10 décembre 2012

Compétitivité vs. compétitivité

 

Ce qui est bien quand on croit à l'austérité, c'est que quand tout va mal, c'est le signe que tout va bien. L'austérautiste s'en retrouve conforté dans sa croyance, et il a même le sentiment d'avoir affronté ses idées au monde réel. Tout va vraiment bien, donc.

Pour s'en convaincre, il suffit de regarder l'Espagne, comme cette jouraliste des Echos qui s'écris : "la sortie de crise n'est plus une utopie" :

Imperceptiblement, l'Espagne se redresse. Oui, le pays est toujours en récession et le sera l'année prochaine. Oui, le chômage atteint des sommets inimaginables, à 25 % de la population active. Oui, le déficit public est promis à un nouveau dérapage. Mais des signaux sont là, preuve, peut-être, que le pays a touché le fond et remonte, lentement, vers la surface.

Ouf. Les 25 % qui sont au chômage doivent sauter de joie. Voici pourquoi :

8 décembre 2012

Modèle allemand : attention à l'arnaque

 

Dans Les Echos, Thibaut Madelin publie une analyse intitulé : "Les trois limites du si envié « modèle » allemand".

Les trois limites sont :

  1. Les fameuses réformes Hartz ont quand même abouti à une paupérisation de masse qui n'est pas assez soulignée quand on admire l'Allemagne de l'autre côté du Rhin. C'est la dévaluation interne et austérité permanente dont je parlais récemment.
  2. Le modèle allemand est fondé sur l'exportation.
  3. La démographie : bientôt il n'y aura plus que des retraités en Allemagne. (Voir le billet de Dagrouik là-dessus.)

C'est le numéro 2 qui me préoccupe aujourd'hui, car sur la question de l'exportation, Thibaut Madelin ne va pas assez loin dans sa critique.

7 décembre 2012

Après l'austérité, l'austérité

 

Je parlais l'autre jour de la dévaluation interne, cette technique économique très avancée qui consiste à augmenter la compétivité d'un pays de l'Eurozone (qui ne peut pas pratiquer la dévaluation "externe" traditionnelle par le biais de sa monnaie) en appauvrissant sa population. Les gens sont plus pauvres, consomment moins – ce qui améliore la balance commerciale – et surtout travaillent pour beaucoup moins, ce qui permet de réduire les prix à l'exportation.

Dans la théorie, ce système doit aussi faire baisser les prix, rendant le tout moins douloureux pour les gens qui se trouvent dévalués. Malheureusement, il y a beaucoup de raisons de penser que les prix ne peuvent pas baisser, ou en tout cas pas autant que les salaires.

Prenons par exemple le secteur agricole, qui représente d'ailleurs une grosse part des exportations françaises. Si les salaires des consommateurs baissent en France, et que ceux-ci continuent à manifester leur désir de se nourrir, le marché va-t-il corriger les prix en fonction de cette nouvelle donne ? On peut penser que l'essor du discount alimentaire va déjà dans ce sens. Mais cela fait penser aussi que s'il y avait auparavant un peu de marge de manoeuvre du côté de la distribution, il y en a beaucoup moins aujourd'hui. On sait que la grande distribution fait tout ce qu'elle peut pour obliger ses fournisseurs à accepter de très mauvais prix. Et pour les agriculteurs eux-mêmes, ils sont, pour beaucoup, coincés entre leurs coûts, c'est-à-dire le prix du pétrole, et le prix de leurs produits, souvent fixés sur l'échelle internationale.

La dévaluation interne et la baisse des salaires en France ou même en Europe ne feront pas baisser le prix du pétrole. Et même si nos agriculteurs pouvaient produire pour moins cher, ou accepter moins de marge sur leurs produits en vivant plus frugalement, ils n'auraient aucun intérêt, quand même, à vendre en dessous du prix international. Le blé et le maïs ont beau être "made in France", leur prix ne l'est pas.

L'économie est internationale, mais votre salaire est bien local.

5 décembre 2012

L'austérité ne peut jamais échouer. Jamais.

 

Cette fois c'est le tour du Royaume Uni d'annoncer des mauvais resultats :

Dans son traditionnel "discours d'automne", prononcé mercredi 5 décembre, le ministre des finances britannique, George Osborne, a fortement revu à la baisse les prévisions de croissance économique pour le Royaume-Uni en 2012.

Le gouvernement prévoit désormais une contraction de 0,1 % de l'économie cette année, contre une précédente prévision de + 0,8 %. La croissance en 2013 sera elle aussi plus morose que prévu, à 1,2 % de progression du PIB, contre + 2 % initialement calculés.

Cerise sur le gâteau, George Osborne a également indiqué que le pays ne tiendrait pas ses objectifs de réduction de dette à l'horizon 2015-2016, mais seulement en 2016-2017. De ce fait, l'austerité durera un an de plus que prévu, jusqu'en 2017-2018, a expliqué le chantre de la rigueur britannique.

Quand l'austérité ne marche pas, c'est qu'il faut attendre encore plus longtemps, ou bien appliquer encore plus d'austérité, ou même les deux en même temps : plus de rigueur et plus de temps.

2 décembre 2012

La dévaluation interne qui vous veut du bien

 

Qu'est-ce que la dévaluation interne ?

Quand la crise grecque était à l'un de ses paroxysmes, ou peut-être à chacun, on répétait que, sans l'euro, la Grèce aurait pu dévaluer sa monnaie. Cela reste l'une des clefs de la crise, et de l'avenir de l'Europe, ou du moins de l'Euro.

Commençons par la théorie :