Quand on est premier ministre, voici le genre de chose qu'il faut éviter de dire:
La démonstration qui sera faite de l'efficacité du dialogue social dans les transports peut ensuite servir de modèle pour être étendu dans d'autres secteurs, dont l'éducation nationale.
Cette phrase m'intrigue. « La démonstration qui sera faite...» Fillon est déjà sûr de son immense succès avec ce dossier, déjà en train d'imaginer des succès futurs sur des dossiers semblables. C'est mauvais signe. Il est en train de compter ses poules trop tôt. Il est parti avec les boeufs, et la charrue est restée à l'Elysée...
« ...l'efficacité du dialogue social... » Drôle de choix de mots : efficace pour qui ? pour quoi faire ? Cette réduction du droit de grève va rendre le dialogue social plus efficace ? Parfait exemple d'une expression qui ne veut pas dire ce qu'elle dit : l'efficacité n'est pas celle du dialogue lui-même, les salariés pouvant bizarrement mieux s'exprimer depuis qu'on leur a supprimé une partie de leurs moyens de faire pression. Non, l'« efficacité » dont il s'agit est plutôt le rendement du service en question, même par temps de (mini) grève. Les trains à l'heure et tout le reste. Efficace malgré la grève.
Là où Fillon, dans cette même phrase, est enfin honnête, c'est quand il imagine cette formule étendue à l'ensemble des secteurs, au syndicalisme en général, finalement. Autrement dit : à des secteurs dont le pouvoir de blocage est moindre. Autrement dit (bis): à des secteurs où le recours au service minimum n'est pas justifié par les mêmes arguments que dans les transports (capacité à nuire à l'ensemble de la société, etc.). Dans le lendemain chantant de Fillon, il n'y a plus que des grèves qui ne gènent personne.
1 commentaire:
Bravo d'avoir souligné cette phrase ! Elle vaut son pesant de pédanterie et mériterait du goudron et des plumes de la part des "socio-dialogant " !!! :-)
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