1 juillet 2008

L'Europe dans un brouillard de paillettes

Juan de Sarkofrance... tiens, on dirait un noble, on devrait lui donner un titre : Juan, Marquis de Sarkofrance, ça fait mieux. Juan donc publie en avance ce que Nicolas Sarkozy va dire ce soir (ou hier soir, j'écris ceci hors ligne) à la télé de l'État. Je résume les quatre points.

  • durcissement des politiques d'immigration, avec interdiction des régularisations massives;
  • l'écologie et le développement durable se réduisent au nucléaire (l'une des pirouettes préférées du TGH, comme on sait déjà trop bien). Valorisons Areva pour sauver la planète!
  • la défense commune européenne se réduit à l'Atlantisme du style "Tony Blair et la guerre d'Irak" (autre pirouette : la défense européenne commune n'est donc ni européenne, ni commune...);
  • défense toute chiraquienne de la Politique Agricole Commune. (Juan écrit : "Point de bio ou de décroissance. Il nous expliquera qu'il faut défendre les quotas et soutenir nos agriculteurs dans un contexte de crise alimentaire mondiale.")

Il y aurait beaucoup à dire sur chacun de ses points. L'essentiel, c'est qu'il n'y a rien à sauver, rien de bon, à part les principes nobles qui servent à justifier des politiques qui vont dans le sens contraire. Le nucléaire en est sans doute l'exemple le plus parlant : profitons d'un consensus mondial sur l'écologie et d'une crise énergétique qui sera permanante pour faire des affaires (et quid de la possibilité de repasser Areva à Vincent Bolloré?).

La technique fonctionne tout aussi bien pour sur la PAC. La crise alimentaire mondiale est la conséquence de la crise énergétique et des décennies de protectionnisme agricole en faveur des pays du Nord qui ont empêché le développement de l'agriculture dans le Tiers Monde. Réponse donc du TGH : il faut surtout continuer de faire la même chose.

Soixante semaines de Sarkozy nous ont appris qu'il n'est pas doué en politique étrangère : tensions avec Merkel, humiliation par Khadaffi, rejet de son alliance de la Méditerranée sur les deux rives, rejet du Mini-Traité par l'Irlande, humiliation de la Police Française par la Chine, et j'en oublie beaucoup d'autres exemples. Sa grande faiblesse dans ce domaine, c'est que la séduction sarkozyste ne marche pas sur des personnes qui ne participent pas à la même sphère politico-médiatique, qui n'ont donc rien à gagner par une complicité avec le Narcissisme National. La séquence Khadaffi nous a montré cela très tôt. De plus, les chefs d'état étrangers finissent par ne pas apprécier le fait d'être pris pour des pions dans une stratégie de communication visant les seuls Français.

Comment Sarkozy, nul donc en politique étrangère, va-t-il se conduire pendant la présidence française de l'Union Européenne? Ou, plus précisément, les pirouettes rhétoriques qui continuent à fonctionner tant bien que mal sur TF1 ou FR3, pourront-elles emballer l'opinion européenne pendant six mois?

L'Elysée doit avoir des doutes, car il a prévu de dépenser 1 million d'euros par jour pour animer cette grande réunion. C'est Mediapart qui en parle :

Environ 1 million d'euros sera dépensé chaque jour entre juillet et décembre 2008 par le gouvernement de Nicolas Sarkozy pour porter haut les couleurs de notre pays qui prend les rênes de l'Union européenne. Les sommes que la France a décidé de consacrer à la présidence de l'Union européenne atteignent le chiffre record de 190 millions d'euros.

Ce budget est près de seize fois plus im- portant que les 12 millions d'euros prévus par le Foreign Office lors de la présidence britannique de l'Union européenne en 2005. Mais on n'en saura pas plus. Pas un chiffre supplémentaire, pas un mot. Les instructions de l'Elysée sont formelles, rien ne doit filtrer du détail du programme avant son lancement le 1er juillet et des dépenses occasionnées.

Ce chiffre est d'autant plus impressionnant qu'une partie des dépenses sera assurée par l'UE elle-même. Je devine, donc, que ces sommes proprement astronomiques seront utilisées pour les besoins de la seule comm', pour entrentenir un brouillard de paillettes et de confusion autour de l'action présidentielle, brouillard qui servira, dans le calcul trèsgrandhommien, à masquer ses magnifiques pirouettes. Malheureusement pour Monsieur Sarkozy, il n'aura pas affaire aux mêmes téléspectateurs que d'habitude.

1 commentaire:

romain blachier a dit…

l'affaire, c'est surtout ce qui a dit avant

www.romainblachier.fr