31 mai 2007

Et pendant ce temps-là, à gauche...

Beaucoup de réflexions en ce moment sur le choix d'un leader de la gauche et du PS (ici et ici, pour commencer), surtout depuis que Sarkozy a tenté d'adouber Bertrand Delanoë, comme s'il n'y avait pas assez de problèmes de personnes au PS. Sans doute qu'il ne pourrait jamais y en avoir assez pour Sarkozy.

Je parlerai plus tard de la question Bayrou (j'ai plusieurs idées en tête que je n'ai pas mise dans le bon ordre), mais pour l'instant c'est peut-être plus urgent de regarder la compétition du PS avec lui-même.

François Mitterrand 2007 estime que Fabius ne peut plus être un candidat sérieux. Même si aujourd'hui il fait la morale aux ambitieux de son parti, ce n'est pour cacher le fait que c'est lui qui a largement contribué à diviser le PS en ne pas respectant le vote des militants sur la Consitution européenne. On reproche à François Hollande d'avoir cherché à étouffer les conflits internes en créant une unité de façade, mais c'est essentiellement Fabius qui est responsable de cette situation qui aurait pu (dû ?) mener à l'explosion du parti. Entre autres effets néfastes, la divergence de Fabius peut être vu maintenant comme le présage de, comment dire ?, une certaine "distance" prise par certains vis-à-vis de la victoire de Ségolène Royal à l'intérieur du PS.

Il est très difficile aujourd'hui de savoir si Hollande a eu raison de vouloir tout rabibocher pour la présidentielle, mais on peut facilement imaginer des scénarios catastrophes où les deux PS subissent des échecs bien plus lourds que celui de Ségolène Royal.

Quant à DSK, la stratégie de "disponibilité permanente" va finir par lui enlever toute allure de meneur de jeu, si ce n'est pas déjà fait. Être "disponible" n'est pas la posture de quelqu'un qui pourra devenir un chef, mais plutôt celle de quelqu'un qui espère devenir premier ministre. Et encore...

Ce qu'on oublie dans la discussion de ces personnages, c'est que désormais ce ne sera pas l'alignement politique qui va déterminer si l'un ou l'autre peut vaincre la sarkodroite. Il ne suffit pas de se dire social-démocrate et puis d'attendre que les électeurs qui eux-mêmes s'identifient comme social-démocrates viennent vous chercher. La victoire désormais n'appartiendra qu'à celui (ou celle!) qui sera capable de mobiliser un certain imaginaire, d'exister dans ce monde d'images superficielles qui est désormais le pays de merveilles habité par le seul Président de la République, ordonné par Suffrage Cosmique.

En d'autres termes, la politique ne pourra plus se conduire comme une guerre de position. Hésiter entre centre-gauche et gauche-centre, se redéfinir, comme Fabius, en antilibéral pour occuper un poste apparamment délaissé : ces stratégies, même si elles n'ont pas perdu absolumment toute pertinence ne suffiront plus pour imposer un candidat présidentiel. Ce sera désormais des guerres de mouvement, où, pour changer une nouvelle fois de métaphore, il faudra créer la demande plutôt que de simplement se conformer à elle. Et quand je parle de créer la demande, et que j'ai l'air d'être un spécialiste de marketing ou de force de vente, c'est parce que nous sommes dans l'ère de la publicité et de la communication. (Qu'on l'aime ou pas.)

Ainsi, des compétence requises pour être candidat (dans notre régime ultra-présidentiel), c'est celle de l'image qui est la plus importante. La sacrosancte "connaissance des dossiers" n'est en fait qu'un élément de plus dans le paraître : il faut avoir l'air de connaître les dossiers. Déjà les mesures proposées par l'ultra-compétent Sarkozy sont en train de se révéler impraticables ou inconstitutionnelles. Quelqu'un de véritablement compétent aurait prévu toutes ses objections, n'est-ce pas ? Ségolène Royal avait raison d'attaquer Nicolas Sarkozy sur ce terrain pendant le débat, même si l'attaque n'était pas si bien menée. Mais Sarkozy sait très bien comment avoir l'air de savoir de quoi il parle. C'est une question de communiquer par les images. La campagne de Ségolène Royal n'était pas parfaite de ce point de vue, mais il est clair qu'elle dispose de plusieurs longeurs d'avance sur ses rivaux actuels.

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