29 octobre 2007

Sarkozy l'amerloque et le New Yorker

Ce matin, après avoir regardé le clip de Sarkozy en train de faire une colère devant les journalistes américains (merci Juan et Dagrouik), je suis tombé sur un article de la très respectée revue américaine The New Yorker, un article sur notre cher petit Très Grand Homme (TGH), Nicolas Sarkozy. Il date du 27 août mais il est assez perspicace et assez drôle.

Ma phrase préférée:

Bonapartism does not mean simply the possession of power by a short, ambitious man.

Et sur l'américanisme de Sarkozy, quelques intuitions intéressantes. Pour le journaliste, Sarkozy n'est pas tant pro-Américain, qu'un "américain manqué", un immigré dont le destin était d'aller jusqu'au bout, jusqu'aux Etats-Unis, mais que le hasard a fait aterrir en France.

But an American manqué is not at all the same thing as someone who is pro-American. He is not reflexively opposed to American interests, as Mitterrand was and as Chirac became. The point of his so-called Americanness, though, is to be able to act the way an American would if he were running France. He is surrounded by people who admire and understand America, but what they have taken from it is the habit of high-spirited enterprise and self-assertion. Sarkozy is a statist, unrepentant and unreformed, and determined to use the levers of government for its own good. By "reform" Sarkozy means growth and a crash course in modernization. By reform, he means, in a nutshell, anything to catch up with London. (C'est moi qui souligne, o16o.)

J'essaie de traduire la phrase que j'ai soulignée :

Le but du style américain de Sarkozy est de pouvoir se comporter comme un Américain à qui on aurait confié la France. Il est entouré de gens qui admirent et comprennent l'Amérique, mais ils en ont retenu avant tout une culture de l'entreprise et une habitude d'affirmation de soi.

Bref, Sarkozy n'est "américain" que dans l'image, quand il chausse ses Nike. L'Amérique pour lui est simplement une attitude que le pouvoir lui permet d'adopter.

27 octobre 2007

La Fédé

Ça mérite un billet : massi13 crée une page référençant de nombreux blogs anti-sarko, les Surveilleurs de Sarkozy, ou encore La Fédération des blogueurs vigilants.

On ne peut qu'applaudir de toutes nos mains.

Oeufs durs

La droite qui a voulu imposer la lecture d'une lettre de communiste fusillé finira-t-elle, un jour, par s'en mordre les doigts? Sarkozy est courageuesement trop occupé pour assister à la lecture de cette lettre en compagnie des élèves en colère du lycée Carnot; Dati est chahutée; Darcos est chahuté. Surtout, par le jeu du calendrier, l'anniversaire de la mort de Guy Môquet tombe presque en même temps que le vote de l'Assemblée National en faveur des tests génétiques destinés à nous protéger de ces étrangers qui seraient tentés de faire appel à leur droit de regroupement familial tout en remboursant la "dette" de notre président envers ses électeurs xénophobes. Bref, ils commencent à devenir un peu lourd. Si cette lecture serait passée sans trop de mal un mois ou deux après l'élection glorieuse de Nicolas Sarkozy (TGH), aujourd'hui les ficelles deviennent un peu trop grosses, un peu trop visibles.

Je continue de penser que ce genre de chose va au moins avoir pour effet de tuer dans l'oeuf toute prolongation de l'ouverture sarkozyenne. Tout se durcit : le ton de Sarkozy après l'annonce maladroit de son divorce (et surtout quand on ose en parler devant lui) en même temps que les relations sociales. La lecture imposée de la lettre de Guy Môquet arrive, perçue comme la grossière manipulation qu'elle est, est arrivée pour jetter un peu plus de huile sur le feu. L'illusion du sarkozysme comme étant (incroyablement) politiquement neutre - seule la compétence compte -, un grand rassemblement de réformisateurs sans boussole politique, a vécu.

