19 octobre 2012

Comme la Suisse ? Facile !

 

Il paraît qu'en appliquant le libéralisme à la France, la France deviendrait une sorte de Suisse. La Suisse est un pays "fit", un pays qui fait du fitness (en salle, car les hivers sont rudes). Les libéraux sont fits aussi, car on est responsable pour son corps. C'est une question de volonté. Et cela leur évite d'avoir à se soucier de ce qu'ils deviendraient s'ils n'avaient pas l'assurance maladie de la Sécurité Sociale, car comme ils sont "fits", ils résistent aux maladies, au vieillissement et souvent au décès.

Mais je digresse.

Le problème que nous avons devant nous, c'est comment faire de la France une Suisse.

12 octobre 2012

Ebuzzing : un classement insignifiant

 

Il y a, depuis hier soir, une petite échauffourée dans la blogosphère, entre les Leftblogs et la société Ebuzzing, responsable du classement des blogs politiques, l'ancien classement Wikio. Est en cause la présence dans le classement d'un non-blog, accessoirement d'extrême droite. En effet, fdesouche ne fait que de publier des liens vers des articles de presse pouvant conforter son xénophobe dans leurs opinions. Si je trouve parfaitement normal que des blogs d'extrême droite aient leur place dans la blogosphère (et il y en a : celui de Rioufol par exemple), un aggrégateur de liens n'est pas un blog, et en laissant ses commentateurs faire le sale boulot, cette machine communautaire fait entrer, de façon détournée et sans possiblité de vrai débat de blog à blog, une énorme quantité de n'importe quoi haineux.

Mais l'échauffourée en question ne concerne pas directement fdesouche, mais la société Ebuzzing.

Quelques réactions des confrères :

Et ma réaction ?

11 octobre 2012

Dette : prenez vos billets pour la nouvelle crise

 

C'était le 6 septembre. Mario Draghi a annoncé un soutien "illimité" aux pays de l'eurozone menacés par leurs dettes. Le mot "illimité" a produit un certain effet et a servi à rassurer les requins. Les taux payés par l'Espagne et l'Italie baissent aussitôt. Tout le monde est content. L'euro est sauvé !

Pourtant, un peu comme avec les forfaits téléphoniques illimités, il y a des clauses en bas du contrat qu'il faut lire. Et la condition essentielle du soutien illimité de la BCE oblige le pays demandeur d'aide de se soumettre aux "réformes" préconisées par la BCE. Pour avoir une idée de ce à quoi ressemblent de telles réformes, je vous invite de regarder un peu la Grèce.

Un mois plus tard, les choses semblent s'être calmées. L'Italie emprunte à des taux raisonnables, malgré une récession dure et des déficits qui explosent, malgré ou plutôt à cause de plusieurs politiques d'austérité et de libéralisation.

Pourtant…

9 octobre 2012

Austérité, croissance, char, boeuf

 

Mediapart publie une série de débats sur le TSCG. Voici un extrait de celui entre Pierre Laurent (PCF) et Karine Berger (PS) :

Pierre Laurent. L’engagement de François Hollande, c’est même 0 % de déficit en 2017.

Karine Berger. 3 % de déficit pour la France, c’est le moment où la dette arrête d’augmenter toute seule. Pour nous-mêmes, nos enfants, la capacité de mettre en place des politiques de gauche dans ce pays un jour de manière forte, avec des marges de manœuvre et des progrès sociaux, nous devons d’abord stopper l’emballement de la dette.

La réponse de Karine Berger est sans doute la défense la plus claire et la plus cohérente possible de la position du Président et du gouvernement, à la fois en termes de perspective économique et garanties politiques à gauche.

Être "l'ennemi de la finance" voudrait dire : libérer la France des financiers en réduisant la dette. Et le grand redressement des comptes publics ne serait que la prélude à une nouvelle politique de gauche, à mettre en place sans doute pendant un éventuel second quinquennat de François Hollande.

On dit qu'il manque à Hollande "un grand récit" à raconter à la France. Celui-là pourrait jouer ce rôle.

