10 novembre 2013

Le déficit est trop petit

 

Françoise Fressoz exprime la doxa économique :

Le candidat socialiste a fait campagne sur la réduction des déficits publics et il n'a pas tardé, une fois élu, à mettre en place le crédit d'impôt compétitivité, qui ne figurait pas dans ses propositions. Seulement, il a biaisé avec les Français. Il ne leur a pas tout dit de la gravité du mal. Il a espéré que le retour de la croissance qu'il chiffrait, lorsqu'il était candidat, à 2,5 % en 2013 (on sera en réalité plus proche de 0,2 %), lui donnerait un utile coup de main pour redresser le pays.

 

Ainsi, d'après Fressoz, Hollande

arrive au bout de l'impasse car cette flopée de prélèvements n'a pas servi à grand-chose : la note de la France est de nouveau dégradée et la Commission européenne ne lâche rien.

Pour que le déficit baisse, elle réclame des réformes de structures, des coupes dans les dépenses . Et si l'envie prenait au président de la République de l'envoyer paître, il ne le pourrait pas, car la dette atteint le seuil d'alerte (95 % du PIB l'an prochain) et interdit la moindre fantaisie.

Pour conclure :

C'est le mur de la réalité contre lequel ont buté nombre de dirigeants et qui place François Hollande face à un choix cornélien : reconnaître qu'il a péché par optimisme au début du quinquennat et réformer vigoureusement, ou poursuivre sur sa lancée : la promesse d'un lendemain meilleur qu'aucun économiste n'ose plus prédire tant la reprise s'annonce poussive à travers toute l'Europe .

L'austérité ne produit pas de croissance, au contraire. L'erreur de Hollande a été de croire, comme quasiment tout le monde d'ailleurs, que le fameux "redressement des comptes de la France", ou des comptes de l'Europe, stimulerait l'économie.

Cela fait cinq ans. L'austérité continue de plomber la Grèce, l'Espagne, l'Italie et même l'hyper-vertueuse Irlande. Soudain, on a peur de voir tomber l'Europe dans la déflation.

Pour reformuler : l'erreur de François Hollande n'est pas d'avoir été trop timide dans ses coupes, mais d'avoir cru, comme Merkel, la Commission, l'UMP et la BCE, que les coupes seraient porteuses de croissance, qu'en réduisant la part des Etats dans les économies de l'Europe, l'économie du continent allait connaître une grande expansion.

Fressoz a l'air de dire que la croissance de 0,2 % aurait pu être améliorée avec des coupes plus sévères. (Comme en Espagne ?) Le contraire semble bien plus probable : en étant plus agressifs, nous aurions pu atteindre peut-être 0,0 %, voire -2,0 %, ou, avec un peu de volonté, bien pire.

 

L'erreur de Hollande était de croire en la possibilité de pratiquer l'austérité et la relance en même temps, en étalant le "sérieux fiscal" côté recettes (impôts), sans trop, trop tailler dans les dépenses. Les impôts sont, au contraire, une autre forme d'austérité, une autre manière de sortir de l'argent de l'économie, freinant ainsi l'activité.

La seule chose qui peut excuser cette politique, c'est que les pouvoirs en place (Merkel, Commission) sont empêtrés dans la logique de l'austérité et n'auraient (jamais ?) accepté que la France suive la voie de Keynes.

10 commentaires:

t0pol a dit…

je me souviens avoir écrit qu'une relance via la BCE/BEI (et donc du print money) et des banques transparentes et donc plutôt sous le contrôle du public ...

Mais tout ceci est vain, j'ai vu moscovici en face de moi me dire des bétises. Depuis tout cela m'a lessivé .

On va subir une stagflation pénible et nuisible

omelette16oeufs a dit…

Et voilà pourquoi je ne blogue plus non plus (entre autres) : tout cela est bloqué au plus haut niveau. Vingt en plus tard ils diront "mais qu'est-ce qu'ils ont été cons", mais en attendant...

Unknown a dit…

Ben, franchement contente de te lire, c'est maintenant plus que jamais que nous avons besoin d'esprits libres! Entièrement d'accord avec toi, sauf que la déflation serait presque une bonne chose pour le pouvoir d'achat. Bon Dimanche, biz

Robert Spire a dit…

Comment des dirigeants "éclairés" peuvent croire en des plans d'austérités qui échouent depuis 40 ans? Ils font semblant de croire à la croissance, ils savent trés bien ce qu'ils font, ils obéissent au "Big Business" qui n'ont rien à foutre des peuples. La preuve dans chaque page de notre histoire depuis 200 ans.

Juan a dit…

welcome back !

t0pol a dit…

Je crois aussi me souvenir de Moscovici en IRL face à nous au sujet de la Banque Publique d'Investissement, c'est a peine si la SocGen ne parlait pas au travers de lui.

Cette bande de cons va se planter et va ensuite accuser le peuple d'avoir cru à des promesses.

omelette16oeufs a dit…

Rosa,

Oui, mais l'esprit se fatigue à force de cogner contre le mur :-)

Quant à la déflation, elle concerne aussi les salaires. Cercle vicieux.

Robert,

L'obsession de la monnaie forte continue à faire des victimes. Oui, ce n'est pas nouveau...

Juan,

Salut Juan!

Politeeks,

Ils vont se planter, puis dire que c'est parce qu'ils ne sont pas allés assez loin, et que les gens n'ont pas assez souffert. Conservatismes de la France et patati...

Fred Camino a dit…

Content de te relire!

omelette16oeufs a dit…

Fred,

:-)

Walter Parsons a dit…

Good share