La personalité de notre Président est binaire : d'un côté, le grand séducteur, qui a réussit à convaincre peu à peu, ralliement par ralliement, toute l'UMP qu'il en est l'avenir ; de l'autre, le "volontarisme" autoritaire de quelqu'un qui est persuadé que sa hargne est suffisante pour triompher dans toutes les situations. Si l'ouverture était le produit du Sarkozy souriant, l'immonde Hortefeux est une créature du Sarkozy au front plissé et au regard sombre. C'est facile d'être sympa quand tout va bien, tandis que tout indique que dans une confrontation (syndicale?) plus rude, c'est le bad cop qui referait surface.

24 octobre 2007

Merci Noël Mamère

La place de l'opposition dans la Ve République lui laisse peu de possibilités pour empêcher l'adoption même des lois honteuses telles que celle de l'ignoble Colonel Brice Hortefeux. Et pourtant, la majorité n'était pas si loin de craquer cette fois.

Tout ce qu'on peut espérer, à ce stade, hormis une surprise en provenance du Conseil Constitutionnel, c'est que la Majorité Invicible de notre Lider Autoritarismo, Nicolas Sarkozy, le Très Grand Homme (TGH) paie le prix politique de ses actions, et que le pays n'oublie pas qui a fait voter cette loi. Sarkozy nous promet depuis quelques temps d'aller « plus loin dans l'ouverture », mais on peut se demander si l'ouverture n'est désormais plus possible, hormis des types comme Bockel, à propos de qui on peut se demander s'il y a même un sens de parler d'ouverture.

Il faut qu'il y ait un prix politique. A nous, et même aux blogueurs provisoirement découragés, donc, de ne pas laisser oublier ce prix politique. J'en avais déjà parlé, d'ailleurs, à propos de l'élection. Ce qui m'amène aux remerciements que j'étends à Noël Mamère (via Juan), qui a dit les choses comme elles sont:

L’atmosphère est devenue particulièrement houleuse avec l’envolée de Noël Mamère (Verts), qui a accusé le gouvernement de vouloir «rembourser la part de la dette à l’extrême droite qui a permis au président de la République d’être élu à l’Elysée».

Traitant les tests ADN de «peste biologique» qui institue «la xénophobie d’Etat», Noël Mamère a aussi critiqué l’instauration d’un test d’évaluation, dans le pays d’origine, de la langue française et des valeurs républicaines.

«Si on avait demandé aux parents ou aux grands-parents du président de la République, à ceux d’Edouard Balladur, de Fadela Amara ou Rachida Dati de parler français, croyez-vous qu’ils pourraient vivre dans ce pays et être membres du gouvernement?», a-t-il lancé.

20 octobre 2007

Comment faire des éditos pour Le Monde

Et si notre journal vespéral de référence décidait de mettre des publicités pleine page à la place du contenu habituel de sa « page deux » ? Ou encore, si cette page pouvait rester blanche, espace libre de coloriage et/ou de gribouillage pour les enfants? Ou, si on tient absolument à quelque chose d'utile pour le lecteur adulte, celui qui débourse les 1,30 euros, pourquoi pas des listes, du style « Vingt choses intéressantes à savoir sur la Constitution du Ve République »? Aucune de ces options ne nuiraient, je crois, beaucoup au contenu actuel de cette page, devenu tellement mou que l'on peut se demander pourquoi cette grande institution journalistique se donne le mal d'y mettre quelque chose chaque jour.

Je me souviens encore d'un Monde où l'on pouvait trouver un esprit critique dans les éditos, mais apparemment c'est fini : on ne trouve désormais plus qu'un faux-semblant d'esprit critique, une pâle imitation destinée à faire croire au lecteur peu vigilant qu'il a bien lu autre chose que des thèses sarkozystes réchauffées et badigeonnées à la sauce vespérale.

Quelques exemples de cette semaine.

