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15 juillet 2012

L'unique chance pour mettre fin au cumul des mandats

 

Hier, lors de son entretien télévisé, François Hollande a annoncé qu'il confiait à Lionel Jospin une commission sur "la moralisation et la rénovation de la vie politique". Jospin n'aurait pas été mon premier choix, ni même dans mon Top 10, pour ce travail. Son rôle dans l'affaire Falorni ("On a beaucoup trop parlé de la 1re circonscription de Charente-Maritime") est plus une question de feuilleton ; en revanche, le quinquennat qu'il nous à légué ne témoigne pas en sa faveur pour une réflexion sur la modernisation de la démocratie.

Certes, Jospin, oui, bof.

Ce qui est paradoxalement rassurant, c'est que pour la mesure la plus importante, la personalité du président de la commission importe peu. Car la mesure la plus importante est aussi la plus simple : le non-cumul des mandats. Toute tentative de rendre plus compliqué, subtile, moderne, technique le passage du cumul généralisé au non-cumul ne sera qu'un affaiblissement du principe.

 

Le succès ou l'échec de François Hollande en tant que président dépendra, logiquement, essentiellement des questions économiques, dont beaucoup sera décidé au niveau européen. La fin du cumul des mandats ne coûtera rien à l'Etat, et pourrait être ce qui transforme le plus en profondeur la vie politique du pays. Elle serait à mettre avec la fin de la peine de mort dans la vitrine à trophées présidentiels.

La fin du cumul doit être maintenant, ou presque. Seule la gauche peut la mettre en place. C'est une évidence. Et elle doit le faire dès que possible, pour tuer dans l'oeuf tout doute possible sur un double jeu. Attendre, c'est ouvrir la porte aux critiques : vous avez voulu profiter du cumul pour les élections municipales, régionales, européennes, avant de passer à l'acte.

Elle doit être rapide, et brutale. Cher Lionel : de grâce, pas de subtilités sur ce plan.

  • Peut-on être conseiller régional et ministre ? Non.
  • Peut-on être député et maire ? Non.
  • Peut-on être maire et au conseil général ? Non.
  • Peut-on être sénateur et conseiller général ? Non.
  • Peut-on être conseiller municipal et député ? Non.
  • Peut-on être ministre et autre chose ? Non.
  • Peut-on être ministre et garder un poste au chaud ailleurs ? Non.
  • Peut-on combiner responsabilités locales et responsabilités nationales ? Non.
  • etc.

Même avec une telle rigueur, on sait déjà que les barons trouveront comment continuer à être barons. Néanmoins, la vie politique serait définitivement changée, avec un renouvellement sans précédent de la classe politique, et, ce qui me paraît presque aussi important, une nouvelle distinction entre les différentes sphères du pouvoir. Les différences entre niveaux national, régional, départemantal, municipal n'ont pas beaucoup de sens quand ce sont les mêmes qui, de toute façon, décident.

 

Si cette mesure peut être l'une des gloires du mandat de François Hollande, c'est aussi l'un des points sur lesquels nous pourrions le juger le plus sévèrement en cas d'échec ou de succès mitigé et bancal : ni l'économie ni l'Europe n'entre en jeu. Il s'agit simplement d'une question de volonté politique, et d'abnégation de la part des cadres du parti.

Une responsabilité immense, qui est désormais entre les mains de Jospin…

7 commentaires:

  1. Toi t'es stricte quand même! Conseiller municipal et député ça ne me semble pas scandaleux!

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  2. Non, un député n'a pas le temps de siéger au Conseil Municipal.
    Ils utilisent déjà l'argument pour espacer les rendez-vous avec les administrés.
    Un élu municipal ne peut pas être à Paris pour une députation sans léser une de ses fontions.
    o160 a raison là-dessus.
    Faut qu'ils bossent au lieu d'être pensionnés à laisser un hémicycle vide.
    Je dirais même que l'abstention devrait être pénalisée comme une escroquerie

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  3. Plus encore que le cumul, c'est le mélange des casquettes qu'il faut faire disparaître... Un élu national doit rechercher l'intérêt national, pas l'intérêt local. Tout mandat local est une incitation à mélanger les genres. Le mieux est d'éviter la tentation...

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  4. nyantho,

    Le stricte, c'est mon côté Jospin peut-être... ;-) Je pense qu'il faut impitoyable là-dessus, sinon la caste politique va trouver des parades pour se reformer.

    Rosa et anonyme,

    Voilà : la question du temps disponible de l'élu/ministre n'est que la partie visible de l'iceberg, et en effet, le vrai problème c'est le mélange des rôles qui institue un mélange malsain des niveaux de l'état. Et, encore une fois, les baronies et la caste politique...

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  5. Par contre les sénateurs sont forcements des cumulards! En effet ils représentent les territoires et pour êtres éligibles au sénat il faut déjà être élu!

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  6. Les sénateurs représentent les collectivités territoriales pardon.

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  7. Nyantho,

    Le Sénat est une abérration. Il faudrait trouver une forme de suffrage universel qui ne leur causerait pas trop stress.

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