28 juin 2012

Pauvre NKM...

 

À droite, les regrets laissés par la campagne de Nicolas Sarkozy s'expriment en fonction des vues des uns et des autres sur la tête de l'UMP et l'élection présidentielle de 2017. Nathalie Kosciusko-Morizet a sans doute dépassé la plupart de ses camarades en souplesse, ce qui est une qualité essentielle en politique. Déjà, dans son rôle de porte-parole, elle avait signé des performances qui ne méritent pas l'oubli dans lequel elles sont déjà tombées. Ma préférée, au tout début de la campagne de Sarkozy, était quand elle disait :

"Je peux faire la liste des sujets sur lesquels on ne sait pas aujourd'hui ce que pense ou ce que propose François Hollande. La vraie violence, elle est là"

C'est une sorte de trouvaille dans la langue de bois trop enthousiaste de quelqu'un qui n'a pas encore acquis le vernis un peu luisant d'un Jean-François Copé, pour qui respirer la mauvaise foi n'entrave l'apparence de logique.

27 juin 2012

La dette européenne est déjà mutualisée

 

Dans mon dernier billet, je disais que la dette dans l'Eurozone est déjà mutualisée, de fait, puisque les pays forts (l'Allemagne) sont condamnés à secourir les pays faibles. J'écrivais :

Pourtant, le problème c'est que la dette est déjà mutualisée. La structure de l'Europe et de l'euro obligent les pays forts (l'Allemagne) à venir en aide dès qu'un pays faible se trouve attaqué par le marché […].

Le désavantage de ce système, c'est qu'il ne marche que lorsque les choses se sont empirées jusqu'à un niveau de crise où l'euro lui-même est à nouveau menacé, avec de nombreux dégâts collatéraux.

23 juin 2012

Le renoncement aux eurobonds

 

Marc Vasseur s'inquiète :

Quelques signes avant-coureurs semblent modifier le slogan initial de François Hollande ‘Le changement c’est maintenant » en un « Le changement c’est pour plus tard ».

Il pense à ceci : Jean-Marc Ayrault enterre les euro-obligations.

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a admis qu'il faudrait des années et davantage d'intégration politique au sein de l'Europe avant de pouvoir introduire les euro-obligations que Paris appelle de ses voeux, dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Die Zeit. "Je souhaite que nous parlions d'eurobonds à Bruxelles. Mais il est vrai qu'une communautarisation des dettes exige nécessairement une plus forte intégration politique et nécessitera certainement plusieurs années", a-t-il dit à l'hebdomadaire à paraître jeudi

L'une des grandes originalités de la campagne de François Hollande, c'est qu'il a réussi à dire, avec crédibilité, qu'il allait bousculer l'ami allemand, renverser la logique de l'austérité.

On comprend qu'il impossible que le programme du candidat Hollande ne puisse pas être appliqué tel quel à toute l'Europe. Hollande et Ayrault semblent renoncer assez vite, sans véritable bagarre, à cette mesure.

20 juin 2012

Une majorité normale : est-ce possible ?

 

Les commentateurs étaient unanime pour dire que l'affaire du tweet de Valérie Trierweiller était le premier faux pas du mandat de François Hollande, et la première entorse à la "présidence normale", cette présidence. Nous l'avons dit aussi, à peu près : les médias ont besoin d'histoires faciles à raconter, la tentation médiatique, la tentation du buzz, celle d'être sur le devant de la scène, est trop forte, pour les médias, les journalistes comme pour les hommes et femmes politiques. François Hollande a été, jusqu'à présent, exemplaire, hormis bien sûr un gravissime dépassement de vitesse sur l'autoroute entre Paris et Caen. Devant la tentation du raccourci qui passe par la personalité, le glamour, l'individu plutôt que la fonction, il faut, pour rester "normal".

16 juin 2012

Le déclin de la droite

 

Oui, le déclin de la droite, même si demain elle fait un bon score aux législatives. Le déclin dont je parle est différent.

Dans un très bon papier au Monde, Olivier Ferrand (président de Terra Nova) explique les trois étapes de la fusion UMP-FN. Pour résumer les voici :

  • Convergence idéologique (du Club de l'Horloge dans les années soixante-dix à la médiatisation aujourd'hui de Rioufol, Zemmour et Elisabeth Lévy) ;
  • Convergence humaine (des gens de droite aussi bien UMP que FN, qui participent ensemble à des activités xénophobes ensemble) ;
  • Convergence institutionnelle (entre le FN, la Droite Populaire, la Droite Sociale de Wauquiez).