Le 16 octobre, Le Monde publie une « Analyse » de Bertrand Le Gendre, l'un des rédac'chefs au Monde, intitulée « Ingénierie constitutionnelle ». Ce n'est pas un mauvais article, il fournit une assez bonne mise en perspective historique sur certaines des questions centrales autour de la présidentialisation. Toutefois, le but du papier est, finalement, d'arguer en faveur du statut quo (hors cohabitation, tous les régimes ont été présidentiels) et d'espérer que le comité Lang-Balladur fera quelque chose de bien pour augmenter le pouvoir de l'Assemblée, sans trop savoir quoi. Le salut viendra, paraît-il, du non-cumul des mandats, du moins de celui de député et d'un rôle exécutif sur le plan local :

Avec pour point d'ancrage - pourvu que cela ne reste pas un voeu pieux - l'interdiction de cumuler un mandat de député avec une fonction locale de premier plan. Face à un exécutif omnipotent, on ne peut pas être membre de l'Assemblée nationale à mi-temps.

Si c'est cela « le point d'ancrage » de cette réforme, ce n'est pas la peine d'être ingénieur. On ne s'ancre pas là, on s'accroche à ce qu'on peut. Mais surtout, rien n'inquiète l'auteur, qui a une confiance sans faille en notre Très Grand Homme (TGH). En tout cas, il n'y a rien dans ce papier qui risquerait d'ébranler la confiance des lecteurs du Monde en les super-pouvoirs du Président.

Sur cette même « page deux », l'Edito en face nous parle des malettes de Gautier-Sauvagnac, non pas pour traiter des méchants patrons qui s'en mettent plein les poches, mais pour étendre le scandale à l'ensemble du syndicalisme:

A la différence du Medef, qui a des comptes certifiés, l'UIMM relève, comme les syndicats de salariés, de cette fameuse et historique loi de 1884 : elle dispose simplement, dans son article 6, que les syndicats de patrons et d'ouvriers "pourront employer les sommes provenant des cotisations". En d'autres termes, les syndicats qui n'ont jamais réussi à vivre de leurs seules ressources n'ont ni à être transparents ni à rendre des comptes. Il en est résulté "une assez grande opacité" [...].

Tout en ayant l'air de s'offusquer des errements de DGS, l'éditorialiste anonyme réussit à mettre en cause le syndicalisme français dans son ensemble. Et ce à deux jours du « jeudi noir » de la grande prise en ôtage.

Ainsi, pas de surprise quand on arrive enfin au jeudi en question et que Le Monde annonce son soutien sans faille pour les réformes présidentielles. L'« Edito » du 18 octobre s'intitule « Réforme et équité », comme s'il s'agissait d'appeler à un équilibre entre la réforme (Sarkozy) et l'équité (ceux qu'on allait priver de leurs régimes spéciaux). On comprend vite que l'équité en question est celle entre les différentes branches; en somme une position parfaitement alignée sur celle du TGH, qui dénonçait un système « indigne ». Résumé rapide de l'Edito? Il faut réformer les régimes spéciaux, c'est inévitable, nous souhaitons bonne chance au Président, qui aura besoin de négocier soigneusement, c'est-à-dire avec un peu d'équité. L'auteur anonyme écrit :

Pour M. Sarkozy, il s'agit donc de parachever, au nom de l'équité entre tous les salariés du privé et les fonctionnaires, une réforme que la gauche aurait faite si elle était aujourd'hui aux responsabilités, et dont la plupart des syndicats ne contestent pas le principe.

Pour conclure :

Avoir défini un objectif ne dispense cependant pas M. Sarkozy d'agir avec souplesse dans les négociations d'entreprise pour tenir effectivement compte des spécificités des régimes spéciaux, où la retraite avantageuse est souvent compensée par des astreintes dures et des salaires bas. Les métiers pénibles y existent encore, et il ne faudrait pas seulement les prendre en compte dans le privé et les occulter à la SNCF ou à EDF. Enfin, il faut se garder absolument de stigmatiser les salariés de ces régimes comme s'ils étaient des nantis. L'équité ne va pas sans respect de la cohésion et de la justice sociales.

Il faut réformer, mais il faut être gentil.

Je pourrais continuer longtemps. Le 19 octobre, par exemple, c'est l'Europe et la confirmation de la nécessité du mini-traité (« L'engagement de Nicolas Sarkozy de ne pas organiser de référendum sur ce nouveau texte est un gage de succès.»)

