Affichage des articles dont le libellé est rénovation. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est rénovation. Afficher tous les articles

14 juin 2009

Rénovons pour n'innover en rien

C'est connu : moins on blogue, moins on blogue. Et inversément. Dans mon dernier billet, alors même que j'en écrivais la fin, je sentais déjà qu'il allait falloir y revenir, sur cette question de rénovation. J'écrivais donc :

C'est grave, mais la solution a déjà été trouvée. Il suffit de rénover. En profondeur. Pour de vrai. Les cris à la rénovation n'ont servi jusqu'à présent qu'à étouffer les envies de changement. "La rénovation? On s'en occupe." Rénover pour être sûrs que rien ne bouge, pour contenir les changements. Étouffer avec une commission. Gérer les volontés de changement. Ce sont des bons gestionnaires, après tout.

Il faut distinguer deux choses. D'un côté, la "rénovation" éventuelle du PS ; et de l'autre les appels à la rénovation, la rhétorique de la rénovation. Celle-ci, nous savons qu'elle existe. La première, en revanche, à l'heure où j'écris ces lignes, n'a aucune existence réelle et n'est, au mieux, qu'une hypothèse, un voeu. Je ne dirais même pas une fiction, parce qu'à la différence d'un bon roman, ou même d'un mauvais, nous ne savons même pas à quoi ressemblerait ce fameux PS "rénové".

Quelqu'un m'a dit une fois que le taux de réussite des météorologues serait meilleur si, au lieu de faire des calculs, ils disaient systématiquement que chaque jour il ferait le même temps que la veille. Je ne sais pas si c'est vrai, mais il me semble que l'on pourrait appliquer le même principe au PS : il y a très fort à parier que, malgré toutes les promesses, déclarations, exhortations, admonestations, recommendations, etc., le nouveau PS sera identique au PS actuel.

Je vous entends déjà soupirer : Quel fataliste ! Il faut positiver au contraire...

C'est ça. Oui.

Non, je persiste : l'atonie actuelle, le marasme et la flacidité idéologiques du PS sont en fait la représentation parfaite du rapport de forces entre les VIP du Parti. Synthèse (anti- et pro- TCE) sur synthèse (fabiusiens et déesse-khaniens unis par leur anti-sorcièrisme). Nous savons que dans les luttes internes, les prises de positions sont des pions que l'on avance. Comment pourrait-il en être autrement pour des idées nouvelles ?

Le pire, c'est qu'au PS on est, semble-t-il, persuadé qu'il n'y a même pas besoin de nouvelles idées. Arnaud Montebourg répondait ainsi l'autre jour à un internaute qui avait commenté sa "Lettre d'un socialiste qui espère" :

Je ne crois pas qu'il faille à chaque fois traiter de toutes les questions afférentes à un programme de gouvernement ou de parti. Le PS regorge d'ailleurs de textes sur ces sujets. Le problème c'est qu'ils sont inaudibles. [Je souligne, o16o.]

Pour le diagnostic : oui, ils sont bien inaudibles, tous ces textes dont le PS regorge. Faute à qui ou à quoi ? Il y en aurait trop, finalement? Le programme du PS est littéralement "trop fort"? Simple problème de com', finalement. Pas la peine de repenser quoi que ce soit ; il suffira de trouver la bonne technique de gouvernance et le reste viendra tout seul, tout cuit?

Le PS dispose donc de toutes ces idées, de ce super-programme, dont personne ne veut. Il y aurait beaucoup à dire sur ce programme : mosaïque de micro-mesures, donc illisibles ? absence de relai chez les PS people ? contradictions soujacentes, conséquences des synthèses et des arrangements historiques ? Mais peut-être le plus grave est le fait de croire que toutes les idées sont déjà dans la boîte. Le Parti à des idées à en revendre, on ne va quand même pas commencer à réfléchir... À partir du moment où le Parti "regorge" d'idées, pourquoi changer, en effet ?

