Nicolas Sarkozy s'est déclaré, les jeux commencent. Son affiche a tellement fait parler d'elle, et engendré tellement de versions parodiques que je ne peux pas m'empêcher d'y ajouter mon grain de sel. Ou plutôt ma petite goutte d'eau salée.
Sarkozy devant la mer. En 2007, c'était devant la campagne, une campagne étrangement artificielle ; maintenant c'est une mer avec un éclairage crépusculaire, plus subtile et beaucoup plus vide. Beaucoup plus grec aussi. Si on compare aussi à la photo officielle de Sarkozy, de 2007, on finit pas se douter de sa culture iconographique, et de celle de ses conseillers en image.
Sarkozy devant la mer. Plutôt d'essayer de communiquer l'idée de solidité, les communicants ont opté pour l'aquatique, au risque de créer des associations négatives : les navires qui coulent, les vacances balnéaires. Il paraît que l'interprétation officielle, c'est le "capitaine du navire". Parmi les parodies de l'affiche, beaucoup font la comparaison avec les affiches de recrutement de la Marine Nationale.
Ce qui me frappe d'abord dans cette image, c'est le vide. La photo de la mer est assez spectaculaire, crépusculaire comme je disais (la fin du monde approche, votez Sarkozy). Avec la très grosse tête (TGT du TGH) de Sarkozy devant, il y a un effet de distance qui ses crée : la mer est lointaine et vaste. Sarkozy est énorme, une sorte de dieu… grec, Poseidon qui vient nous sauver. Cette distance crée une impression de vide, d'être en dehors du monde. Un monde où il n'y a personne, juste Sarkozy et ses grands rêves de grandeur. Déjà dans l'affiche de 2007, la campagne était dépeuplé ; maintenant Sarkozy est carrément sur un autre plan de la réalité. Poseidon en talonettes.
Dans le vide maritime, notre regard ne s'accroche nulle part : tout est pouvoir, la mer elle-même n'est que le miroir du pouvoir dans les yeux de cette grosse tête. Choix curieux, pour une campagne qui se veut celle du "peuple".
L'imagerie navale permet de réutiliser le bleu UMP. Si l'idée était de signifier le calme dans la tempête, je trouve que c'est râtée. Oui, Sarkozy a l'air calme, mais la tempête semble loin ou même inexistante. Iréelle. Le dieu grec flotte au dessus de la mer, envoyant ses rayons de puissance sur tout ce qui bouge.
Plus profondément, cependant, il y a dans cette image de la mer une rêverie coloniale : la France Forte est un empire aux nombreuses colonies, bien domptées, reliées et protégées grâce à une Marine puissante. Un pouvoir athénien, en effet, qui nous ramène encore une fois à cette image de la France d'avant la décolonisation. Une nouvelle invitation de revenir à un monde simple.
2 commentaires:
La mer, c'est tout bête. Ça rassure les retraités qui squattent le littoral français.
Oui, c'est le vide, on bulle pendant que le Guide nous pilote tranquillement.
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