Au tout début du règne de notre Monarque Elu, en juin 2007, il y avait eu cet écho à l'issue de ce qui devait être l'un des premiers Conseils des Ministres.
Ce matin au conseil des ministres Nicolas Sarkozy a mis en garde les plus jeunes des ministres, leur recommandant de ne pas trop s'exposer médiatiquement : "Un ministre ne perd pas son job parce qu'il a refusé une interview. L'inverse en revanche..."
Dans le tout petit billet que j'en avais fait au moment, je réagissais surtout à cette nouvelle preuve du désir du Président de garder le contrôle sur la communication de son "entreprise". Je concluais ainsi :
La comm', c'est Sarkozy, et Sarkozy, c'est la comm'.
A l'époque, et avec mes souvenirs brouillés pour seul guide, il me semble que j'y voyais surtout l'inquiétude du Très Grand Homme (TGH) devant la possibilité que ses ministres gaffent, genre Christine Lagarde. La maîtrise de la com' dans le camp sarkozyste pendant la campagne en était la force, et il paraissait logique que Sarkozy entende continuer sur la même lancée. Sans doute que je ne mesurais pas le degré auquel le narcissisme du TGH allait influer sur cette stratégie. On était loin encore de penser que son divorce servirait à détourner l'attention des grèves, ou son marriage à la détourner de l'Europe, ou toutes ces choses qui sont devenues presque plus mémorables malheureusement que les imbécilités politiques qui sont la véritable marque de fabrique du bonhomme.
Retour à notre actualité : aujourd'hui Sarkozy estime que ses ministres au contraire ne l'ont "pas assez défendu". Difficile de le défendre quand on est ministre et qu'on a appris qu'il vaut mieux la fermer pour ne pas perdre son "job". Difficile pour les ministres rivaliser en visibilité avec les Conseillers de l'Elysée quand, au tout début de leur "job", la méfiance du patron était déjà si évidente.
Tout cela n'est peut-être qu'une question de style, style managérial, comme on dit. Serrer les vis à tout le monde, précariser tout le monde pour avoir un meilleur rendement. S'étonner ensuite que les autres ne soient pas prêts à tomber sur leurs sabres pour la bonne bouille du chef. En adoptant le style qui était le sien au début de son mandat, le Président n'avait pas prévu, ne pouvait pas imaginer le jour où il aurait besoin de ces mêmes ministres. Un grand moment karmique dans la carrière du TGH.
Le style, c'est l'homme peut-être. Faut-il qu'on se concentre autant sur l'homme. En l'occurence, le style est aussi un ensemble politique, un système de relations entre des personnes qui déterminent, en fait, les relations entre des institutions constitutionnellement définies. Malheureusement, le style est politique.
J'ai l'impression que Sarkozy croyait au début de son mandat qu'il le sérieux, la solennité et la gravité de la Présidence lui étaient acquis définitivement, irrévocablement, et que sur cette base solide, il pouvait faire ses propres conneries en guise de "transparence", "modernité" et pour affirmer sa propre personnalité contre ce qu'il apercevait comme les raideurs de son office. Raphaël Anglade avait raison de dire, le 17 mai, que Sarkozy n'est pas un homme d'état. Il a fallu plusieurs mois pour que cette évidence s'impose d'abord dans le public et enfin dans les médias. Sarkozy a perdu le socle de la personnalité présidentielle, cette respectabilité qui paraissait si naturelle chez Mitterrand ou même chez Chirac, mais qui ne dure que si le locataire de l'Elysée joue le jeu de la grandeur. Le TGH est un pur produit des contradictions de la Ve République, mais il a réussi à casser son jouet.
1 commentaire:
Bon article !
C'est l'histoire d'un mec qui veut bouffer tout le monde et les déteste autant qu'il les méprise et qui, se retrouvant seul dans la difficulté, s'étonne du désert qui l'entoure !
Totally narcissique, pour sûr !
:-)
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