L'art de l'Edito au Monde se réduit désormais à ceci : rappeler les faits, puis reprendre les arguments de Nicolas Sarkozy en trouvant des termes plus froids, plus sérieux, qui fassent plus « journal de référence » que ceux du TGH. Ensuite, ajouter une pincée de réserve, un léger doute pour montrer son indépendance d'esprit, doute qui doit vraiment être léger comme une plume pour éviter tout risque d'inquiéter le lecteur, qui ne doit en retenir que l'impression d'avoir lu un éditorial, c'est-à-dire une réflexion « critique ». Un esprit critique cache-misère devant l'affirmation répétée inlassablement - mais toujours très calmement - du caractère inévitable de tout ce que propose Sarkozy.

Minc va partir, mais j'ai bien l'impression qu'il n'est pas le seul qu'il faudrait virer.

19 octobre 2007

Être, c'est être people

Et déjà on parle de Sarkozy et Carole Bouquet!

Je ne peux plus suivre ce soap opera, fût-il lourd de conséquences pour la suite.

"Ils ne feront aucun commentaire"

Nous ne pourrions pas connaître avant longtemps les véritables retombées du traitement médiatique du divorce Sarkozy/Sarkozy. Pour l'instant, il semblerait que Sarkozy aurait mieux fait de faire appel à une boîte de com' spécialisée dans le disaster management. Le si habile Sarkozy était visiblement empètré dans une situation où il n'était plus maître à bord et soudain il se comporte à nouveau en Président distant, avec ses quinze mots, dont presque un tiers pour dire qu'il n'y aura pas de commentaire. "Ils ne feront aucun commentaire", oui, ça fait cinq mots.

Pourquoi annoncer qu'il n'y aura pas de commentaire? De toute façon, dès aujourd'hui nous avons eu droit aux commentaires de Cécilia. Etait-ce pour justifier le silence gêné qui fut matérialisé par les pas de commentaire répétés de David Martinon? Par justifier, je veux dire : faire comme si le "pas de commentaire" était une politique délibérément choisie et parfaitement cohérent avec la hauteur prise par le Très Grand Homme (TGH)? Curieux qu'après 23 semaines passées à tirer tous les regards sur lui, et parfois sur son couple quand l'occasion se présentait, curieux que Sarkozy se réfugie soudain dans une réserve digne de ces prédécesseurs.

C'était tout de même malin de faire tomber l'annonce le jour de la grève, histoire de profiter, malgré tout, de sa vie privée pour encore une fois qu'on parle de lui plutôt que d'autre chose. En effet, autant concentrer les mauvaises nouvelles : élimination du XV de France, divorce, mouvement social.

On s'interroge beaucoup sur l'état d'esprit de notre divorcé national. Va-t-il "exploser en vol", comme le suggèrent Dagrouik et Chirac? Je ne vais pas me hasarder dans les méandres de la psychologie du bonhomme, c'est-à-dire la partie non-politique de la psychologie sarkozyenne, que l'on imagine tourmentée, tout de même. Je vois quand même dans ce refus de commentaires, cependant, un certain durcissement des positions, qui pourrait confirmer une tendance paranoïaque chez lui dont j'avais parlé il y a quelques mois. Le "pas de commentaire", c'est un retour sur l'autre pôle de la bipolarité présidentielle. D'un côté il y a le type affable, souriant, et de l'autre l'homme autoritaire, grave, rancunier.

Tout cela serait sans importance si on pouvait penser que ce durcissement n'allait pas contaminer le comportement politique de l'omni-homme.

17 octobre 2007

Et toi aussi, LCI ?

Visiblement, je deviens un Cécilia-junkie. Tant pis, c'est un tel défi pour un communicant politique comme Nicolas Sarkozy, notre Très Grand Homme (TGH) que la séparation entre vie privée et vie publique ne me préoccupe pas beaucoup.

Aujourd'hui, ça se corse, car les rumeurs se précisent, et l'absence de démenti commence à peser lourd. Le déroulement des événements médiatiques est assez clair, ce sont Le Nouvel Obs et LCI qui ouvrent le bal, en déballant l'info cruciale, le voyage de Cécilia non à Genève mais à Nanterre.

