L'un des fondements du sarkozyzme, ou plutôt de la communication sarkozyzte, consiste à profiter du fait que les gens ont du mal à imaginer 65.350.000.000 personnes en même temps. Il est préférable d'imaginer la France comme une sorte de petit village idéal habité. Dans ce village, il se trouve :
- deux pédophiles, dont un récidiviste ;
- des "Arabes" ;
- des chômeurs (dont beaucoup, la plupart en fait, trichent pour prolonger leurs allocations) ;
- des braves gens qui travaillent ;
- des enfants ;
- des parents ;
- des usagers.
Il y a des écoles, mais pas vraiment d'institueurs, des églises, des pratiquants mais pas de prêtres. Pas de banquiers, aucun membre d'une quelconque élite. Les patrons sont eux aussi dans la catégorie des "braves gens qui travaillent". C'est comme un petit théâtre, une scène où tous les problèmes de la France peut être réglés en mettant chacun à sa place, en faisant respecter l'ordre, et ainsi de suite.
De toutes parts, on nous annonce que la campagne de Nicolas Sarkozy sera centré autour des "valeurs". C'est bien sûr la technique traditionnelle et éprouvée des droites pour faire voter la majorité contre son propre intérêt. Le petit village que je viens de mentionner est très utile pour y arriver, car il permet de réduire des réalités qui concernent la société dans son ensemble (65 mégaoctets d'habitants) à des cas individuels. Ceux-ci :
- sont plus faciles à comprendre,
- peuvent être jugés avec des termes moraux (fainéant, etc.), voire carrément raciaux (xénophobie, les "Arabes", etc.),
- sucscitent des réactions émotionnelles immédiates.
Le chômage et, plus général, "l'assistanat", terme figarotiste pour "État providence", ne l'oublions pas, seraient en quelque sorte responsables des échecs économiques répétés du Très Grand Homme (TGH), et serviront donc de victimes expiatoire. Car, évidemment, le chômeur (celui donc du village) est chômeur par choix, faiblesse ou paresse… Car la volonté hors normes du TGH aurait dû, depuis le temps, depuis 2007 quand même, la volonté et l'énergie de ce Grand Président aurait dû les convaincre des mérites du travail.
Ben non, ils sont mêmes plus nombreux aujourd'hui qu'en 2007. Faute à qui ? Je vous le demande.
Le fait qu'il serait parfaitement impossible, et terriblement cher, de fournir des formations à tous ces paresseux et incompétents n'est d'aucune importance, puisque, dans le village ils ne sont pas plus de vingt ou trente. Dans le village, c'est parfaitement gérable.
Sarkozy est bien plus habile en communication électorale qu'en macroéconomie. Et avec ces fameuses "valeurs" qui arrivent dans la campagne, ce ne sont pas seulement des valeurs, mais le passage du réel vers un plan symbolique. Va falloir s'occuper des symboles, tout en essayant de noyer toutes ces sottises.
Bravo ! J'étais sur le même sujet et je cherchais un lien à coller, ça tombe bien.
RépondreSupprimerJe dis aussi que "la France éternelle", ça n'existe pas mais j'aime bien l'image du village !
En effet, c'est ainsi que ça marche !
:-)
[J'ai comme l'impossible espoir que cette fois les électeurs comprennent les ficelles ! :-)].
Merci, Isidore P.!
RépondreSupprimerPour les ficelles, on peut l'espérer, mais il suffit de tromper une partie de l'électorat pour passer au dessus de 50%.