13 juillet 2007

La droite contre la droite (encore)

Quand je parlais de la paranoïa sarkozÿenne l'autre jour, je me demandais si le Président de la R. avait plus peur de la droite, de sa droite, que de la gauche. C'est l'un des mystères des temps modernes : comment la droite peut-elle contenir autant de rivalités, de mesquineries, de sales coups ? La gauche fait ce qu'elle peut pour rivaliser, mais comment rivaliser avec des gens capables de monter l'affaire Clearstream. Ça demandais de l'imagination, du dévouement...

Bref.

Tout le monde parle de l'hyperprésidentialisme, de la disparition de Fillon. En même temps, tout le monde parle de la politique d'"ouverture", la chasse au têtes de gauche. On parle même des déçus à droite, comme le pauvre Pierre Lelouche, qui auraient tant aimé faire partie de ce majestueux gouvernement qui va tout réformer.

Sauf que, ce gouvernement, Sarkozy n'en a, visiblement, rien à foutre. Le vrai gouvernement est à l'Elysée. Chaque ministre a son double à l'Elysée, qui lui dicte sa vraie marge de manoeuvre. Au tout début du mandant du TGH, on avait noté les manoeuvres pour centraliser certains pouvoirs à l'Elysée, la police et la diplomatie notamment (j'en ai parlé ici par exemple). Cette tendance se confirme : il y a, à l'Elysée... j'allais dire un "shadow gouvernement". Mais en réalité, le "shadow gouvernement" c'est Matignon et les ministres. L'authentique est à l'Elysée.

En écumant le Canard de cette semaine, on trouve deux morceaux assez révélateurs:

  1. La Mare aux Canards : "Darcos reçoit une leçon". Où l'on apprend que la suppression de 10,000 postes était l'idée de Darcos, tandis que l'Elysée en voulait 17,000. Colère de Fillon : "Darcos a fait exprès de parler de la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires [...]. Il tente d'éviter qu'on ne lui en impose 17 000 comme le veut la règle du un sur deux. [...] C'ets honteux de pratiquer comme cela, cette manière de faire pression pour gagner ses arbitrages." Il a raison, c'est honteux ! Colère aussi de Sarkozy, qui est toujours aussi délicat : "Certains membres du gouvernement ont l'air de se foutre de la gueule du monde [...] ils veulent oulbier la règle du un sur deux parce qu'ils ont peur de se mettre les syndicats à dos." La colère syndicale est bonne pour les ministres, moins bonne pour un Président. 10 000 postes, c'était un cadeau.
  2. Page quatre : "Benamou pousse la note à Aix" Une histoire assez drôle, assez cocasse. La ministre de la Culture est invitée, avec toutes les formes, par la mairie d'Aix pour assister à l'inauguration du Grand Théâtre de Provence. Georges-Marc Benamou, conseilller pour la Culture et l'Audiovisuel à l'Elysée, envoie une lettre à la mairie pour les prévenir qu'il comptait venir aussi, pour qu'on lui réserve voiture, hôtel (de charme) et tout le tralala. Recevant déjà la Ministre de la Culture, la mairie refuse. Benamou revient à la charge, avec une lettre signée par Sarkozy lui-même. La mairie accepte. Et pour finir, ni la municipalité, ni Benamou, ni l'Elysée ne règlent la note à la Villa Gallici où Benamou a séjourné.

Ce dernier exemple est assez étrange, car il montre que ces conseillers de l'Elysée ne veulent pas rester dans l'ombre, se contentant de tirer les ficelles du pouvoir réel, mais cherchent aussi à rivaliser publiquement avec le gouvernement. Il ne suffit pas d'avoir le pouvoir, il faut aussi que tout le monde le sache. Il faut que ce pouvoir soit symbolisé.

Quand on parle d'"ouverture", il devient clair qu'il ne signifie pas grand'chose d'être ministre sous Sarkozy. Les places sont pas si chères, finalement.

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