Mais voilà ce qui m'intéresse : LCI? LCI qui, pendant la campagne présidentielle était « l'annexe » de l'UMP ?

Comment se fait-il que c'est cette chaîne amie qui plante l'un des premiers couteaux ?

13 octobre 2007

Défaite du XV, une bonne nouvelle pour Sarkozy

Suite du post précédent, maintenant que l'Angleterre a battu la France en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby.

Je sais que la victoire de l'équipe de France en finale était censée aider le Très Grand Homme (TGH) à ramener ses points de croissance avec ses petits bras, et que c'est pour cette raison que Bernard Laporte fut préselectionné en tant que Secretaire d'Etat. On pourrait imaginer que cette défaite est un revers pour Sarkozy.

C'était sans compter sur Cécilia.

Tout à l'heure je disais que le resultat du match allait déterminer comment le couple royal présidentiel allait annoncer leur séparation. L'ennui, c'est qu'en cas de victoire des Bleus, ce n'était pas terrible que le Président impose au pays une sorte de deuil national (car ce sera ça, si Cécilia se casse). C'était demander aux pauvres gens d'éprouver simultanément dans deux émotions contradictoires.

Grâce à cette magnifique défaite, Sarkozy peut tranquillement ajouter son deuil personnel et national à celui, sportif, du pays. Il sera super en phase avec ses sujets, et tout ira pour le mieux.

Cécilia et le XV de France

Comme disait Dagrouik tout à l'heure dans un commentaire, le seul intérêt véritable dans cette histoire de couple est de savoir comment Sarkozy va réinventer son personnage dans un avenir sans Cécilia. Il y a aussi une certaine fascination à observer comment l'Elysée va essayer de créer du spin pour cette histoire. Car là, quand même, Sarkozy n'a pas pu établir son propre agenda. Pour une fois, tout le monde, et surtout la Suisse, sait ce qu'il va dire, et il ne l'a pas encore dit. Comment alors créer l'évenement, comment créer l'émotion quand, d'une certaine façon, l'événement et l'émotion sont déjà là?

C'est en tout cas une démonstration intéressante du pouvoir de l'Internet, car il y a 15 ans, la mainmise sarkozyste sur les médias français aurait suffit à étouffer l'affaire jusqu'au moment que Guéant et Guaino auraient jugé opportun pour une annonce solonelle. Raté.

A propos du moment, il est évident que le résultat du match de ce soir va être déterminant dans la stratégie médiatique de Sarkozy et des siens. A supposer, en tout cas, que tout n'est pas bloqué par des ultimes tractations entre les époux présidentiels... (Ou peut-être que tout cela n'est que du bruit. Libération semble faire marche arrière.)

Mais dans l'hypothèse d'un divorce, il est clair que beaucoup de l'avenir politique de Sarkozy se jouera sur les pages des revues de Prisma Presse, surtout Gala et VSD. On imagine déjà les titres : Sarkozy meurtri!, Sarkozy : j'aime encore Cécilia!, puis Sarkozy : je suis apaisé, "Avec Cécilia, nous avons su rester amis, et enfin, mais c'est peut-être Voici cette fois: Sarkozy se console avec.... Je parie que Sarkozy et ses spin doctors sont en train de prévoir cette ligne narrative.

L'appétit national pour ce roman à l'eau de rose va dépendre, cependant, de ce que font les Bleus ce soir. Donc prudence.

Tests ADN : quelques réflexions de plus

Voici quelques réflexions sur les tests ADN et pourquoi c'est vraiment mauvais. Il y a sans doute rien de bien neuf dans ce que je vais dire, mais trois semaines sans bloguer, cela vous vide curieusement le cerveau (le mien, en tout cas, tant le blog devient une manière pour moi de concrétiser ma pensée), et j'ai donc besoin de remttre les choses à plat.

C'est doublement nécessaire en raison de la logique des défenseurs de cette mesure, qui se résume à pourquoi vous énervez-vous? ce n'est qu'une bricole. Oublions, pour l'instant, le débat sur Fillon qui ferait du lepenisme sans le savoir, ou sans l'admettre, pour nous concentrer sur cette logique qui proclame la banalité de la mesure et donc l'exaggeration de toute critique.

