Bref retour sur le cas Fillon, tandis que Le Monde publie quelques extraits du chat du Premier Ministre.
Il y a l'ironie évidente d'un Premier Ministre qui cherche à s'affirmer et de s'affranchir de son Très Grand Patron (TGP) en proposant la suppression de son propre poste. Mais on peut s'interroger sur les motivations immédiates de cette position.
Il a souvent été reproché à la Constitution de la Ve République d'avoir été écrite sur mesure pour de Gaulle. Et maintenant, Fillon voudrait la retailler pour la personnalité hyperactive de Sarkozy. Est-ce une raison suffisante pour enclencher des réformes de cette envergure ?
A court terme, le fait d'évoquer une telle réforme présente l'avantage de justifier par anticipation les abus constitutionnels que la bande à Sarko sont déjà en train de commettre. Si on n'est pas d'accord avec le déséquilibre des institutions actuels, c'est que nous sommes opposés à la marche de l'Histoire.
A court terme, cela permet de répondre à tous les reproches. Le Parlément ne sert plus à rien ? Nous devons renforcer ses pouvoirs (que nous sommes en train de saborder en quittant le régime parlementaire). Le président remplace à lui seul le premier ministre et tous les ministres, même quand c'est lui qui a composé tout seul son gouvernement ? C'est la modernité, c'est l'efficacité.
Est-ce imaginable, aujourd'hui, que l'Assemblée vote la non-confiance au gouvernement ? Et même si elle le faisait, (et c'est peut-être là le plus grave), imagine-t-on que cela aurait un impact quelconque sur la politique gouvernementale, puisque celle-ci est décidée par l'Elysée ? Avec l'effacement du gouvernement, un autre contre-pouvoir parlementaire disparaît.
Et la réponse sera toujours : oui, c'est terrible, voilà pourquoi il faut réformer nos institutions, les présidentialiser. Mais pour quoi faire ? Fillon croit-il qu'il faille limiter les pouvoirs du président? Non, visiblement. Alors, sa VIe république, sa vraie VIe république, c'est maintenant. Le projet d'une réforme n'est qu'un bouclier politique pour renvoyer toute critique dans les brouillards d'une politique-fiction dont l'unique raison d'être est de défendre et légitimer et rendre permanent le rapport de forces en place en ce moment.
La VIe République : c'est l'intention qui compte...
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