Comme souvent, cette progression est présentée comme l'histoire de la montée en puissance des thèses xénophobes couplée à la banalisation du Front National version Fifille. Ce qui se dit un peu moins, c'est que si la droite traditionnelle se mue en grand parti populiste et islamophobe, c'est que ses idées sont en perte de vitesse depuis l'ère Chirac.

14 juin 2012

La tentation médiatique

Juan pose une question intéressante :

Pourquoi certains journalistes parlent autant du #Tweetgate?

Et il répond :

Pour que le buzz médiatico-politique prenne, il faut trois ingrédients: l’affaire doit être (1) simple à comprendre, (2) inattendue, (3) politiquement fort. Le #Tweetgate cochait les trois cases.

[…]

Mais le Tweetgate restait une pépite médiatique: nul besoin d’un grand savoir pour le juger. La documentation requise était minimale. Et chacun pouvait s’en faire une opinion.

Construire un message, expliquer un programme, une politique, des grands enjeux économiques, internationaaux, ce n'est pas facile. Le public dans l'ensemble ne saisit que des grandes lignes, et seulement quand la communication est réussie. C'est pour cela que la droite s'acharne, à chaque élection qu'elle risque de perdre, à marteler le même vieux message : les socialos vont augmenter les impôts. C'est un message facile à comprendre, et comme dirait Juan, "la documentation requise [est] minimal".

13 juin 2012

Du ségolénisme

 

Ceci est un billet que je projetais d'écrire depuis longtemps, mais le moment ne se présentait. Il faudrait de meilleurs exemples et citations, mais si je me mets de telles exigences, le billet ne sera jamais écrit. Ce sera un peu impressioniste. Tant pis. Voilà, je me lance.

Au lendemain de sa défaite en 2007, et avant aussi, il y avait des cris pour dire que Ségolène Royal était à droite, pas vraiment à gauche. On pensait au drapeau, à l'encadrement militaire des jeunes délinquants. (La gauche n'était prête pour "l'ordre juste" qui a finalement réussi pour François Hollande.) À d'autres moments, on l'entendait dénoncer les dérives de la finance, la vie chère, telle une vraie camarade gauchiste. Elle est reconnue comme l'un des seuls responsables socialistes à être acclamée dans les quartiers populaires.

Royal pouvait paraître flottante dans ses prises de position qui ne cadraient pas avec les marques habituelles d'un emplacement dans l'offre des idées politiques. À y réfléchir, on peut comprendre cependant le ségolénisme en trois points.

12 juin 2012

Front National : Que l'UMP continue

 

On s'énerve beaucoup aujourd'hui. Surtout autour du tweet désastreux de Valérie Trierweiller. Des voix s'élèvent pour dire que cela nous distrait des marchandages entre le Front National et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), qui arrangent tranquillement leurs désistements dans l'ombre médiatique.

C'est donc l'heure des distinctions. Je ne serais pas choqué par l'entrée d'élus frontistes à l'Assemblée Nationale. J'encourage l'UMP d'assumer pleinement sa dérive droitière, pas dans l'ombre mais en plein jour. Allez-y les gars. Profitez.

11 juin 2012

Mélenchon, l'échec d'un discours

 

Les commentaires se multiplient sur la défaite de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont. Prenons par exemple Laurent Joffrin :

Son aventure reposait sur un postulat : pour ramener à gauche les classes populaires détournées par le vote FN ou l’abstention, il fallait radicaliser le langage, la tactique et le programme. […] il fallait en tout point déclarer la guerre au réformisme. Pour séduire les ouvriers déçus par la gauche, il fallait être beaucoup plus à gauche. C’est ce raisonnement, plus que le candidat Mélenchon, qui a échoué à Hénin-Beaumont.

Sur ce point, je suis d'accord : on a trop souvent expliqué le passage d'une partie du vote populaire de la gauche à l'extrême droite par le positionnement trop timide du Parti Socialiste. Comme si les "prolétaires" étaient naturellement à gauche, voire à l'extrême gauche, et qu'il suffisait de poser son filet au bon endroit pour les ramasser. Le double échec de Mélenchon montre que ce n'est pas le cas. Le discours traditionnel de la gauche révolutionnaire ne prend plus, en dehors du peuple de gauche, cette petite dizaine de pour cent des électeurs très politisés, qui restent fidèles à la radicalité communiste ou trotskyste.

