6 mai 2007
La triche (et quoi faire)
En poursuivant ma pensée de tout à l'heure, et en (m')analysant un peu plus loin, j'en arrive à l'impression que quelqu'un a triché.
Où et comment? Rien de précis: les dérobades déguisées en arguments pétris de bon sens, l'écran impénétrable de la compétence budgétaire. Les médias obéissants. Les médias qui dévancent les exigeances. Qui anticipent où sera le vrai pouvoir.
Je ne dois pas oublié les petits indices de servilité dans Le Monde auquel je faisais jusqu'alors confiance. Alors que juste hier ou avant-hier, l'Edito de Colombani appelait, sans enthousiasme, et seulement pour les lecteurs qui lisent jusqu'à la dernière phrase, à voter pour Ségolène Royal, je vois ce matin à côté de la Une prédisant la défaite de la candidate, un petit article, bien visible, expliquant, innocément, que l'EPR représente l'avenir du nucléaire. (L'article n'apparaît pas sur le site.) Je n'achète pas le journal, c'est le numéro du week-end en plus, avec l'horrible Monde 2, je passe mon chemin. L'EPR, le futur du nucléaire, sera, pour le non-lecteur du monde qui comme moi passe sans acheter, sans lire, la confirmation que Nicolas Sarkozy savait bien de quoi il parlait lors du débat. Peu importe qu'il s'agisse en effet d'un prototype qui ne serait pas nécessaire pour simplement maintenir les niveaux actuels de production d'énergie. Subtilement, Le Monde semble déjà rouler pour Sarko. Ils n'ont plus que les mouches de Plantu pour les sauver.
Et ce n'est là, bien sûr, qu'un exemple minuscule. Une mouche parmi des milliers. C'est sans mentionner le comportement de PPDA lors du débat, Paris Match, et toutes les autres connivences dont le brave candidat UMP a bénéficié.
Le problème de la communication politique moderne n'est pas l'image en tant que telle, l'image visuelle ou télévisuelle, mais l'obéissance servile à des idées reçues qui se collent avec une incroyable légèreté à l'interprétation des événements. Les "memes" comme on dit. Les "memes" de "Ségolène gaffeuse", "Ségolène niaise", "Ségolène qui ne pourrait pas représenter la France à l'étranger" ont eu la vie dure ces derniers mois. C'est, je crois, sur ce plan là qu'il faut être vigilant, encore plus vigilant désormais. Les médias modernes, par les simplifications qu'ils imposent, se rendent coupables d'un suivisme où la pensée critique n'a plus aucune place. Il vaut mieux être dans le flux de ce qui se dit plutôt que d'y résister. Ou même quand on semble résister (Colombani), c'est finalement pour aller dans le sens du flux quand même.
Donc la triche est partout et nulle part. Elle contribue à ce sentiment, cette amertume qui ne va pas partir de sitôt.
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