30 avril 2012

La "vraie" différence est quand il n'y a pas de différence

« Je n’accepterai pas qu’il n’y ait plus aucune différence entre être français et ne pas l’être »

– Nicolas Sarkozy, meeting de Toulouse, 29 avril 2012

"Je n'accepterai pas", ou plutôt "j'accepterai pas" (nuance cruciale, cette syntaxe décomplexée), c'est une formule fétiche du Très Grand Homme (TGH). Elle est commode, car elle n'implique aucune action. Si la chose visée ne peut pas être arrêtée, le TGH peut continuer à "ne pas l'accepter" (ou à "pas l'accepter"). Il a beau "pas accepter" le chômage, par exemple, il est toujours là. "(Ne) pas accepter" est un état sans date d'expiration. On continue à "pas accepter" jusqu'à ce que les gens oublient. C'est de la résistance bon marché, qui ne mange pas de pain, et qui "passe bien en meeting". Ou à la télé, dès fois.

Être français ou ne pas l'être, ce serait la question. Sous prétexte de défendre "la différence" (valeur de gauche), Nicolas Sarkozy entend écraser la différence à l'intérieur de la France. Si les français sont trop différents les un des autres, certains (devinez qui) risquent de ressembler plus à des citoyens d'autres pays qu'à leurs compatriotes français de France. La "différence française" est donc une absence de différence chez les français. Se promener un peu trop en djellaba, c'est risquer de ressembler plutôt à un Africain qu'à un Français. Par là, j'entends bien sûr : un "vrai Français".

Ou est-ce plus subtile encore ? C'est un moderne, notre TGH, et il aime tout le monde. Ayons un peu moins de mauvaise foi. Admettons qu'on puisse quand même garder sa djellaba si on conserve cette marque de francitude intrinséque qui permet de faire le tri, parmi les porteurs de djellaba, entre les français et les Autres. Reste à savoir trouver cette marque : la langue de Molière ? Oui mais non, car il y a des pays étrangers où l'on parle très bien le français, les anciennes colonies par exemple. C'est le même problème avec la culture, finalement. Quelle idée ils avaient, quand ils ont déclaré que tous les indigènes dans les colonies étaient des Français, citoyens de la République ! . Si seulement les gens avaient un code barre quelque part, ou des RFID : on pourrait faire le tri quand ils entraient ou quittaient des magasins… Des test ADN peut-être ?

Ce serait quand même beaucoup plus simple de supprimer la djellaba. D'ailleurs avec la burqa et le voile cela a très bien fonctionné.

La Nation est le reflet de cette différence irréductible. Avec trop de différence entre les français (voir plus haut la djellaba) supprime la Nation, trop de différence supprime la différence Française et rend la France moins France Forte. Si vous laissez trop accumuler la différence dans la France, il n'y a plus de différence entre la France et la Pas-la-France. C'est pourquoi on a besoin de l'Europe, même si l'Europe fait partie de la Pas-la-France, c'est une Pas-la-France qui aide la France à lutter contre la Pas-la-France.

Et si ce n'est assez, lisez cet éxcellent édito d'un journal qui parle français mais qui n'est pas Français, mais qui résume très bien les subtilités de cette pensée. C'est ici.

1 commentaire:

jeandelaxr a dit…

Un lien complémentaire à ce billet et au précédent :
http://www.mediapart.fr/content/immigration-trois-films-danimation-contre-les-idees-recues