5 février 2012

La TVA de confort

Dans mon billet de l'autre jour, je n'ai pas assez insisté sur le caractère proprement hallucinant de la tentative élyséenne de nous vendre, simultanément :

  1. L'idée que Hollande et les socialistes feraient grimper les impôts, faisant subir un "matraquage fiscal" aux classes moyennes ;
  2. La hausse de la TVA.

Cela ne vient pas directement de la bouche présidentielle, mais ce petit résumé dans le Monde exprime bien la contradiction :

Que ce soit le 31 décembre 2011, lors de ses voeux télévisés, quand il a relancé cette vieille idée ; le 18 janvier, quand il a réuni, à l'Elysée, les partenaires sociaux ; et enfin dimanche, quand il a annoncé la mesure, lors de son intervention télévisée. Son objectif : ne pas laisser entendre que la mesure pourrait augmenter les impôts mais au contraire affirmer qu'elle va permettre de "réduire le coût du travail et doper la compétitivité", comme il l'a dit dimanche.

Vous avez bien lu : "ne pas laisser entendre que la mesure pourrait augmenter les impôts". Alors que c'est un impôt. Ou du moins une taxe, qui, en plus, coûte le plus cher à ceux qui gagnent le moins. Ceux qui finissent leurs mois avec le compte bancaire vide, ou presque, sont ceux qui vont sentir le plus cet 1,6% supplémentaire. Ceux qui ne dépensent pas tout ce qu'il gagnent (mais peuvent le placer d'une manière ou d'une autre), ne remarqueront pas cette hausse.

Comment peuvent-ils croire qu'on gobera ça cette fois ?

L'explication libéro-technocratique est que les employeurs, toujours aussi déintéressés, même en période de crise, passeront la baisse des charges sur les salaires. Génial : tout le monde paie moins, tout le monde gagne plus. Sauf que… Comme un ami blogueur (mais lequel, j'ai oublié…) le souligné, ce sera comme l'effet sur les prix de la baisse de la TVA dans la restauration. A vrai dire, je ne reprocherais pas à une entreprise de profiter de ce type d'aubaine ; chacun fait en fonctoin de son propre intérêt, et c'est bien pour cela que nous avons une économie encadrée avec même une semblance de redistribution.

La véritable explication, c'est que la TVA reste invisible. Ce n'est pas un impôt qui vous tombe dessus à tel ou tel moment de l'année, tant d'euros à envoyer d'un coup au Trésor Public. Finalement ce ne sera pas pire que les changements de prix lors du passage à l'euro. Donc, la TVA, qu'elle soit "sociale" ou "Sarkozy", finira pas passer inaperçu. Les pauvres un peu plus pauvres, les riches un peu plus riches. Comme cela se doit.

Il n'y a pas d'émotion associée à la TVA. Les impôts à émotion, ce sont des impôts des socialos. (Alerte rime.) L'impôt UMP est indolore. Et, mieux encore, elle inverse la petite courbe progressive de l'impôt sur le révenu. Chacun à sa place.

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