Mediapart publie une série de débats sur le TSCG. Voici un extrait de celui entre Pierre Laurent (PCF) et Karine Berger (PS) :
Pierre Laurent. L’engagement de François Hollande, c’est même 0 % de déficit en 2017.
Karine Berger. 3 % de déficit pour la France, c’est le moment où la dette arrête d’augmenter toute seule. Pour nous-mêmes, nos enfants, la capacité de mettre en place des politiques de gauche dans ce pays un jour de manière forte, avec des marges de manœuvre et des progrès sociaux, nous devons d’abord stopper l’emballement de la dette.
La réponse de Karine Berger est sans doute la défense la plus claire et la plus cohérente possible de la position du Président et du gouvernement, à la fois en termes de perspective économique et garanties politiques à gauche.
Être "l'ennemi de la finance" voudrait dire : libérer la France des financiers en réduisant la dette. Et le grand redressement des comptes publics ne serait que la prélude à une nouvelle politique de gauche, à mettre en place sans doute pendant un éventuel second quinquennat de François Hollande.
On dit qu'il manque à Hollande "un grand récit" à raconter à la France. Celui-là pourrait jouer ce rôle.
Ce serait un beau récit, une belle histoire. Et pourtant, je n'y crois pas.
Le problème n'est pas forcément l'intention. Cette stratégie à long terme qui serait admirable, même, si la grande purge budgétaire permettait d'aboutir à un avenir plus certain, où l'Etat retrouverait ses marges de manoeuvre sociales et pourrait commander plus de respect vis-à-vis du monde de la finance.
Le problème est d'y arriver. L'essence du récit, c'est la douleur d'abord, le bonheur après. Il faut souffrir maintenant, vous allez être récompensé après. C'est un peu le message de Merkel, qui a néanmoins une autre finalité politique.
Le problème, c'est que l'austérité ne permet pas de redresser les comptes publics. En Italie, l'austérité produit encore plus de récession, qui fait augmenter encore plus les déficits. L'austérité généralisée en Europe va être encore pire.
Or, pendant la campagne, Hollande était plus lucide. Il a dit clairement que sans croissance, le retour à l'équilibre était impossible. Cela paraissait logique, et les expériences de l'Italie et de l'Espagne confirment cette analyse, qui date de janvier 2012.
Le risque, aujourd'hui, est que deux, trois, quatre, cinq années d'austérité ne donnent rien, ni en termes de croissance, ni en termes d'équilibre budgétaire, exactement comme François Hollande, candidat, aurait prédit. Tout le monde aura souffert, mais pour rien.
Bien sûr, la croissance ne peut pas être seulement française. J'en suis bien conscient. L'austérité européenne risquerait d'absorber rapidement les largesses de l'Etat. C'est un problème. On peut aussi avoir des doutes sur l'efficacité d'une relance par la consommation, puisque les télés plates viennent toutes de l'étranger. C'est bon pour la Fnac, mais pas pour Alsthom ou pour le menuisier du coin.
Ce n'est pas facile. Mais ce n'est pas une raison non plus de croire aveuglement aux bienfaits de l'austérité.
1 commentaire:
Entièrement d'accord!
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