La banalité est une véritable thématique dans cette histoire, à commencer par la façon dont les tests ADN ont été introduits, non par l'ignoble Colonel Hortefeux lui-même, mais par celui qu'on présente souvent comme son "ami", Thierry Mariani. (Et oui, il a un "blog", celui-là; il aurait tout intérêt à suivre les conseils de Nicolas...) D'emblée, la mesure est accessoire, ne fait pas partie du texte ministériel, et peut être abandonné si jamais il y a des problèmes. On nous dit surtout que Hortefeux avait pensé inclure les tests ADN dans son texte a lui, puis avait abandonné l'idée. Mariani ramasse les miettes, mais ensuite les sarkozystes convaincus le soutiennent comme si la mesure avait fait partie des promesses de campagne... Difficile de ne pas y voir une mise en scène assez grossièrement ficelée.

Le Très Grand Homme (TGH) dit qu'il "n'est pas choqué" par les tests ADN. Kouchner avait d'ailleurs dit à peu près la même chose : "cela ne me plaît pas, mais ne m'indigne pas". Et Fillon saute sur la même thématique et sort son "détail". (Toujours le mot pour rire lui : "faillite", "détail", quel mot demain?) Et nous avons entendu sans cesse que pleins d'autres pays européens faisaient la même chose, et ce depuis des siècles sans que personne s'en plaigne, à la différence des gauchistes français, toujours aussi hystériques.

Ensuite, une fois que la Commission des Lois du Sénat a rejeté une première version de l'amendement, le gouvernement en réduit considérablement la portée, surtout en en faisant une "expérimentation" avec une "mise en oeuvre progressive" et en limitant le nombre de pays concernés. "Expérimentation", ça fait moderne sans doute, comme Raffarin le décentralisateur. C'est censé surtout ne pas nous faire peur : ils vont y aller doucement; si ce n'est pas bien, ils arrêterons. Sauf que l'expérimentation c'est, en général, utile pour des phénomènes économiques ou sociaux, quand on ne peut pas savoir si une mesure aura les effets escomptés. Ce n'est pas du tout une réponse adaptée aux véritables défauts de cette mesure qui n'ont rien à voir avec son éventuelle efficacité, mais qui sont d'ordre, on va dire, pour aller vite, moral et politique. Si les tests ADN sont moralement acceptables pour un petit nombre de pays, ils le sont pour tous, et dans ce cas il n'y pas besoin d'en limiter la portée et de passer par cette période d'essai. Essayer quoi?

Le premier, et peut-être principal, défaut de cette mesure est sa portée symbolique. Du fait qu'il s'agit d'un symbole, la droite en profite pour dénoncer l'exaggération de la gauche (et de Raffarin et de Villepin), en se posant comme plus pragmatique, la tête bien sur les épaules. Mais dire que tout ce qui symbolique est nécessairement accessoire est une erreur, sur plusieurs plans. Tout d'abord, le symbolique est important. Tout simplement. Le symbole de ce test ADN conditionnera pour toujours les relations entre l'Etat et les candidats à l'immigration, et aussi les relations entre la France et les pays qu'elle considére incapables de produire des documents fiable d'état civil. Ce symbole, en France, entre en conflit avec des siècles de catholicisme et de cartésianisme qui ont privilégié l'esprit au dépens du corps, ce qui explique pourquoi faire tester son corps pour prouver sa légitimité ressemble trop à une soumission, quelque chose que l'on ferait à du bétail... D'autant plus que l'on se refuse de pratiquer pareille chose sur des Français...

Ce qui nous amène à l'autre point essentiel qui est, dans un sens, un peu masqué par le fait que tout cela arrive dans le contexte du débat, déjà bien chaud, sur l'immigration, à savoir la question de l'usage des informations génétiques. On savait que la génétique était très utile, notamment pour récupérer les Piaggio volés. Vont-ils se banaliser chaque fois qu'ils pourraient faciliter une procédure administrative ? Ce n'est pas l'intention, aujourd'hui, de Hortefeux ou même de Mariani, mais la première exception à une règle est toujours la plus dangereuse.

