A toutes fins utiles, je reprends quelques lignes d'un entretien de François Mitterand, alors premier secrétaire du PS, publié dans *Le Monde*en décembre 1979, où le futur président interrogé sur « les libertés et l'Etat » convoquait sa lecture admirative du livre de Marguerite Yourcenar L'Oeuvre au noir:
Zénon est l'un des personnages les plus passionnants de la littérature moderne. Il cherche et il meurt, apparemment vaincu mais l'esprit libre, vainqueur. A cet égard, j'ai été très intéressé tout autour de Zénon par la vie et l'activité des sectes [l'histoire se passe au XVIe siècle], qui, comme maintenant, n'avaient pour objet que de s'autodétruire, la seule préoccupation de chacun étant d'avoir raison contre son frère. L'esprit de secte ou l'anti-liberté. Tout dogme qui veut prouver par la contrainte tue l'homme avec la liberté.
Ce n'est pas tant le contenu des propos qui m'intéresse même s'il résonne plaisamment aujourd'hui à l'ère Sarkozy, ni la récupération ironique qu'on pourrait en faire contre Mitterrand lui-même, que le geste de la référence et la qualité de la réflexion. Ni mitterrandienne, ni yourcenarienne, je ne peux m'empêcher de constater que ce type de discours et de référence paraît impensable aujourd'hui dans la bouche d'un quelconque de nos politiques. Pourtant je me refuse à croire que c'est un signe des temps ou que Mitterrand constitue l'exception.
En démocratie, un leader doit avoir des qualités de leader. Si on peut certes reconnaître à Sarkozy quelques unes des qualités que Machiavel décrivait comme propres à l'exercice du pouvoir, n'oublions pas que ces qualités sont celles du Prince, c'est-à-dire celles du pouvoir en régime autocratique.
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