Reste donc le bidouillage : primaires ouverte à la gauche (à condition que le candidat socialiste gagne bien sûr), comité des sages. Reste surtout la rhétorique de la rénovation ("au boulot", "on rénove 24 heures sur 24"). Ce n'est pas couteux, ça n'engage à rien, on peut faire son petit effet.

28 juin 2007

Quelques réflexions sur la stratégie de Ségolène Royal

Au PS, les choses se durcissent: annonce de la rupture conjuguale Hollande-Royal, intervention de Royal où elle parle de la crédibilité du SMIC à 1500 euros, Conseil National du PS très critique de la campagne présidentielle, absence de Royal à cette réunion, énervement général, Fabius qui rend Ségolène Royal responsable d'une défaite que le PS aurait pu éviter... Qu'est-ce que j'ai oublié ? Cette série d'événements devrait sans doute remonter jusqu'au fameux message téléphonique que Royal laisse sur le répondeur de Bayrou entre les deux tours des législatives, malgré l'avis du Premier Secretaire du PS. La série commence avec le premier cas de "désobéissance" de l'ex-candidate vis-à-vis des hauts responsables de son Parti.

Visiblement, Ségolène Royal cherche la bagarre, et il faudra réfléchir sur sa stratégie. On trouve une bonne analyse chez Papito, selon laquelle il y aurait plusieurs objectifs à ces manoeuvres:

  • "Eviter toute autocritique";
  • Preparer "sa prise de pouvoir au PS";
  • "Déclencher le débat";
  • "s'installer comme véritable force d'opposition au gouvernement";
  • "capitaliser sur sa 'marque'"
  • "provoque[r] ou tout au moins anticipe[r] la scission"

Il est clair que Ségolène Royal compte agir vite pour profiter de la visibilité conférée par la campagne pour solidifier sa position de grande figure du PS, et apparaître comme celle qui serait la mieux placée pour rénover et/ou refonder le parti. De plus, elle cherche apparamment à provoquer une durcissement des positions au sein du PS. C'est la finalité de ses déclarations sur le SMIC : concrétiser l'opposition; obliger la résistance anti-Ségo, plus ou moins latente jusque-là, à se cristaliser, à devenir plus rigide et donc plus fragile. Son absence au Conseil National confirme cette stratégie : laisser (ou force) ses ennemis à se montrer, à prendre position. Avant de... avant quoi ? Avant de trouver le moyen de donner la parole aux militants.

"Je ne laisserai s'installer l'idée qu'il y aurait d'un côté les responsables du parti, de l'autre les militants" disait François Hollande après le Conseil national. Pourtant, les deux dernières consultations signifiantes des militants, qui ont choisi le "oui" à la Constitution européenne et Royal comme candidat à la présidentielle, ont suscité des mouvements de fronde dans les échelons supérieurs du parti, chez les hauts responsables qui ne se sont pas sentis concernés. On objectera que François Hollande n'est pas celui qui a trahi les militants, mais c'est bien lui qui a décidé de ne pas virer Laurent Fabius (ou Montebourg!), et de rabibocher le parti malgré une différence politique énorme, mille fois plus grave que le manque de crédibilité du SMIC. Hollande écoute les militants, mais ce qu'ils disent n'est pas forcément respecté par les huiles du parti, qui agissent en fonction de leur conscience (Fabius, l'européen).

Si la stratégie de Royal est d'accentuer le conflit au PS jusqu'à la crise, pour forcer une consultation des militants qui solidifierait sa place dans le parti, sans doute comme Première Secretaire, c'est effectivement un jeu dangereux. Est-ce l'électrochoc qui pourrait faire sortir le PS de sa torpeur habituelle, où l'on épilogue sur les manières de décider comment aborder la mise en place des préalables à une urgente rénovation ?

Sur le plan psychologique, tout se passe comme dans une famille où l'on évite les sujets qui fâche. Ségolène est-elle en train de préparer le grand déballage?