Juan pose une question intéressante :
Pourquoi certains journalistes parlent autant du #Tweetgate?
Et il répond :
Pour que le buzz médiatico-politique prenne, il faut trois ingrédients: l’affaire doit être (1) simple à comprendre, (2) inattendue, (3) politiquement fort. Le #Tweetgate cochait les trois cases.
[…]
Mais le Tweetgate restait une pépite médiatique: nul besoin d’un grand savoir pour le juger. La documentation requise était minimale. Et chacun pouvait s’en faire une opinion.
Construire un message, expliquer un programme, une politique, des grands enjeux économiques, internationaaux, ce n'est pas facile. Le public dans l'ensemble ne saisit que des grandes lignes, et seulement quand la communication est réussie. C'est pour cela que la droite s'acharne, à chaque élection qu'elle risque de perdre, à marteler le même vieux message : les socialos vont augmenter les impôts. C'est un message facile à comprendre, et comme dirait Juan, "la documentation requise [est] minimal".
L'intervention de notre Première Twitteuse montre à quel point la communication "non-normale" est facile et efficace. En faisant appel à ce registre des relations interpersonnelles où justement la politique se mêle aux émotions et aux conflits familiaux, un message de moins de 140 caractères domine la scène politique pendant des jours, tuant effectivement toute la stratégie de communication du PS et du gouvernement. (De l'UMP aussi, mais c'est plus ou moins une aubaine : l'exposition de leur programme n'en souffrira pas, et un peu de tranquilité médiatique pour les arrangements avec le Front National n'est pas gênant non plus.)
L'épisode du tweet montre au moins combien il est difficile d'être "normal". La tentation du raccourci médiatique, en passant par l'image individuelle et la mise en scène people doit être énorme. Nicolas Sarkozy n'a jamais su résister, ou n'avait même pas l'idée de résister. Il a fondé toute sa stratégie communicationnelle sur ce "moi", ce personnage télévisuel qui pouvait occuper les esprits et prendre sa part de la disponibilité des cerveaux. Pourquoi en effet s'embêter à construire un message compliqué, à expliquer les subtilités aux électeurs quand on peut si facilement frapper des coups énormes avec peu de moyens ?
Car c'est facile, et c'est là le problème véritable. La structure de la présidence de la Ve République met l'accent sur chaque petit geste. Et en privant les médias de leur dose d'intervention présidentielle, ceux-ci se rabattaient sur des broutilles, comme la vitesse à laquelle roule la voiture présidentielle sur l'autoroute. La concurence extrême entre les médias qui vivent dans un cycle temporel extrêmement court, se mesurant en heures sinon en minutes, avec leur habitude de réduire des informations à leur noyau le plus simple et le plus facile à disséminer, rendent les médias insatiables pour ce type d'information.
La tentation doit être permanente de se laisser aller, et de profiter de ces possibilités pour marquer des points, river un clou en une phrase. À la longue, la réussite de la présidence de François Hollande dépendra de sa capacité à resister à cette tentation, et, mais c'est bien plus difficile, d'apprendre à son camp d'y résister également. Il pourra alors en user avec parcimonie lorsque la situation exigerait les grands moyens.
Oui, ils sont en manque, c'est clair!
RépondreSupprimerAmitiés
Bientôt ils se mettront à interpréter la signification politique de la couleur du vernis à ongles de Madame.
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