10 juin 2012

Les cercles vertueux

 

La confiance est bonne pour l'économie, et son effet positif engendre encore de la confiance, ce qui fait encore du bien à l'économie, et ainsi de suite. C'est du moins comme ça que le monde était censé fonctionner. C'est ainsi que Nicolas Sarkozy pensait libérer la confiance en 2007 et en 2008, avant La Crise. Il croyait que son enthousiasme, boosté par l'enrichissement des riches, allait effectivement lancer un de ces cercles vertueux dont les dirigeants rêvent.

Le problème, depuis que le monde et mondial, c'est que le cercle ne peut plus être seulement hexagonal ; les économies des différents pays sont désormais tellement intégrés que le cercle ne fonctionne que s'il fait le tour de la Terre.

Aujourd'hui on a finit par se rendre compte que la finance mondiale est malade, jusque dans son organisation, sa structure même. Et il ne suffira pas restructurer la Banque de France pour résoudre le problème. Ce cercle là, plutôt vicieux, fait le tour de la Terre aussi.

6 juin 2012

Le racisme pour débutants

 

Entre racisme, xénophobie, islamophobie, antisémitisme, il est facile de s'y perdre. Nos défenseurs d'une France issue de la non-diversité sont-ils vraiment racistes ? Ou bien est-ce la religion qui les embête ? Ou la religion est-elle un prétexte pour stigmatiser une population définie autrement ? Immigrés ? ce ne sont plus des immigrés depuis des générations maintenant. Couleur de peau ? Mais finalement la couleur de peau, cela permet juste de voir qui est qui, ce n'est pas la vraie raison, c'est juste commode. Une différence culturelle alors ? C'est sans doute plus près de ce qui gêne les pourfendeurs de l'antiracisme. "Ils" sont juste différents, donc "ils" ne peuvent pas être tout à fait chez "eux" quand "ils" sont "chez nous".

J'ai toujours préféré le terme de "xénophobie", qui englobe toutes les différences. Avec le déferlement actuel des justifications de l'instrumentalisation politique du rejet de l'autre, c'est peut-être le moment de revenir au racisme, qui, est bien souvent national ou nationaliste.

5 juin 2012

Pas raciste, juste contre l'antiracisme

 

C'est la nouvelle manière de se défendre contre les accusations de racisme : "c'est mon combat contre l'antiracisme". Avant on se contentait de dire que les pires racistes, c'est les… au choix : Noirs, Arabes, Chinois. Le bon vieux "racisme anti-blanc". Ivan Rioufol a une catégorie sur son blog consacrée à la question. Voyez, le "racisme anti-blanc", c'est pire que le racisme ordinaire, parce que les blancs justement font tout pour aider les… Noirs, Arabes, etc. Ingrats.

En tout cas, c'est plus malin de dire qu'on lutte contre l'antiracisme. Je n'allais pas revenir à Rioufol encore aujourd'hui, mais comme c'est un grand théoricien de la lutte contre l'antiracisme, c'est toujours instructif. Voici ce qu'il écrivait en 2011, lorsque Zemmour fut condamné pour provocation à la discrimination raciale :

4 juin 2012

J'ai vu l'avenir de l'UMP, et ça ne sent pas très bon

 

Il a suffit finalement que Nicolas Sarkozy donne son accord, pendant la campagne, pour qu'une bonne partie de la droite ex-républicaine décide de se vautrer dans la position des gardiens de la race blanche et de la chrétienitude, qui se défendent contre l'invasion sarrasine.Les vannes sont lâchées, laissant couler un flot nauséabonde de supériorité blanche, origines chrétiennes, "retour" de la charia, déclin de l'Occident, "islamo-socialo-communisme vert" (sic).

2 juin 2012

L'erreur fondamentale de Sarkozy

 

Il y a eu des tentatives pour attribuer la défaite de Nicolas Sarkozy non à un quelconque rejet de la droite, mais à sa personne ou à son style. Comme si la seule chose qui pouvait sauver Sarkozy, en tant que force politique et idéologique, était finalement l'antisarkozysme, celui du fameux "microcosme" qui s'est étrangement démultiplié pour faire basculer son score en dessous de 50 %.

J'ai déjà essayé de répondre à cette manipulation. Aujourd'hui, je me mets dans l'hypothèse – celle des "sarkozystes réalistes" – qu'il y aurait un certain nombre de "réformes" qu'il faire dans l'économie française et que la mission du Sarkozy élu en 2007 était de les réaliser. Le thème d'une "modernisation de la France" a attiré, en 2007, beaucoup d'électeurs pas férocement à droite. Chacun a sa petite idée sur les inefficacités de l'État ; en promettant de les réaliser toutes, Sarkozy a créé une certaine attente…