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3 mai 2011

Ma campagne (3) - Fret (2) - Ne pas relancer

La dernière fois je parlais du fret et de sa place dans une économie dynamique et décentralisée qui est l'un des objectifs de ma campagne présidentielle « Les énergies de la France ». Mes contradicteurs, des fervents sarkozystes (ça doit exister) ou même des fervents borloosiens (ça doit exister), diraient : mais le Très Grand Homme (TGH) a déjà relancé le fret lors du Grenelle, alors rentre dans tes 35 heures, espèce de gauchiste.

En effet, la relance du fret, et même celle du fret fluvial, étaient prévues lors du Grenelle. Et pourtant, typiquement, rien n'a été fait :

Dans les autres domaines, le gouvernement a aussi multiplié les coups de canif. Dans le domaine de l'énergie, les outils mis en place pour remplir les objectifs fixés sont déficients. Le nombre de projets d'éoliennes a par exemple chuté de 60 % au premier trimestre 2010 par rapport à l'an dernier, en raison notamment d'un durcissement de la réglementation et des conditions d'implantation des champs. Dans les transports, le fret ferroviaire aurait dû représenter cette année 17,5 % du fret global. En réalité, il s'effondre à 12 %, après avoir été de 14 % en 2006, à cause des incitations au transport routier qui se poursuivent.

(En passant, j'implore le futur candidat PS de ne pas oublier de citer tous ces échecs, en utilisant le mot échec. Mais ce sera le sujet d'autres billets.)

Sur le papier, pourtant, les intentions du Grenelle 1 paraissaient assez bonnes (Lire les engagements ici.) Vu de l'extérieur, la clé semble être le développement d'un nouveau type de PME, les OFP, « opérateurs ferroviaires de proximité ». Pourtant, la vie n'est pas simple pour eux :

Seulement en France, la route des OFP est semée d'embuches : l'adaptation technique du réseau ferré et l'étau réglementaire qui verrouille le trafic ferroviaire de marchandises limite les possibilités d'organisation des flux par des opérateurs autres que la SNCF. L'obtention et le tarif des sillons (les droits de circuler) auprès de Réseau ferré de France (RFF), gestionnaire des infrastructures et des voies n'est pas une mince affaire.

Du côté de la SNCF, c'est compliqué aussi, hormis une résistance naturelle à voir des concurrents de petite taille venir les embêter. Le plan Fret annonce une réorganisation du fret et l'abandon du « wagon isolé » :

Ils estiment aussi que le plan Fret SNCF, annoncé en septembre 2009, "consacre l'abandon du wagon isolé (assemblage de wagons de clients différents) et créé des situations d'irréversibilité". "Toute la partie ouest du pays est désertée par Fret SNCF; la part modale du ferroviaire poursuit son recul; la taxe camion se fait attendre et fait l'objet d'intention d'utilisation pour les infrastructures routières et les pressions pour généraliser les camions de 44 tonnes et expérimenter ceux de 25 mètres de long pour 60 tonnes persistent", déplorent syndicats, écologistes et usagers.

En somme, on espère vainement l'arrivée de PME un peu suicidaires pour résoudre le problème ; la SNCF traîne vaguement des pieds, entre volonté de protéger ses terres et de faire des économies, et finalement on ne voit pas d'autre solution que de taxer les camions. Au risque d'avoir l'air pas tout à fait gauchiste, il est clair sans une révolution dans l'organisation du fret, dans le sens de la souplesse et la légèreté, une taxe camion ne servira pas à grand'chose. L'échec de Sarkozy sur ce dossier est culturel et idéologique. Sarkozy est censé représenter le volontarisme (tout devient possible ?), mais ici c'est justement la volonté qui manque. Surtout, et c'est là ce qui en fait un échec de droite, ce qui manque est l'esprit de coopération nécessaire pour faire avancer l'ensemble de acteurs concernés : cheminots, entreprises publiques et privées, régions, Europe, etc. Autrement dit : pour réussir le fret, il faudra être beaucoup plus ambitieux.

28 avril 2011

Ma campagne (2) - Fret (1)

J'ai commencé une série de billets pour détailler ce qui serait pour moi un bon programme de gauche pour 2012. Le programme s'appelle « Les énergies de la France » et il est axé autour de l'écologie, la décentralisation et le fractionnement du pouvoir, à la suite des « gauchitudes » que j'avais proposées il y a deux ans.

