
On se rassurer en se disant que les députés UMP ont autant résisté que leurs collègues PS, ou en se moquant de Guaino ("Si les députés sont obligés de justifier chaque dépense, alors ils ne vont plus être des députés libres"). Mais ce n'est pas rassurant, c'est même inquiétant de vouloir se rassurer par le "par pire que l'UMP". Ce n'était pas ça qu'on a élu François Hollande…
Le message semble être passé enfin, car le dossier s'est rouvert ; les députés vont donc demander à Claude Bartolone :
«Tout le monde sait que certains députés n'utilisent pas toute l'indemnité pour leurs frais de mandat, ne faites pas l'innocent!», s'est-il [Charles de Courson] emporté jeudi soir dans l'Hémicycle. Il répondait au patron du groupe PS, Bruno Le Roux, qui préconisait que la partie non utilisée de l'IRFM soit restituée à l'Assemblée. «C'est un vrai sujet. On peut le régler entre nous», a renchéri le socialiste Pierre-Alain Muet, soutenant la proposition de Bruno Le Roux de saisir Claude Bartolone.
L'idée est donc repartie dans la grande machine ; peut-être en sortira quelque chose, maintenant que les enjeux sont devenus pour tous les députés.
Tant mieux, mais le mal est fait. L'image qui restera, c'est celle de cette commission, présidé par Gilles Carrez et dont Christian Eckert est le rapporteur général, qui n'a pas su saisir la balle au bon. Pourquoi en effet rejeter la proposition de Charles de Courson ? Les idées ne doivent pas venir des centristes ? Aucune consigne n'avait été reçue d'en haut ? L'amendement proposé était trop flou ? Plus tard, Eckert dira « Le problème de fond est le problème du contrôle ».
Admettons que tous ces facteurs ont pesé sur la décision, de la part des membres socialistes de la commission, et admettons même qu'il était sage, du point de vue stratégique ou tactique, de rejeter l'amendement de Courson. Il fallait alors prendre les devants, dire que Courson n'allait pas assez loin, expliquer que si on disait "non" aujourd'hui que c'est pour mieux dire "oui" demain.
Mais non. Rien. Et une semaine plus tard, l'incertitude règne ("on va saisir Bartolone"), incertitude qui ne fait que confirmer l'image initiale.
Image désastreuse, qui reste celle de l'autodéfense d'un groupe qui n'a pas besoin de débat quand il s'agit de préserver les intérêts propres de chaque membre du groupe. On dit : pour demander des sacrifices aux Français, il faut soi-même être exemplaire. Bien sûr. C'est la logique du moment. Le problème véritable, cependant, est bien plus profond : le réflexe du groupe, l'existence d'un esprit de caste, la "catégorie politique", cet "entre-nous" de ceux qui dirigent le pays. Il faudrait saisir chaque occasion de montrer que les députés sont au service de leur concitoyens, plutôt que l'inverse. De la droite, la logique de caste était naturelle, idéologiquement cohérente et peu étonnante. De la gauche, on exige davantage.
y aura t il une session de rattrapage avec la commission Jospin ?
RépondreSupprimerwait and see
J'ai suivi le débat en direct, ça m'a beaucoup contrarié! Ils étaient ridicules avec toute leur mauvaise foi...
RépondreSupprimerSinon tu fais pas un peu de sociologie toi? La psychologie des groupe ça me rappelle la socio!
RépondreSupprimerbobcestmoi,
RépondreSupprimerOui, wait and see. En tout cas, l'idée de ne pas confier la moralisation à des députés était la bonne, quoi qu'on pense de Jospin. Limiter leur propre cumul, ce serait leur demander une sorte d'automutilation, une violence dont ils ne sont pas capables.
Nyantho,
Je n'ai pas vu le débat, mais j'imagine très bien. Comment on va faire pour enterrer ce truc sans avoir l'air trop nuls ? Grande question démocratique.
Quant à la sociologie : juste quelques lectures, et du scepticisme.
Pendant ce temps, les frustrations de l'ère Sarkozy continuent et s'accumulent.
RépondreSupprimerLes gens sont inquiets, impatients.
Je crains une explosion sociale en Novembre si il n'y a rien de significatif de fait.
Problème: peut-on vraiment identifier ce que la population veut?
Ne prend-on pas trop son temps au gouvernement?
Rosa,
RépondreSupprimerPour novembre, tu as peut-être raison. Les gens vont avoir envie de cette relance, qui va être le point faible de Hollande.
Raison de plus pour être exemplaires en attendant.
j'espère me tromper mais quand on a les pleins pouvoirs, ménager la chèvre et le chou ça fait que ça finit par ne plus avancer et c'est ce qui me fait peur.
RépondreSupprimerTiens, Valls qui a reculé sur les contrôles au faciès.
Fabius qui continue à se croire sous l'ère Jospin.
Ne pas saisir au vol l'opportunité du député centriste, c'était symbolique pourtant.
Duflot trop gentille sur le blocage des loyers, la loi est insuffisante...
Pour l'instant, je leur laisse l'excuse de débuter mais je m'interroge.
Mais c'est ça le PS : raisonnable à l'excès. Parfois c'est la bonne attitude. De toute façon ils n'en ont pas deux, donc ils ne peuvent pas choisir.
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