À Nicolas Sarkozy, en briseurs de digues, en dépuceleur de pudeurs Républicaines (on ne dit plus "droite décomplexée" mais "droite dépucelée"), il ne manque que du temps, le temps d'aller assez loin pour atteindre enfin le coeur de l'électeur xénophobe. Sûrement il y a quelque part une formule magique qui débloque le Niveau 9 du jeu, où soudain le compteur explose et enfin tous les électeurs de Marine Le Pen l'acceuillent bras ouverts, le couvrent de bisous et le portent en triomphe vers l'Élysée. Il fait siffler les journalistes, les élites, mais ce n'est toujours pas assez. Que faut-il dire ? Quel bouc émissaire ? Quelle formule pour enfin être assez droite ? Il cherche. Buisson cherche. Guéant cherche. Ils n'ont plus que quelques heures.
Pendant que Patrick Buisson relit une énième fois les oeuvres complètes de Pierre Laval, je rappelle que l'un des enjeu du scrutin de dimanche sera la validation de cette stratégie. C'était ce que je disais hier, et la confirmation que la France est profondément à droite, profondément xénophobe.
Cela dit, l'échec de cette stratégie, dont la courageuse défection de François Bayrou est l'une des premières conséquences concrètes, tient surtout, il me semble, à la nature particulière du vote d'extrême droite, et l'illusion d'une extrême droite "fréquentable". Il n'y a plus de skins, l'antisémitisme est passé au second plan (une révolution en soi, je l'accorde), mais encore aujourd'hui, voter FN, voter Marine Le Pen, c'est une forme de violence électorale. Et c'est précisement cette violence que la famille Le Pen vend à ses clients depuis des décennies.
On imagine un UMP futur (j'en parlais àpropos de Charles Millon et sa "La Droite") qui réaliserait de façon permanente du "siphonnage" de 2007. De la même façon, Sarkozy rêve de convaincre tous les électeurs du FN de voter pour lui dimanche. Peu à peu la violence surgit, pour l'instant contre des journalistes (celle-ci et ceux-ci). Mais cette stratégie ne peut pas tenir longtemps, car pour survivre il faudrait qu'elle embrase l'UMP tout entière. L'Axe du Mal de la droite devra assumer, ingérer intégralement cette violence pour la contenir. La seule autre solution étant la violence permanente d'État.
Votez. Votez. Donnez à François Hollande la marge qui signifiera longtemps que la course à l'outrance de Nicolas Sarkozy sera toujours un échec.
Votez. Votez. Votez.
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