Ma prévision pour l'après-Cécilia

L'Elysée a du mal à trouver commenter cadrer l'annonce de la séparation présidentielle. Sarkozy a du mal à imposer l'agenda en ce moment. Certes.

Voici ma prévision sur comment cette histoire sera enfin rendue, comment dire, publique. Sarkozy, tout en paraissant raisonnable et équilibré, genre « Cécilia et moi, on s'aime toujours autant », va se poser en victime. C'est une facette étrange de son système de séduction et qui va très bien à sa paranoïa, genre Clearstream.

Le défi pour Sarkozy maintenant est de trouver comment tirer parti d'un nouveau rôle de victime.

11 octobre 2007

Sacré BHL!

BHL est malin.

Plutôt que de s'attaquer directement à Sarkozy, ils'en prend à Guaino (via Sarkofrance):

"C'est quoi l'extrême-droite en France?", s'était interrogé Bernard-Henri Lévy. "C'est le maurrassisme. Jean-Pierre Chevènement, c'est un maurassien". Or, selon lui, "on a deux maurassiens en France qui ont une importance politique considérable, (...) c'est Chevènement, et puis (...) Henri Guaino. C'est le mec qui fait le discours de Nicolas Sarkozy."

Pour l'essayiste, "dans le cas de Guaino ce n'est même pas maurassien, Guaino il est raciste". BHL a été particulièrement choqué par le discours prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet dernier à Dakar et qui avait suscité de vives réactions chez de nombreux intellectuels.

La question s'est posée, je ne sais plus par qui, à propos de l'ignoble Brice Hortefeux : ne faudrait-il pas plutôt s'attaquer directement à Sarkozy qui est responsable de la présence du Colonel Hortefeux dans son gouvernement (je veux dire : dans celui de Fillon) ? Il y a pourtant un avantage à s'en prendre à des cibles plus faciles et moins bien protégées, médiatiquement, que le Très Grand Homme (TGH). C'est une véritable faiblesse dans la stratégie sarkozyenne qui doit s'accomoder de l'existence constitutionnelle d'un Premier Ministre dont l'outrecuidance va jusqu'à se considérer "chef" du gouvernement. Il n'est pas si facile d'avoir un chef de gouvernement faible et plus ou moins impopulaire, et un président trop-super-fort qui soit également populaire.

Revenons à BHL qui s'en prend à Guaino, auteur discours de Dakar. Il traite Guaino de raciste, mais épargne Sarkozy. Pourtant, c'est Sarkozy qui a prononcé le discours de Dakar, qui doit en assumer la responsabilité. Mais pour BHL, le problème est celui de l'"influence" sur le TGH de ses conseillers:

Plus généralement, BHL s'était inquiété de l'influence de la "plume" du président de la République, qui lui-même ne serait "pas raciste". [...]

"Les conseillers de Sarkozy, et notamment ce fameux Guaino," a déclaré Bernard-Henri Lévy, "lui ont fait dire que Vichy, fallait arrêter d'avoir honte, qu'il fallait arrêter de faire repentance, que d'ailleurs la France n'avait pas commis de crime contre l'humanité et qu'elle n'avait pas participé au génocide".

Bref : Sarkozy n'est pas raciste, mais il n'est pas fort. Il se laisse influencer et donc il fait n'importe quoi. Ce n'est pas de sa faute, mais il fréquente des types pas très bien.

BHL évite qu'on l'accuse d'antisarkozysme primaire ou d'être anti-démocratique, s'opposant à la volonté du peuple qui s'est levé en écoutant Sarkozy prononcer les discours de Guaino. Ici, on est plutôt fier d'être anti-sarkozyste primaire, mais on peut comprendre que BHL ait envie d'éviter que l'on puisse l'en accuser.

