Au PS, les choses se durcissent: annonce de la rupture conjuguale Hollande-Royal, intervention de Royal où elle parle de la crédibilité du SMIC à 1500 euros, Conseil National du PS très critique de la campagne présidentielle, absence de Royal à cette réunion, énervement général, Fabius qui rend Ségolène Royal responsable d'une défaite que le PS aurait pu éviter... Qu'est-ce que j'ai oublié ? Cette série d'événements devrait sans doute remonter jusqu'au fameux message téléphonique que Royal laisse sur le répondeur de Bayrou entre les deux tours des législatives, malgré l'avis du Premier Secretaire du PS. La série commence avec le premier cas de "désobéissance" de l'ex-candidate vis-à-vis des hauts responsables de son Parti.
Visiblement, Ségolène Royal cherche la bagarre, et il faudra réfléchir sur sa stratégie. On trouve une bonne analyse chez Papito, selon laquelle il y aurait plusieurs objectifs à ces manoeuvres:
- "Eviter toute autocritique";
- Preparer "sa prise de pouvoir au PS";
- "Déclencher le débat";
- "s'installer comme véritable force d'opposition au gouvernement";
- "capitaliser sur sa 'marque'"
- "provoque[r] ou tout au moins anticipe[r] la scission"
Il est clair que Ségolène Royal compte agir vite pour profiter de la visibilité conférée par la campagne pour solidifier sa position de grande figure du PS, et apparaître comme celle qui serait la mieux placée pour rénover et/ou refonder le parti. De plus, elle cherche apparamment à provoquer une durcissement des positions au sein du PS. C'est la finalité de ses déclarations sur le SMIC : concrétiser l'opposition; obliger la résistance anti-Ségo, plus ou moins latente jusque-là, à se cristaliser, à devenir plus rigide et donc plus fragile. Son absence au Conseil National confirme cette stratégie : laisser (ou force) ses ennemis à se montrer, à prendre position. Avant de... avant quoi ? Avant de trouver le moyen de donner la parole aux militants.
"Je ne laisserai s'installer l'idée qu'il y aurait d'un côté les responsables du parti, de l'autre les militants" disait François Hollande après le Conseil national. Pourtant, les deux dernières consultations signifiantes des militants, qui ont choisi le "oui" à la Constitution européenne et Royal comme candidat à la présidentielle, ont suscité des mouvements de fronde dans les échelons supérieurs du parti, chez les hauts responsables qui ne se sont pas sentis concernés. On objectera que François Hollande n'est pas celui qui a trahi les militants, mais c'est bien lui qui a décidé de ne pas virer Laurent Fabius (ou Montebourg!), et de rabibocher le parti malgré une différence politique énorme, mille fois plus grave que le manque de crédibilité du SMIC. Hollande écoute les militants, mais ce qu'ils disent n'est pas forcément respecté par les huiles du parti, qui agissent en fonction de leur conscience (Fabius, l'européen).
Si la stratégie de Royal est d'accentuer le conflit au PS jusqu'à la crise, pour forcer une consultation des militants qui solidifierait sa place dans le parti, sans doute comme Première Secretaire, c'est effectivement un jeu dangereux. Est-ce l'électrochoc qui pourrait faire sortir le PS de sa torpeur habituelle, où l'on épilogue sur les manières de décider comment aborder la mise en place des préalables à une urgente rénovation ?
Sur le plan psychologique, tout se passe comme dans une famille où l'on évite les sujets qui fâche. Ségolène est-elle en train de préparer le grand déballage?
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