5 novembre 2008

L'attente

Les récupérations du succès historique de Barack Obama avaient commencé bien avant l'élection d'hier. Nicolas Sarkozy l'avait déjà appelé son "copain" il y a quelques mois, et Mediapart a mis en avant les tentatives UMPistes de tirer la couverture Obama vers eux. Et on connaît bien la rengaine sur l'idée qu'en France, les conservatismes sont à gauche.

Il faut d'abord répondre à notre Très Grand Homme (TGH) qu'il est difficile d'être à la fois le "copain" de George W. Bush Jr., worst president ever, et le copain de Barack Obama, élu dans l'espoir qu'il pourra réparer les dégâts provoqués par son prédécesseur. Cette opération de com' élyséenne ne mérite même pas la réfutation, et il semble bien qu'il s'agisse d'une énième tentative d'occuper un créneau dans l'imaginaire politique français pour y précéder les éventuels socialistes qui pourraient songer à établir la comparaison en leur propre faveur.

Et c'est à gauche que la question a une importance véritable. Non pour décider qui, entre Martine Aubry ou Bertrand Delanoë, ressemble davantage à Barack, mais sous la forme d'une exigence un peu plus aiguë, une attente un peu plus forte : il serait tellement bien que quelque chose de positif sorte du Congrès socialiste. Le succès d'Obama, sa valeur symbolique, l'image optimiste qu'il projette ne peuvent que souligner l'aspect blafard du débat politique de gauche, du moins au plus haut niveau. (Je ne veux pas dire que le niveau du débat soit supérieur à droite : la droite semble s'en passer très bien.)

Malheureusement, le Congrès de Reims va sans doute fournir les bases de la conduite du PS au moins jusqu'en 2012. Il y a de temps en temps quelques petits signes encourageants, mais dans l'ensemble rien ne laisse espérer qu'un nouvel élan se prépare. Pourtant, il le faudrait. Les jeux mesquins de positionnement ne produiront rien de bon. La politique en 2007, en 2008, en 2012 ne sera pas une guerre de position mais une guerre de mouvement. Le PS ne retrouvera pas des électeurs grâce à la technicité d'un programme assez subtile pour satisfaire l'ensemble des égos de la gauche, mais grâce à un message qui pourra se communiquer.

Il faudrait que cela tienne dans une phrase. "Travailler plus pour gagner plus" était ridicule, mais efficace. "Yes we can" n'est pas un programme, et pourtant...

Mon souhait pour ce Congrès de Reims est ceci : le contraire d'une synthèse molle. Si pour y arriver il faut se crêper le chignon, s'entredéchirer entre camarades, tant pis. L'illusion de camaraderie ne trompe plus personne. L'équilibrisme gestionnaire ne peut plus rien donner. Les enjeux sont énormes.

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