Nicolas Sarkozy devant l'UMP, en train de démissionner en tant que président du Parti (cité dans Le Monde) :
"La haute idée que je me fais de la fonction présidentielle (...), la nécessité pour le président de la République d'incarner l'autorité de l'Etat, de parler pour tous les Français, de faire en sorte que chaque Français puisse se reconnaître dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait, la nécessité qu'aucun d'entre eux ne puisse douter de son impartialité, me font l'obligation morale de cesser d'exercer les fonctions de président de l'UMP", a-t-il ajouté.
Je voudrais juste remarquer que l'on retrouve encore les mêmes thèmes que précédemment, mais qui méritent d'être détaillés à nouveau. A première vue, on a l'impression que c'est simplement un discours pompeux habituel. Je pense néanmoins que ce n'est pas seulement cela.
- La haute idée que je me fais de la fonction présidentielle...
- C'était cette même « haute idée » qui avait motivé le plan A (avorté par yacht interposé), de l'après élection, la retraite monacale pour « habiter la fonction ». Préférant se montrer en chevalier de Malte, Sarkozy n'a pourtant pas oublié cet axe de sa communication. La « hauteur » de la fonction : Sarkozy devient enfin « grand ». Faire honneur à la fonction, c'est évidemment faire honneur à la personne qu'il sera, lui, Nicolas, pendant les cinq, dix, quinze ans à venir. Je n'ai pas encore la preuve définitive (même si le monastère imaginaire fait pencher largement dans ce sens), la « hauteur » dont il s'agit est, je crois, celle d'une sorte de religion de l'état.
- la nécessité pour le président de la République d'incarner l'autorité de l'Etat
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« Habiter la fonction », c'est à apprendre à devenir l'incarnation de l'Etat. « L'état, c'est moi », je crois l'avoir déjà entendue, celle-là. Mais peut-être devrions-nous apprendre à remercier l'Etat de nous avoir donner l'un de ses fils pour l'incarner. (L'autre fils est au MEDEF, bien sûr.)
Et bien sûr, c'est surtout incarner l'autorité, valeur suprême du secte. Autrement dit, « l'autorité » comme valeur prônée par Sarkozy tout au long de la campagne, le contraire des barbarismes de mai 68, c'est finalement l'autorité personnelle de Sarkozy, incarnation de l'Etat.
- de parler pour tous les Français, de faire en sorte que chaque Français puisse se reconnaître dans ce qu'il dit et dans ce qu'il fait
- J'ai déjà parlé de Sarkozy en intercesseur. Il parle pour, à notre place, et nous nous reconnaissons dans ce qu'il dit.
- la nécessité qu'aucun d'entre eux ne puisse douter de son impartialité, me font l'obligation morale de cesser d'exercer les fonctions de président de l'UMP
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Pas un seul français ne pourra plus douter de l'impartialité de l'Incarnation de l'Autorité, tellement il est haut et capable de parler à notre place. Evidemment, il ne pouvait pas continuer à garder les manettes du Parti, même de l'UMP.
Lorsque Sarkozy cherche à nous donner l'impression qu'il sort du politique, méfiance!
L'obligation est carrément morale. On sait que Sarkozy est ravi d'avoir remis ce mot au goût du jour, et du coup de nous avoir sortis enfin des affres de mai 68 (quarante ans, ça commençait à faire un peu long, d'ailleurs). Ce qui est moral ici, c'est son devoir envers sa très haute fonction. Il serait immoral de ne pas être à la hauteur (de laisser entrer des mésquines considérations politiques). Préparons-nous à ce type de pirouette : « vous les socialistes, gauchistes, etc., vous dites cela par calcul politicien, tandis que Moi, l'Incarnation de l'Autorité de l'Etat, je m'oppose à vous par un devoir Moral. Voyez, je ne puis faire autrement. »
L'ouverture à gauche du président élu, dont on parle beaucoup en ce moment, est à comprendre aussi dans cette même logique. Il faudra attendre pour voir comment Sarkozy va l'organiser cette Union au-delà de l'Union de la Majorité Présidentielle.
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