23 mai 2007

L'image du pouvoir, version 0.2

Le pouvoir sarkozien sera unifié. C'est-à-dire que les distinctions sur lesquelles sont fondées l'état de droit (mais pas l'Etat de Droite, apparamment) vont progressivement s'éffriter. Et c'est déjà parti : confusion entre le rôle du président et celui du premier ministre, entre les pouvoirs de l'Elysée et ceux du gouvernement et des ministères (Conseil National de Sécurité, centralisation de la police), confusion entre l'Etat et les grandes entreprises (le yacht de Bolloré, l'intervention d'Arnaud Lagardère au JDD), confusion entre l'Etat et l'UMP (lire le billet d'Olivier Bonnet), confusion entre le pouvoir et la presse (le JDD encore, mais surtout les récents passages de différentes personnes entre les deux camps), confusion des responsabilités des administrations avec un découpage ministériel inédit, et même confusion entre la droite et la gauche avec un gouvernement d'"ouverture" qui brouille les cartes (et la perception populaire de l'action gouvernmentale) encore plus.

Dans les premiers jours après l'élection, je voyais plutôt un univers complétement Sarkocentrique, où tout s'organisait autour d'un seul homme. Evidemment, il ne faut pas abandonner cette image. Aujourd'hui, les nouvelles nominations dans la Police confirment cette tendance. Mais à cette image-là, il faut ajouter celle d'un bloc de pouvoir qui s'étend à tous les aspects de la vie publique. Sarkozy sera dans tout, et tout se ramenera à Sarkozy.

La démocratie et l'état de droit se définissent par un ensemble de frontières, comme celles qui resteignent le pouvoir de l'exécutif, mais aussi toutes celles que j'ai nommées plus haut. Pour l'instant, je n'ai encore rien lu sur la politique judiciaire qui sera celle de la nouvelle Garde des Sceaux. Dans la campagne, c'était plutôt Ségolène Royal qui insistait sur l'Etat impartial. Plus encore, ces frontières, ces limites claires et nettes sont celles sur lesquelles on peut s'accrocher pour s'opposer. Dans le monde qui se prépare, j'ai l'impression qu'il n'y aura pas véritablement d'opposition. Les opposants seront marginalisés, comme ceux qui n'arrivent pas à passer le portier de la boîte de nuit, et le bon peuple n'aura pas à être importuné par eux.

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