C'est Eric Besson dans Le Monde. Je ne sais même pas où commencer, il faudrait commenter tout l'entretien, phrase par phrase, et même alors, je serais sûr de manquer des morceaux de choix.
Commençons par la question qu'on lui pose:
Ayant rallié Nicolas Sarkozy dès la campagne présidentielle, vous avez été parmi les premières personnalités de gauche nommées au gouvernement (secrétaire d'Etat chargé de la prospective et de l'évaluation des politiques publiques) au titre de l'ouverture
Est-ce vraiment au titre de l'ouverture que Besson est entré au gouvernement, lui qui avait « rallié » Nicolas Sarkozy pendant la campagne, donc bien avant que l'on parle d'ouverture ? Au moment d'entrer au gouvernement, Besson était-il encore un homme de gauche? Mais passons, ce n'est pas encore Besson qui parle.
J'avais reproché au Parti socialiste d'être devenu un parti du statu quo, qui refuse d'assumer son réformisme car le réel trouble sa grille de lecture. Nous nous adressons désormais à ceux qui se disent que Nicolas Sarkozy incarne aujourd'hui des valeurs, une ambition et une soif d'action que nous étions allés chercher à gauche.
Voilà un thème bien sarkozyen : l'action pour l'action. Il est compréhensible que l'on puisse faire la critique de l'immobilisme à propos du PS, encore qu'il eût fallu que le PS soit au pouvoir pour ne pas être immobile, et que l'opposition est naturellement dans une position de freiner qu'autre chose. Mais ce qui est malhonnête, c'est de dire que, puisque le PS ne change pas les choses, on va aller chez Sarkozy. Peu importe le sens du changement, pourvu que ça bouge! L'action pour l'action, la « réforme » pour « la réforme » sans justification politique, c'est la suppression pur et simple de la politique. Seul compte, comme le parcours de Besson le montre, le pouvoir, en somme.
La tonalité dominante du "bouclier fiscal" n'est pas vraiment de gauche...
La gauche n'aurait effectivement pas porté ce projet, mais ce dernier traduit la cohérence de la pensée du président de la République, qui veut que la France retrouve toute sa compétitivité et son attractivité.
Ah, la cohérence! Autre idole sarkozyen. Encore une fois : peu importe ce que le gouvernement fait, du moment que c'est cohérent. Mais puisque cette mesure, de droite (car la gauche ne l'aurait pas fait, il concède), est si admirablement cohérente avec le reste du programme du Très Grand Homme (TGH), n'est-ce pas que l'ensemble du programme est tout autant de droite ?
Par ailleurs, je ne dis pas que Nicolas Sarkozy est devenu un homme de gauche. Mais comme il se moque de savoir si telle ou telle mesure est estampillée à droite, à gauche ou au centre, on peut discuter de solutions potentielles sans tabou, ce que ne s'autorise pas la gauche. Il y a chez le président un très grand pragmatisme que l'on retrouve dans les discussions que l'on peut avoir avec lui. Au demeurant, je ne sais plus, sur un certain nombre de sujets, si le clivage droite-gauche est vraiment opérant.
«... sans tabou » Il va falloir commenter cette petite formule, qui est devenue si fréquente dans les discours du nouveau pouvoir décomplexé que cela ne peut qu'être louche.
Mais le pire dans cet éloge du Très Grand Sage (TGS), qui comme Bayrou n'est ni de droite ni de gauche, c'est cette façon de gommer toutes les distinctions. La politique n'existe plus, il est même impossible de s'opposer à Sarkozy parce qu'il est déjà de chaque côté de chaque point sur lequel on pourrait même envisager une opposition.
Bref c'est insupportable, c'est dangereux, et tout le reste.
4 commentaires:
Car Nicolas Sarkozy est lui-même la France ! Vous ne voulez pas le comprendre, bande de gauchistes utopistes mais désormais, le pays devra tout faire avec le petit Nicolas ! C'est comme ça et pis c'est tout !
:-)
[Quand même Besson, il a honte de rien…]
Oui. Bessons est fou.
Tiens, Fil, Qu'est-ce tu fais là ?
Ce qui est proprement hallucinant, c'est sa capacité à intégrer à 100% les points clés du discours des sarkozystes. Sans aucun complexe du tout.
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