30 juin 2007

De la délicate situation de nos ministres

Les tout premiers signes donnés par Nicolas S., encore fraîchement bronzé par le soleil malto-méditerranéen, indiquaient déjà que le vrai pouvoir allait être, définitivement, à l'Elysée.

Le désaveu de Valérieu Pécresse (merci à Juan pour le lien) ne fait que confirmer ce que pensaient les mauvaises langues du tout début du mandat : les ministres ne sont plus ou moins que des porte-parole.

L'épisode Borloo-TVA-sociale suit le même schéma, tout en étant moins schématique. Sous l'énorme pression du « Le Très Grand Homme (TGH) fait toujours ce qu'il dit, toujours, toujours, toujours », Borloo n'ose pas « mentir » (sur TF1, en plus) au sujet d'une hausse de la TVA, d'autant plus qu'il sait que le TGH songe déjà à cette hausse. La vraie confusion sur cette question ne vient pas de Borloo, ni même de Fillon, mais de Sarkozy lui-même. Et paf! Borloo se retrouve écologiste.

Il y a donc une faiblesse dans le système sarkozyen : l'existence même de ces ministres. La presse continue à leur poser des questions, malgré tout, et les ministres continuent à faire semblant d'être des ministres (ils sont quand même fiers), et d'y répondre, au risque d'être désavoués, ou remplacés, à leur tour. Pour finir, ce sera un problème pour Sarkozy lui-même, car à force d'affaiblir, désavouer ou même virer ses ministres, c'est son pouvoir à lui, le TGH, qui sera menacé. (Toutes proportions gardées, évidemment.) Pourquoi avez-vous nommé tant d'incompétents qui vous obligent à faire tout le travail? Bref, c'est un piège qui peut se refermer sur lui, s'il ne fait pas attention.

Sarkozy avait conseillé aux ministres débutants de ne pas faire d'entretien : « Un ministre n'a jamais perdu son job parce qu'il a refusé un interview. L'inverse... » Après Woerth, Borloo, Pécresse, Morin et les hésitations sur le deuxième porte-avions, tous les membres du gouvernement doivent trembler dès qu'ils devinent la présence d'un micro ou d'une caméra. A la place de Fillon, je me rendrais discret aussi. La question deviendra alors : Sarkozy peut-il survivre politiquement sans un gouvernement ? ou malgré la perception d'un gouvernement faible ?

Je me rassure (un peu) de voir, ou d'espérer, que l'exercice du pouvoir est plus complexe que ce qui peut être géré par les rapports de force qu'instaure le TGH. Son obsession de tout focaliser sur lui-même sera sûrement sa principale faiblesse au cours des années à venir.

Le vrai test viendra quand il faudra que Sarkozy discipline l'un ou l'autre des ministres de « l'ouverture ». Heureusement qu'il ne leur a rien confié de très important.

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