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2 novembre 2007

Sarkozy et The West Wing

Depuis les premiers jours après l'élection de notre Très Grand Homme (TGH), j'avais un sentiment, même pas encore un soupçon à vrai dire, mais l'idée, qui ne pouvait pas être tout à fait formulée, que Nicolas Sarkozy devait regarder la série américaine The West Wing, A la Maison Blanche en français, mais quand on est vraiment fan, comme moi, on le dit en anglais. Et puis, tout à fait par hasard, à propos de l'interview du Président chez 60 minutes, j'apprends (ici (en) et ici (fr)) que je partage avec Sarkozy cette admiration pour la série. Un point commun. Etrange.

Etrange, surtout, parce que, pour moi en tout cas, West Wing est, politiquement, tout le contraire du sarkozyzme, de tout ce qui touche, de près ou de loin, à notre Little Big Man à nous. Pour ceux qui ne connaissent pas bien la série, elle raconte les deux mandats d'un Président Bartlet, démocrate, prix Nobel en économie... l'opposé des néo-conservateurs que Sarkozy semble admirer par ailleurs. Bartlet est constamment frustré de ne pas pouvoir faire des mesures suffisamment à gauche, car le Congrès est contrôlé par les républicains. Presque chaque épisode est une illustration de la nécessité des compromises, souvent difficiles. Bref, c'est loin d'être le portrait de Monsieur Sarkozy. On n'imagine pas Bartlet en train de traiter publiquement sa Press Secretary d'"imbécile", par exemple.

Comment avais-je fait pour deviner que Sarkozy s'inspirait de cette émission pour construire sa présidence ? Plusieurs signes : les points presse à l'Elysée de Martinon (l'"imbécile") est peut-être le plus voyant, mais il y avait aussi l'augmentation du nombre de gardes-du-corps (la sécurité du Président est l'une des obsesssions dans West Wing), la création d'un Conseil National de Sécurité qui ressemblerait vaguement au National Security Council américain, et cette obsession avec l'idée de pouvoir s'adresser directement à l'Assemblée. Car, dans West Wing, le discours sur le State of the Nation est toujours l'un des grands moments de chaque saison. On voit toujours les hommes du président en train de se creuser pour fabriquer le discours, puis l'organisation matérielle du discours avec limousines, girophares des voitures de police, les applaudissements du Congrès devant le grand homme. Quelle autre raison pourrait-il y avoir pour pousser Sarkozy, depuis si longtemps, à parler devant l'Assemblée ?

Je me rends compte, en essayant d'imaginer ce que voit Nicolas Sarkozy quand il visionne le West Wing, que la série pourrait l'exciter, malgré son orientation à gauche. L'un des grands thèmes est l'énorme responsabilité du Président et de ceux qui travaillent pour lui, responsabilité qui fait qu'ils sont prêts à tout sacrifier : santé, vie privée, sommeil, carrière. Les hommes et femmes de Bartlet se surpassent constamment parce qu'ils croient si fermement en leur devoir. Et l'origine de ce devoir, c'est l'immense pouvoir du Président. Avec le pouvoir, on a des devoirs. Donc quand la série insiste sur le pouvoir et le prestige du président, c'est toujours pour mettre en balance les sacrifices de ceux qui incarnent et entourent le pouvoir. Mais il est tout à fait possible d'ignorer ces subtilités, et de n'y voir que le clinquant et les signes extérieur de ce qui fait un grand homme.

(PS: je n'ai pas encore vu la 7e saison, ne me dites rien là-dessus, s'il vous plaît!)

2 commentaires:

  1. Ah mais je ne connais pas cette série !
    Remarque il vaut mieux ça que de s'inspirer de Spin City sur le bureau du maire de New York !
    :-))

    [Ca passe où ? T'as pas mis d'infos !!!]

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  2. Je ne sais pas où cette série passe, car je ne la regarde pas à la télé, mais sur DVD en général. comme ça on évite les horribles doublages...

    Je vais essayer de trouver un clip qq part.

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