J'ai commencé une série de billets pour détailler ce qui serait pour moi un bon programme de gauche pour 2012. Le programme s'appelle « Les énergies de la France » et il est axé autour de l'écologie, la décentralisation et le fractionnement du pouvoir, à la suite des « gauchitudes » que j'avais proposées il y a deux ans.
Je voudrais parler du fret (un blogueur n'est pas obligé de présenter son programme dans un ordre alléchant), du transport ferroviaire des marchandises. C'est un sujet qui me tracasse depuis les années Jospin : la gauche avait le pouvoir, il y avait une ministre Vert et un ministre des transports communiste. C'était, me semblait-il, le moment idéal pour créer une politique du fret qui arrangeait à la fois les cheminots, peuple de gauche s'il en est, et les écologistes. Évidemment il n'en était rien, et depuis j'attends.
Pour mon programme, je pensais ne faire qu'un seul billet sur le fret, mais je vois que je vais être obligé de faire un ou plusieurs détours pour y arriver. Commençons donc par les PME et la désindustrialisation de la France. L'idée de fractionner le pouvoir économique et politique est une façon de s'adapter à un monde plus complexe, moins centralisé que celui de papa et maman (ou papy et mamie) pendant les trente glorieuses, quand la fumée montait des cheminées des usines et le modèle social français marchait à fond.
Aujourd'hui la fumée et les cheminées sont chinoises. La gauche a perdu la plupart de ses moyens pour faire pression sur les « grands patrons », et même le rapport de forces s'est inversé : dans l'intérêt des ouvriers, des salariés, la gauche ne voit pas d'autre alternative que de séduire les entreprises, surtout les grosses. D'où ce consensus jospino-chiraquien (« l'État ne peut pas tout faire »), que l'on retrouve d'ailleurs un peu partout dans les autres pays dont on disait il n'y pas si longtemps qu'ils étaient « industrialisés ».
Tout cela vous le savez aussi bien que moi, sinon mieux. L'important est de comprendre pourquoi il faut changer de modèle et changer d'échelle. Le rêve de rétablir le schéma social et industriel des années avant « La Crise » (c'était quand ça ? 1982 ?) bloque la gauche dans une position défensive, Sarkozy dirait « conservateur » même. L'issue est un changement d'organisation du pouvoir économique, en allant vers tout ce qui ne peut pas se délocaliser, et vers des plus petites structures, notamment les PME.
Ségolène Royal, en 2007, avait proposait quelque chose allant dans ce sens, et Dagrouik a raison de dire:
Je l'ai déjà expliqué plus d'une fois sur mon blog, 70 milliards d'aides à re-orienter sur PME : ABSENT ! Alors que c'était présent dans discours de Ségolène Royal en 2007. Les PME qui font 80% de l'emploi, ne bénéficiaient que de 13% du montant des aides en 2007, ça se trouve dans un rapport de la cour des comptes. Abordé par Ségolène Royal en 2007. Oublié par le PS.
C'est sans doute plus qu'un oubli, mais un problème de culture politique.
Revenons donc au fret. L'intérêt écologique du fret ne fait pas de doute, mais c'est le camion qui gagne depuis bien des années :
La part du fret ferroviaire, fluvial et maritime est passée de 42% en 1984 à seulement 14% en 2007, tout en ne parvenant pas à trouver un modèle économique équilibré.
Ce n'est pas difficile d'imaginer que le fret et l'industrie traditionnelle se sont effondrés ensemble, puisqu'ils ont également grandi ensemble. Incapable de s'adapter aux besoins de souplesse et à l'échelle plus réduite des transports modernes, le fret est peu à peu délaissé.
Voilà pour le diagnostic. Prochain épisode : les échecs des relances du fret.