En tout cas, vu la réaction de Guaino,

"Ce petit con prétentieux ne m'intéresse pas. Qui est-il donc? Qu'a-t-il fait dans sa vie de si extraordinaire pour se permettre de juger comme ça?", s'est interrogé Henri Guaino. "Je n'ai jamais rencontré BHL. Il ne m'aime pas, moi non plus. Il n'aime pas la France, moi si. Il a la bave aux lèvres, avec la haine qui suinte de partout."

il est permis de supposer que BHL a bien atteint sa cible en plein coeur.

Technorati, l'ami des blogueurs

Cela faisait presque trois semaines que je postais très peu de billets ici, et pendant ce temps mon Authority chez Technorati a augmenté de plusieurs crans.

Puis aujourd'hui, Nicolas J, anciennement jegpol, encore plus anciennement Nicolas J, s'interroge sur le fonctionnement de ce même Technorati.

D'où ce billet pour tester l'attribution des points d'Authority. Je fait donc des liens vers quelques uns des blogs les moins connus de la constellation PMA, notamment Partageons mon avis, La Poubelle et Micropartageons mon avis. Les réponses bientôt. Promis.

10 octobre 2007

Hortefeux, la radio, Sarkozy, le Front National

Lundi soir j'écoutais un peu par hasard l'ignoble Brice Hortefeux, pardon, Colonel Hortefeux, comme Olivier Bonnet nous le rappelle, sur France Inter, dans l'émission Le franc parler. (On peut même encore l'écouter, mais pour l'instant je n'ai ni le temps ni le courage.)

Bref, Hortefeux parle à la radio. Je ne l'avais pas encore entendu parler et, ayant manqué le début de l'émission, je suis surpris d'apprendre que la voix que j'écoute appartient à notre Ministre de la Haine, du Racisme et du Codéveloppement.

Hortefeux, est, en réalité, une sorte de Sarkozy bis, du moins dans la parole. Il a exactement les mêmes tics que le Très Grand Homme (TGH), les mêmes astuces verbales pour prendre le dessus sur ses intervieweurs : appeler les journalistes par leurs noms, un peu comme les innombrables "Madame Royal" du débat; les tournures faussement pédagogiques, surtout "premier élément"; un ton où se mélangent le mieleux et l'autoritaire; et surtout des renversements démagogo-rhétoriques qui font appel aux bons sentiments et au bon sens, genre vous pouvez dire ça, mais ce n'est pas du tout ma conception de la démocratie. (Cela n'est pas une citation.) Il faudrait sortir toute l'histoire des relations entre les deux hommes pour savoir qui a été à le maître et qui l'élève, mais il est évident qu'il y a une sorte de fusion entre le TGH et celui qu'on appellait naguère son "porte-flingue".

Sur le fond, je n'ai pas entendu grand'chose de nouveau. Là où les choses se sont un peu corsées, c'était lorsque l'intervieweur a attaqué, et assez franchement, sur la question des électeurs Front National. Pourquoi risquer la polématique avec le test génétique, si ce n'est qu'un "détail" et ne va servir que dans très peu de cas (18 mois d'expérimentation, seulement quelques pays, etc.). Hortefeux monte sur ses grands chevaux démocratique pour d'abord féliciter Sarkozy d'avoir réduit le score du FN (comme si le mal était le parti lui-même, et non les idées du parti), et ensuite pour faire l'éloge des électeurs ex-FN, dont les voix comptent autant que les autres.

Hortefeux ne pouvait pas dire "oui, bien sûr, on monte ce machin génétique pour récompenser nos électeurs d'extrême droite" évidemment. Son éloge des électeurs de l'extrême droite était une manière de le dire sans le dire, et de signifier qu'en effet Sarkozy soigne ses relations avec l'extrême droite. Hortefeux, malgré toutes ses prétentions, est chargé d'être ignoble afin de préserver ces voix ignobles qui resteront l'une des clefs d'une éventuelle réélection en 2012.

Autrement dit, il faut bien dire des tests génétiques, de la chasse aux clandestins, qu'ils sont le contrepoids de l'ouverture, la garantie d'un ancrage bien, bien à droite qu'une petite partie de l'électorat ne manquera pas de comprendre.