La vie en déconnecté. Je tombe sur l'éditorial en une de Ouest France. Je ne sais pas si ce journal est toujours le plus vendu de la France, mais les éditos sont d'assez bonne qualité, le patron, si je me souviens, étant vaguement gauche catholique.
Je tombe donc sur cet éditorial dans le numéro du lundi 13 août qui est étonnamment critique à l'égard de notre Très Grand Homme (TGH). Le titre est modeste : "Les Européens face à Nicolas Sarkozy". Il contient cependant plusieurs des arguments essentiels de l'anti-sarkozysme. On les trouve assez souvent dans la blogosphère, mais assez peu dans des lieux aussi consensuels que l'édito de première page de Ouest France. Quelques exemples :
En politique intérieure, notre Président peut dire ou laisser dire qu'il décide de tout, qu'il crée toute nouveauté. Mais les autres Européens ne peuvent admettre qu'il se mette constamment en avant.
L'auteur cite alors l'épisode cécilio-libyen, ainsi que les conflits budgétaires entre Sarkozy et l'Allemagne notamment.
Enfin, comment accepter facilement que le président français affirme à la fois son désir de voir l'Union européenne - au moins la zone euro - dotée d'une sorte de gouvernement économique et la nécessité pour la France de tourner le dos, pour sa dette publique, à tous les engagements européens. L'irritation est ici particulièrement vive dans une Allemagne dont le gouvernement consacre courageusement les retnrées fiscales supplémentaires à la dimunition de la dette.
Et pour conclure:
Peut-être la majorité des médias français, si avides de présence présidentielle, si prompts à glorifier, devraient-ils davantage expliquer à leurs lecteurs/auditeurs/spectateurs qu'il n'est pas utile d'irriter ceux qui ne demandent qu'à accepter une coopération créatrice, mais égalitaire. Les problèmes réels sont suffisamment sérieux pour qu'on les débarrasse d'éléments psychologiques inutiles.
"Eléments psychologiques intuiles"? Mais c'est le sarkozysme tout entier que notre auteur est en train de jetter aux orties! Enfin je lève la tête pour vérifier le nom de cet auteur : Alfred Grosser, ancien professeur à l'Institut d'études politiques à Paris.
Si j'étais à la place du TGH, je commencerais déjà à m'inquiéter. Le fait qu'un texte pareil apparaisse indique que les mots et les idées de la résistance sont en train de se solidifier. La tactique de Sarkozy consiste à avancer vite pour ne laisser aucune prise à ses adversaires. Le domaine international risque d'être le domaine où ses contradictions seront d'abord visibles. Mais il faut des plumes comme celle du Professeur Grosser pour atteindre cette masse critique où la médiaréalité pourrait enfin reconnaître que le sarkozysme puisse être critiqué.
1 commentaire:
On va finir par se demander qui est Sarkozyste dans ce pays…
Grosser a l'air très intéressant. Je viens de relire son point de vue, son analyse sur la future victoire de Sarko à la Présidentielle. C'était bien vu ! :-)
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