Faut-il que le PS ait un vrai chef, ou simplement un "chef d'orchestre" qui dirigera les travaux de réflexion et de réfondation ?
Dans un monde parfait, avec un PS parfait, il serait intéressant de procéder ainsi : laisser libre cours à la vie des idées, aux débats ; oublier un peu les rivalités pour se concentrer sur la matière politique elle-même. La difficulté, c'est que, visiblement, la culture actuelle veut que la lutte des idées serve à faire avancer discrètement (quoique...) une carrière politique. Le "débat" devient un système pour masquer les jeux des personnes. Du coup, le débat est faussé, la concurrence n'est pas franche, et les idées même pas bonnes. La tribune de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, publié la semaine dernière (et que j'ai discutée ici), et un très bon exemple de cet exercice qui nous est désormais familier : discuter des idées et de l'actualité dans le seul but de se positionner face aux camarades rivaux.
Quelles que soient les raisons de cet état regrettable de la culture politique du niveau national du PS, il faut reconnaître que c'est ainsi. Les dents longues des uns et des autres ne vont pas se rétracter subitement pour laisser place à des débats désintéressés.
Dans un bon billet de réflexion publié sur le Blog du Congrès Socialiste par les militant(e)s (ce nouveau blog qui promet beaucoup et auquel Marc Vasseur m'a même laissé participer en tant que sympathisant), Colin, qui propose plusieurs bonnes idées, appelle à une réflexion détachée des ambitions personnelles :
savoir qui sera le meilleur candidat pour 2012 n'est pas d'une grande utilité dans une optique de long terme. En se focalisant sur les questions de personnes, on risque de ne penser qu'en termes d' image et non de fond. C'est une vision néfaste de la politique et de la démocratie. C'est croire que l'électeur est abruti et ne choisit que sur des questions superficielles, ce qui n'est pas complètement faux, mais c'est surtout croire qu'il ne peut en être autrement.[...] Etre réellement socialiste ne saurait être compatible avec une telle conception de la politique.
[...]
La réflexion idéologique d'abord. Il faut commencer par se retrouver autour des valeurs qui seront le fondement d'une doctrine socialiste. Pour moi, ces valeurs s'articulent autour d' une recherche de l'émancipation et la libération de la personne humaine.
Voilà : ce serait bien si c'était possible. A la limite, les choes devraient pouvoir se passer ainsi. Malheureusement, le constat assez pessimiste de l'impossibilité pour le PS d'abandonner ses querelles s'impose. C'est comme dans une famille qui a des problèmes de comportement. Tous les membres de la famille imaginent comment la vie pourrait être belle si la mère pouvait arrêter de picoler ou si le père ne tapait plus les gosses. Généralement dans ces cas, les regrets sont inutiles ; la solution ne peut venir qu'en reconnaissant la réalité des problèmes. La seule volonté de changement ne suffira pas.
La question pour le PS est donc celle-ci : comment passer de cette culture de la rivalité à un autre état, plus positif, plus constructif? Je vois deux solutions, mais il y en a peut-être d'autres de neutraliser les éléphants.
- Mettre fin aux rivalités en choisissant très vite un vrai chef. Ou plutôt une chef (à mon avis à moi). Trancher la question du leadership le plus tôt possible pour que la question ne se pose plus et qu'il reste du temps au Parti de penser à autre chose.
- Décentraliser la réflexion en faisant appel, sérieusement pour une fois, aux capacités des militants. Mettre le système des éléphants hors circuit en se tournant vers le domaine local, ex-centré qui est, comme le témoignent les dernières éléctions, la véritable force du PS. L'appel lancé par Dagrouik d'Intox2007 va dans ce sens.