Je voudrais parler du fret (un blogueur n'est pas obligé de présenter son programme dans un ordre alléchant), du transport ferroviaire des marchandises. C'est un sujet qui me tracasse depuis les années Jospin : la gauche avait le pouvoir, il y avait une ministre Vert et un ministre des transports communiste. C'était, me semblait-il, le moment idéal pour créer une politique du fret qui arrangeait à la fois les cheminots, peuple de gauche s'il en est, et les écologistes. Évidemment il n'en était rien, et depuis j'attends.

Pour mon programme, je pensais ne faire qu'un seul billet sur le fret, mais je vois que je vais être obligé de faire un ou plusieurs détours pour y arriver. Commençons donc par les PME et la désindustrialisation de la France. L'idée de fractionner le pouvoir économique et politique est une façon de s'adapter à un monde plus complexe, moins centralisé que celui de papa et maman (ou papy et mamie) pendant les trente glorieuses, quand la fumée montait des cheminées des usines et le modèle social français marchait à fond.

Aujourd'hui la fumée et les cheminées sont chinoises. La gauche a perdu la plupart de ses moyens pour faire pression sur les « grands patrons », et même le rapport de forces s'est inversé : dans l'intérêt des ouvriers, des salariés, la gauche ne voit pas d'autre alternative que de séduire les entreprises, surtout les grosses. D'où ce consensus jospino-chiraquien (« l'État ne peut pas tout faire »), que l'on retrouve d'ailleurs un peu partout dans les autres pays dont on disait il n'y pas si longtemps qu'ils étaient « industrialisés ».

Tout cela vous le savez aussi bien que moi, sinon mieux. L'important est de comprendre pourquoi il faut changer de modèle et changer d'échelle. Le rêve de rétablir le schéma social et industriel des années avant « La Crise » (c'était quand ça ? 1982 ?) bloque la gauche dans une position défensive, Sarkozy dirait « conservateur » même. L'issue est un changement d'organisation du pouvoir économique, en allant vers tout ce qui ne peut pas se délocaliser, et vers des plus petites structures, notamment les PME.

Ségolène Royal, en 2007, avait proposait quelque chose allant dans ce sens, et Dagrouik a raison de dire:

Je l'ai déjà expliqué plus d'une fois sur mon blog, 70 milliards d'aides à re-orienter sur PME : ABSENT ! Alors que c'était présent dans discours de Ségolène Royal en 2007. Les PME qui font 80% de l'emploi, ne bénéficiaient que de 13% du montant des aides en 2007, ça se trouve dans un rapport de la cour des comptes. Abordé par Ségolène Royal en 2007. Oublié par le PS.

C'est sans doute plus qu'un oubli, mais un problème de culture politique.

Revenons donc au fret. L'intérêt écologique du fret ne fait pas de doute, mais c'est le camion qui gagne depuis bien des années :

La part du fret ferroviaire, fluvial et maritime est passée de 42% en 1984 à seulement 14% en 2007, tout en ne parvenant pas à trouver un modèle économique équilibré.

Ce n'est pas difficile d'imaginer que le fret et l'industrie traditionnelle se sont effondrés ensemble, puisqu'ils ont également grandi ensemble. Incapable de s'adapter aux besoins de souplesse et à l'échelle plus réduite des transports modernes, le fret est peu à peu délaissé.

Voilà pour le diagnostic. Prochain épisode : les échecs des relances du fret.

10 septembre 2007

Fret (vite fait)

Pendant trois semaines, je risque de poster peu de billets, ayant beaucoup de travail et peu de temps. J'essayerai de poster quelques bribes quand même, histoire de ne pas perdre la main.

Voici une première bribe.

Damien B signalait dans ces Lectures cet article sur le féroutage en France et la situation du frét en général.

Jusqu'à présent je n'ai pas eu l'occasion de parler beaucoup des considérations écologiques (le cadet des soucis de notre Très Grand Homme (TGH)), mais ces histoires de fret me font quand même bondir.

J'ai toujours pensé que c'était une défaillance majeure de la gauche plurielle jospinienne, de n'avoir pas tenté de réhabiliter le fret en France, ce qui aurait pu arranger Voynet et Gayssot simultanément, et arranger la France en général (surtout).