BHL est malin.
Plutôt que de s'attaquer directement à Sarkozy, ils'en prend à Guaino (via Sarkofrance):
"C'est quoi l'extrême-droite en France?", s'était interrogé Bernard-Henri Lévy. "C'est le maurrassisme. Jean-Pierre Chevènement, c'est un maurassien". Or, selon lui, "on a deux maurassiens en France qui ont une importance politique considérable, (...) c'est Chevènement, et puis (...) Henri Guaino. C'est le mec qui fait le discours de Nicolas Sarkozy."
Pour l'essayiste, "dans le cas de Guaino ce n'est même pas maurassien, Guaino il est raciste". BHL a été particulièrement choqué par le discours prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet dernier à Dakar et qui avait suscité de vives réactions chez de nombreux intellectuels.
La question s'est posée, je ne sais plus par qui, à propos de l'ignoble Brice Hortefeux : ne faudrait-il pas plutôt s'attaquer directement à Sarkozy qui est responsable de la présence du Colonel Hortefeux dans son gouvernement (je veux dire : dans celui de Fillon) ? Il y a pourtant un avantage à s'en prendre à des cibles plus faciles et moins bien protégées, médiatiquement, que le Très Grand Homme (TGH). C'est une véritable faiblesse dans la stratégie sarkozyenne qui doit s'accomoder de l'existence constitutionnelle d'un Premier Ministre dont l'outrecuidance va jusqu'à se considérer "chef" du gouvernement. Il n'est pas si facile d'avoir un chef de gouvernement faible et plus ou moins impopulaire, et un président trop-super-fort qui soit également populaire.
Revenons à BHL qui s'en prend à Guaino, auteur discours de Dakar. Il traite Guaino de raciste, mais épargne Sarkozy. Pourtant, c'est Sarkozy qui a prononcé le discours de Dakar, qui doit en assumer la responsabilité. Mais pour BHL, le problème est celui de l'"influence" sur le TGH de ses conseillers:
Plus généralement, BHL s'était inquiété de l'influence de la "plume" du président de la République, qui lui-même ne serait "pas raciste". [...]
"Les conseillers de Sarkozy, et notamment ce fameux Guaino," a déclaré Bernard-Henri Lévy, "lui ont fait dire que Vichy, fallait arrêter d'avoir honte, qu'il fallait arrêter de faire repentance, que d'ailleurs la France n'avait pas commis de crime contre l'humanité et qu'elle n'avait pas participé au génocide".
Bref : Sarkozy n'est pas raciste, mais il n'est pas fort. Il se laisse influencer et donc il fait n'importe quoi. Ce n'est pas de sa faute, mais il fréquente des types pas très bien.
BHL évite qu'on l'accuse d'antisarkozysme primaire ou d'être anti-démocratique, s'opposant à la volonté du peuple qui s'est levé en écoutant Sarkozy prononcer les discours de Guaino. Ici, on est plutôt fier d'être anti-sarkozyste primaire, mais on peut comprendre que BHL ait envie d'éviter que l'on puisse l'en accuser.
En tout cas, vu la réaction de Guaino,
"Ce petit con prétentieux ne m'intéresse pas. Qui est-il donc? Qu'a-t-il fait dans sa vie de si extraordinaire pour se permettre de juger comme ça?", s'est interrogé Henri Guaino. "Je n'ai jamais rencontré BHL. Il ne m'aime pas, moi non plus. Il n'aime pas la France, moi si. Il a la bave aux lèvres, avec la haine qui suinte de partout."
il est permis de supposer que BHL a bien atteint sa cible en plein coeur.
2 commentaires:
Il se trouve que j'ai écouté son intervetion sur France Inter. Peut-être ne le dit-il pas assez largement mais j'ai trouvé que de nommer et de souligner l'influence néfaste et nauséabonde d'un guaino était bienvenue.
Il a aussi pas mal parlé du rôle de ces "socialistes" pour qui le pouvoir vaut plus que les idées politiques et c'était intéressant…
Bon, après, ça reste du BHL qui chemise ouverte et torse glabre appelle au combat dans le salon ! :-)))
filaplomb,
Je suis très reconnaissant pour les remarques de BHL, car en s'en prenant à Guaino il peut utiliser un langage bcp plus fort que s'il parlait de Sarkozy, qui par ailleurs bénéficie d'une protection médiatique/rhétorique très rapprochée.
Je viens d'acheter le bouquin de BHL, ça a l'air intéressant.
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