Avant de commencer suivre ce qui est déjà en train, sûrement, de prendre forme, je voudrais revenir sur quelques aspects de cette campagne, cette fois du côté de ce fameux peuple qui, comme le dit notre nouveau président, s'est levé pour le soutenir.
Exemple : lendemain du débat, dans la salle du petit déjeuner d'un hôtel. Deux couples d'amis, autour de la cinquantaine, qui commencent à parler du débat. Sarkozy avait l'air mieux, dans la parole, puisque de toute façon sur le fond on n'en sait rien. Cette dame ne se doutait pas de sa très grande éloquence. Un peu plus tard Ségolène Royal est traitée de "pétasse". Par une femme, encore une fois. Je n'ai pas fini de parler du machisme des femmes dans cette histoire.
La presse et les divers commentateurs ont beaucoup parlé de la "peoplisation" de la campagne. Test : êtes-vous Sarko ou Ségo ? (pas seulement dans Elle mais aussi dans Le Monde). C'est la conséquence naturelle d'une certaine logique de la Ve République, qui veux que, puisque le président est en quelque sorte au-dessus même de l'exécutif, sa personnalité soit d'une importance primordiale, qu'elle soit le fondement même de la Nation. La peoplisation suit, bien sûr. Et, certes, elle est néfaste, etc. Mais je trouve, à parler avec "des gens", que leur modèle de sélection, à l'image de celle qui a dit "pétasse", plus haut, est moins celui des pages de Voici que celui de l'entretien d'embauche. Ainsi, Sarkozy gagne parce qu'il paraît le plus performant. Meilleur rendement. Cette idée a d'ailleurs été relayée par de nombreuses voix depuis de nombreuses semaines. L'énergie et la détermination de Sarkozy. Connaissance des dossiers. Je ne me souviens pas que la "connaissance des dossiers" qui, semble-t-il, a tant joué dans la tête de ceux qui ont voté à droite (du moins en surface -- on en viendra un jour à la grande psychanalyse collective), et qui a beaucoup fait douter même ceux qui ont finalement bien voulu voter à gauche pour barrer la route à la droite. Président, c'est un boulot comme un autre. Conséquence du chiraquisme. Chirac a beaucoup fait, c'est vrai, pour supprimer la politique, allant jusqu'à se faire élire avec quatre-vingt pourcent des voix.
Bref, un personnage dynamique, et, dans une élection dont on disait que c'était le grand retour du politique, une décision de DRH populaire.
Pendant le débat, j'avais envie de souffler à la candidate : "Il faut leur expliquer qu'élire un président, c'est choisir une direction, pas décider du chiffrage du budget. On s'est moqué des "Je veux" de Ségolène Royal. C'était pourtant une expression proprement politique, digne de la fonction présidentielle.
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