L'autre jour je disais :
Espérons aussi que l'on puisse parler d'autre chose que le soap-opera new-yorkais pendant les mois à venir. Si j'étais Sarkozy et si je contrôlais les médias, je m'assurerais que l'on ne perde pas une miette de cette histoire de fesses.
Si cette affaire peut rendre service à Nicolas Sarkozy, c'est, au-delà de la question morale (mais allez voir ce billet d'Olivier Bonnet…), la possibilité de noyer un éventuel message socialiste dans une saga interminable qui, grâce à sa dimension sexuelle et la proximité avec certaines séries policières, a tout pour retenir l'attention des téléspectateurs. DSK plus des élucubrations xénophobes et identitaires et on aura de la chance si plus de 50% de la population aura retenu le nom et le prénom du candidat de la gauche.
Bien sûr, ce scandale ne va pas disparaître dans les semaines et les mois à venir. Qu'est-ce que le PS peut faire, alors ? C'est délicat, mais il me semble que la consigne minimale, pour les dirigeants et les responsables du parti, et de la gauche en général, doit être de s'en mêler le moins possible. Oublions DSK.
Dans un très bon billet (mais avec lequel je ne suis pas d'accord tout à fait), Romain insiste sur le fait qu'il faut éviter de le lâcher :
Le troisième point est justement de se rappeler les termes de fraternité et de camaraderie, si on leur prête encore un sens. J’ai vécu de près, dans l’histoire récente, le lâchage par son parti d’un camarade pourtant innocenté au bout du compte – je n’ai pas envie de voir cela une seconde fois. Les premières heures, les premiers jours sont cruciaux pour déterminer l’ambiance générale de la presse et de l’opinion : c’est maintenant qu’il faut faire bloc, serrer les coudes et rappeler sans nuance et publiquement le principe de présomption d’innocence. Sans finasser, sans en profiter pour donner des leçons de morale et disserter sur l’horreur du viol (qui en doute ?). Un silence gêné ou la profusion de qualificatifs ambigus, comme le coup de tonnerre de Martine Aubry, donneraient par ailleurs un bien mauvais signal à nos concitoyens, qui doutent toujours de l’unité réelle du parti socialiste. L’heure n’est pas aux calculs, ni aux stratégies à 1000 bandes, ni au colportage de ragots douteux pour faire parler de sa candidature aux primaires.
Moi non plus je n'aurais pas cru nécessaire de rappeler l'horreur du viol, mais les évenements et les déclarations de certains socialistes et sympathisants ont prouver le contraire, comme je le disais hier. Sur les questions de communication, oui, c'est délicat, mais le PS ne peut pas laisser les soucis de DSK remplacer ses arguments politiques et absorber toute son énergie communicationnelle qui, comme on sait, n'est pas si abondante même par beau temps. Strauss-Kahn doit redevenir un homme, simplement, qui a ou qui n'a pas commis un crime violent dans une chambre d'hôtel. DSK, la figure politique, le porte-drapeau de la gauche, le projet de l'appareil depuis peut-être le congrès de Reims, celui qui porter sur ses épaules tous les espoirs des siens, ce symbole-là, il va falloir s'en passer. Il va falloir faire comme s'il n'existait plus. On le met sur « pause » en attendant le sort de l'autre, de ce n° 09132366L, un certain Dominique S.-K., yeux marrons, etc., qui a fait, ou qui n'a pas fait.
Nicolas J. suggère d'annuler les primaires socialistes. Je pense qu'au contraire il en faut, justement pour changer de sujet et justement pour signifier l'effacement, à ce stade, de Strauss-Kahn : nous avons préparé des primaires mais il n'a pas envoyé son dossier d'inscription à temps.
Mais surtout, chers responsables qui ne me lisent pas, il faut arrêter avec les complots (oui, Claude B., je pense à vous là) et avec les pitoyables appels en faveur d'une intervention présidentielle (oui, Harlem D., je pense à vous là). Justement, le PS ne peut rien faire pour aider Strauss-Kahn, il est même urgent de ne rien faire, de s'en détacher, sans le « lâcher » en le condamnant avant la justice, mais surtout en empêchant le PS de se perdre dans la tempête médiatique qui risque d'être très long.
Tout le monde semble être sorti de l'état de sidération.
RépondreSupprimerJe pense qu'il y a plusieurs phases de sidération. La plus aiguë est en train de passer, mais il y en aura d'autres, à mon avis. Par exemple :
RépondreSupprimerhttp://unregardsurlactu.blog.lemonde.fr/2011/05/19/une-mise-a-mort-mediatique/
C'est vrai que le délire macho genre JF Kahn et compagnie appelle des réactions féministes tout aussi violentes ...
RépondreSupprimerRomain,
RépondreSupprimerJe ne les mettrais pas dans le même sac quand même. Le problème n'est pas la virulence mais le fond.