Ce serait un beau récit, une belle histoire. Et pourtant, je n'y crois pas.

7 octobre 2012

Austérité, tu m'auras pas

 

Enfin, si. Tu m'auras. Tout est parti pour.

La semaine dernière, j'ai parlé de l'Italie, où la politique d'austérité a permis de doper la récession tout en creusant encore plus les déficits. (Tout va bien, finalement, car les nouveaux déficits, dûs à l'austérité, ne sont pas de la même nature que les anciens.)

Selon Angela Merkel (et bien d'autres), il faut que ça fasse mal. C'est en se faisant mal qu'on se fait du bien. On peut aussi se faire du bien en faisant mal aux autres. Les deux vont ensemble.

François Hollande, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac restent donc à l'intérieur du consensus austère.

Cahuzac a dit hier :

Est-ce que c’est agréable de lever l’impôt ? Non. Mais, à court terme, l’endettement public crée la récession

J'aimerai savoir précisément pourquoi il pense que l'endettement public crée la récession. L'exemple italien, comme les exemples espagnol et grec, montrent qu'à court terme, l'austérité crée la récession. Le mécanisme est simple : l'austérité enlève de l'argent de l'économie et donc la ralentit l'activité. L'endettement peut provoquer une hausse des taux d'intérêt payés pour financer la dette, créant les spirales qu'on a vues chez les voisins. Mais cela n'a pas encore eu lieu en France et n'explique pas la récession.

Et puis, il n'est pas nécessaire de chercher l'explication de la récession : la (ou les) crise(s) financière qui n'étaient pas provoquée(s) par les budgets des Etats de l'Union Européenne.

Il semble, hélas, que le Parti Socialiste a intégré totalement la doctrine qui, il n'y a pas si longtemps, étaient réservée à la droite libérale, l'ex-UDF en particulier. Un exemple parmi d'autres : Catherine Trautmann, dans un débat avec Barbara Romagnan, chez Mediapart :

Qu’on ait des règles de résorption du déficit et de résolution de la dette, c’est la condition indispensable d’assainissement de nos économies. La France doit redresser ses comptes et faire face à ses obligations de contributeur.

Nous avons internalisé la lubie anti-keynésienne. Les dettes souveraines ne sont pas la cause de la crise, mais la crise révèle une faiblesse dans la structure de l'union monétaire, qui fait que désormais il n'y a plus qu'une seule manette sur laquelle les Etats peuvent tirer : le dosage de l'austérité. Tout le reste est bloqué : relâchement monétaire, taux d'intérêt, inflation.

3 octobre 2012

Les Pigeons (#geonpi) sont vraiment des pigeons

 

Une petite note sur les "#geonpi", qui s'avère une intoxication politique de grand niveau.

D'abord, il faut absolument lire ce billet excellent, qui écrasent les arguments larmoyants des Pigeons, et remet de l'ordre dans les chiffres. Par exemple :

1 octobre 2012

Autoentrepreneurs : il ne faut pas subventionner la précarité

 

Le titre du papier de L'Expansion est plaisant : "Hausse des cotisations: les auto-entrepreneurs crient à l'assassinat". C'est une question complexe, qui fait ressortir des clivages parfois inattendus. Ainsi, le fait "de relever les taux forfitaires pour les rapprocher de ceux des indépendants", comme l'affirme le ministère du Commerce et de lArtisanat, par souci "d'équité" (les artisans avaient crié à l'assassinat les premiers). Ce n'est pas la première fois depuis la rentrée que nous entendons des cris de "Au voleur ! à l'assassin !", et ce n'est sûrement pas la dernière.

La question devient celle savoir ce qui est la réponse véritablement "de gauche" à la question de l'autoentreprise. Ainsi, Henri Novelli se veut le défenseur des pauvres :

Le père de l'auto-entreprenariat, Hervé Novelli, a pour sa part dénoncé ce week-end " une mise à mort progressive des auto-entrepreneurs", ajoutant que la mesure, "véritable agression contre les travailleurs pauvres", allait faire "revenir le travail au noir". (Du même article.)

(Notons au passage que tout le monde parle de "mort".)