8 mai 2007

Ascèse

De la campagne présidentielle, Sarkozy dit à la fin du débat du 2 mai que c'était pour lui comme une ascèse. Quelques jours plus tard, alors que les sondages nous assurent qu'il sera élu, on apprend qu'il a déjà choisi le lieu où il ira se recueillir. Et maintenant, plutôt que de composer son gouvernement, il va s'enfermer dans un monastère en Corse. Curieux pour quelqu'un qui trouve stupide le connais-toi toi-même socratique. Ce qui explique pourquoi finalement ce sera plutôt le yacht.

Certes, il cherche à donner de la profondeur à son personnage, et créer, avec le plateau des Glières, des symboles. Mais ce qui est assez inquiétant, c'est une certaine dérive vers le sacré. Point commun avec Tony Blair et George W. Bush? Si Blair semble agir avec une conscience chrétienne (lorsqu'il envoie ses soldats se battre contre les infidèles, par exemple), et si Bush se croit, en bon protestant fondamentaliste, plus ou moins en dialogue permanent avec son sauveur, Nicolas Sarkozy semble déjà se peindre dans un rôle beaucoup plus catholique, comme une sorte d'intercesseur avec l'Esprit de la Sainte Patrie. Dans le discours qu'il a prononcé le soir du triomphe, c'est bien le rôle qu'il se donne:

Je veux leur dire que je serai le Président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d'entre eux.

Parler à qui ? Ou plutôt : parler à Qui ? Sarkozy l'intercesseur.

Il y a quelque chose d'embryonnaire là, quelque chose qui n'a pas encore eu le temps de se développer. Mais j'ai confiance...

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