Les mauvais sondages, la possibilité d'un revers important aux municipales (quoique... ce n'est pas encore fait), bref le monde à l'envers, à l'envers de ce que pensait à peu près tout le monde pendant les premiers mois du règne de notre Très Grand Homme (TGH). Même la plupart des anti-sarkozystes primaires, groupe dont je suis fier d'être membre, attribuaient à Sarkozy une sorte d'invincibilité qu'il fallait combattre modestement, comme des fourmis, sans espoir autre que théorique que la terrible machine à communiquer née d'une alliance permanente entre le pouvoir, l'argent et les médias pourrait jamais être véritablement mise en cause.
Je me souviens, dans les jours précédant le 6 mai, Dominique Strauss-Kahn disait :
«Si Sarko passe, on en prend pour dix ans, peut-être quinze.»
A l'époque, ça faisait peur, à moi le premier. Rétrospectivement, on peut supposer qu'en fait DSK préparait sa sortie sur le caractère "imperdable" de l'élection. Au moment, je pensais qu'il voulait effrayer les électeurs pour qu'ils votent Ségo. (Je sais, je serai toujours un pauvre naïf!) Mais même si "dix ou quinze ans" était purement stratégique, il est difficile d'imaginer que Strauss-Kahn ne le croyait pas, du moins un peu. Et surtout, cette idée lui était utile de toute façon justement parce qu'elle s'imposait comme une évidence : Sarkozy, une fois élu, aurait la main sur toutes les manettes, serait indéboulonnable, indéstructible, invincible.
Le mythe de l'invicibilité était en place avant le 6 mai.
Dans mes souvenirs, tout le bruit autour de la politique de l'"ouverture" a ensuite beaucoup conforté l'idée que toute opposition à Sarkozy était futile. (Voir ce que j'en disais en juillet 2007 : Sarkozy était le seul à avoir peur.) Sarkozy était censé avoir dit qu'il avait "vidé le centre" et qu'il allait "asphyxier la gauche". Il y a eu un mythe de l'ouverture aussi, largement relayé par les socialistes eux-mêmes, apparament démoralisés de voir partir des têtes bien connues mais pas essentielles au bon fonctionnement du parti. (Quand on trouvera les têtes nécessaires au bon fonctionnement du PS, on le saura...)
On voit aujourd'hui que Sarkozy n'est pas invincible, qu'il n'est pas aussi malin que l'on croyait, qu'il n'a pas su éviter la folie des grandeurs, et, après des législatives décevantes pour l'UMP et la perspective de défaites significatives aux municipales, on voit que l'ouverture n'a pas était le bouclier électoral que l'on disait.
Il sera intéressant de voir comment fera le TGH pour reconstruire son jouet. Il sera beaucoup plus difficile cette fois, du fait que plus personne ne croit à son invincibilité. Il n'est plus le rouleau-compresseur que l'on croyait.
Le problème, c'est que certains, comme Michel Rocard et autres "réfondateurs", croyaient que le PS était à l'abri pour 5, 10 peut-être 15 ans, qu'il avait devant lui une longue période de réflexion.
Dommage, c'est loupé: il va falloir être tout de suite une véritable opposition.
11 commentaires:
pas d'accord sur ton derniere paragraphe... Rocard est l'un des seuls à demander depuis de longue année une profonde reflexion... chose qu'on n'a jamais eu :-)
Marc,
C'est vrai. Je pensais surtout à sa tribune dans Libé, où il semblait appeler à une grande réflexion qui pourrait durer très, très longtemps. Il faudrait que je fasse un billet à part sur la question. En tout cas, il n'est pas le seul dans cette position. Valls, par exemple, est très doux avec Sarkozy tout en prônant une réfondation qui ne viendra jamais.
Faut pas être trop optimiste. Les élections municipales devraient "bien se passer" pour la gauche (ce n'est pas sûr et en plus les précédentes avaient été dramatiques).
Nicolas Sarkozy n'est pas mort. Il lui reste deux ans pour faire ses réformes abominables et deux ans pour remonter sa cote de popularité...
DSK n'avait peut-être pas tort. Il faut donc continuer à lutter...
Nicolas,
Je suis d'accord que rien n'est gagné. Justement, c'est maintenant qu'il faudrait pouvoir profiter de la faiblesse de Sarkozy.
En ne pas baissant les bras, en effet.
Il ne faut pas "profiter" sinon il passera pour une victime... Il faut l'entretenir et se dire qu'il est plus fort que nous (sinon nous serions présidents !). Méfiance.
Il faut attendre le résultat des urnes pour mesurer le divorce entre Sarkozy et l'opinion. Malgré les remous passagers (et même si tu as raison d'en profiter !), rien n'est fait ! :-))
C'est sûr que, concernant les municipales, il ne faut pas vendre la peau de l'ours trop tôt. Mais peut-être que l'essentiel est dans la popularité de Sarkozy lui-même. Dagrouik vient de dire dans un touite que IPSOS/Le point le met à 39%!
C'est bien bas. Quoi qu'il arrive aux municipales, ce n'est plus le même Sarkozy qu'en 2007.
Si ! C'est le même ! Mais en pire... Il n'en a plus rien à cirer.
"Quand on trouvera les têtes nécessaires au bon fonctionnement du PS, on le saura..."
C'est une phrase si vraie que cela donne à déprimer, surtout pour les militants de base.
Maintenant, je pense qu'effectivement il faut attendre le résultat des municipales, bien que je pense et espère que les Sarkozystes et autres énergumènes de même acabit prennent une bonne claque.
En ce qui concerne Sarkozy, je crois qu'il n'est ni plus, ni moins qu'avant .
Il est tout simplement à découvert dans la plus grande obscénité qui soit,ce qu'il a toujours été.
Les autres, il s'en fout, il les mâte ou il les détruit.
Le pire, c'est qu'il a fait des clônes.
Ma seule consolation, c'est que les clônes ont des durées de vie moindre...
Méfions-nous : un bon coup de pitbull pédophile et ça peut repartir...
En prendre pour 10 ans, c'est vraiment la réflexion que je me suis faite. Aujourd'hui, bien que plus optimiste, je me dis que 4 ans 1/2 c'est quand même long...
Circé,
Je t'ai répondu dans mon dernier billet.
balmeyer,
Oui, j'ai toujours était pessimiste, me disant 10 voire 15 ans. Les 4,5 ans qui restent vont sembler comme 10 ou 15 de toute façon. Et effectivement, Sarkozy est largement meilleur pour les élections que pour gouverner...
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